Le nord du Mali qui représente les 2/3 du territoire national est aux mains de forces rétrogrades qui tuent et pillent des musulmans au nom d’un islam étranger à notre pays, pourtant déjà suffisamment musulman. Qui l’aurait cru ? Choqués comme tous les autres citoyens, les artistes ont décidé de s’exprimer. Et, cela donne l’ « Appel artistique pour la paix et l’unité nationale du Mali ».
Le monument obélisque, plus connu sous le nom monument bougie, le 1er septembre 2012, avait l’allure d’une galerie à ciel ouvert. Souvent accrochés sur les pans du monument ou souvent posés à même le sol, une cinquantaine de tableaux d’artistes plasticiens maliens nous renvoient l’image qu’ils ont aujourd’hui du Mali. Il n’y a aucun doute, le navire Mali tangue. Avec l’occupation des régions nord par des forces rétrogrades et tout ce qui se passe au sud, notamment à Bamako, depuis le coup d’Etat du 22 mars 2012, le Mali ne s’est jamais aussi mal senti et les Maliens avec. Face à cette situation, à l’instar d’autres composantes de la nation malienne, les artistes et opérateurs culturels ont décidé d’apporter leur pierre à l’édification de la paix et de l’unité nationale. Sous la bannière d’un « appel artistique pour la paix et l’unité nationale du Mali », le Centre soleil d’Afrique a initié une journée dédiée essentiellement aux artistes plasticiens.
De la cinquantaine de tableaux exposés, un a exceptionnellement retenu notre attention. Il est le condensé de tous les autres et traduit avec beaucoup de tristesse ce qui se passe aujourd’hui au Mali. L’artiste Modibo Keita, dans une œuvre très expressive, traduit la réalité crue comme s’il s’était servi d’un appareil photo pour traduire la réalité d’une scène qui se passe quelque part dans le désert malien. Une mère choquée, debout et serrant son fils entre ses bras, avec des larmes aux yeux, assiste impuissante à la fuite d’une partie des habitants de son campement. L’enfant incrédule, inhabituel à une telle scène, demande à sa mère : « C’est quoi ça, Maman ? ».
Dans une douleur qui l’étreint, elle n’a pu que répondre : « la cause de mes larmes…Les malheurs des armes. Les armes n’ont pas pitié ». Ce tableau à lui seul est un « Appel artistique pour la paix et l’unité nationale du Mali ». A côté de cette œuvre, d’autres œuvres qui avaient déjà émerveillé le petit monde des arts plastiques à Ségou, étaient aussi exposées. En effet le 2 juin 2012, à la Fondation du Festival sur le Niger a Ségou, Al Hady Koita, secrétaire général du ministère de l’artisanat, de la culture et du tourisme, avait déclaré : « Ce que vous venez de faire à Ségou est une contribution de qualité pour la sortie de crise. Les messages sont très forts. A travers vous, les hommes de la culture du Mali ont contribué à la sortie de crise ». Et l’on pouvait en dire autant de l’exposition du 1er septembre 2012. Avant le vernissage de l’exposition, le « Groupe Africa Réveil », parti du Monument Cabral avec ses danseurs et marionnettes, a rejoint à la place de l’Obélisque ceux du Groupe Welekan partis du Monument Nkwame Nkrumah. Chab Touré et Oumar Kamaraka ont animé une conférence de débat sur le thème : « Le propos artistiques dans la solution de la crise malienne ». Apres le vernissage, une animation musicale a tenu en haleine les spectateurs avant la projection des vidéos d’arts sur la Paix.
Assane Koné
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