Pour la célébration de la semaine nationale de mobilisation contre la piraterie du 15 au 17 avril 2013, les membres du Bureau Malien du Droit d’Auteur ont animé une conférence de presse, mardi 16 avril 2013, sur le thème « La piraterie des œuvres littéraires et artistiques au Mali ». La conférence a enregistré la présence de Andogoly Guindo Directeur General du Bureau, Salif Keita, auteur compositeur, M’Baye Boubacar Diarra, Editeur de musique, Producteur de phonogramme et Kardigué Laico Traoré, chorégraphe.
Dans le souci de trouver une solution durable au danger qui pèse sur l’œuvre et son créateur en particulier et la culture malienne en général, les hommes de culture ont brossé lors de cette conférence, un tableau sombre sur l’état de la propriété littéraire et artistique et de la gestion collective du droit d’auteur au Mali. Deux décennies de combat d’une longue haleine contre un fléau qui fait ravage dans l’industrie culturelle. Avec l’arrivée de la nouvelle technologie, la piraterie au Mali a pris une dimension considérable. Elle continue de détruire à petit feu le monde de la production artistique. Les conditions sont de plus en plus difficiles et le génie créateur n’arrive plus à vivre de sa création à cause de la piraterie qui a renforcé sa capacité grâce à la nouvelle technologie. Le secteur des arts et de la culture occupe plus du tiers de la population active malienne et contribue au PIB dans une proportion substantielle. Mais, l’industrie créative au Mali, en particulier la production littéraire et artistique, est malade. Elle paye non seulement le lourd tribut de la conjoncture économique et financière difficile, mais elle est aussi malade des lourdes conséquences que le piratage des œuvres fait peser sur elle. «Au Mali, nous assistons à une banalisation du phénomène de la piraterie par les populations », a déclaré Andogoly Guindo, avant de poursuivre plus loin que «la culture se nourrit de la créativité, sans elle, elle se meurt. Or la piraterie tue la créativité. Notre culture est en danger. Il nous faut la protéger». Lors de son intervention M’Baye Boubacar Diarra a fait un bilan succincte de la création artistique de l’indépendance à nos jours. Il dira qu’il y a eu beaucoup d’évolution dans la musique malienne, tout en soulignant qu’elle se portait très bien jusqu’à l’arrivée de la piraterie. «Nous sommes victimes d’injustice et de malhonnêteté et victime d’une situation qu’on n’a pas pu métriser. L’âme de la musique malienne disparait par ce que les artistes n’ont plus de moyens. A cause de la piraterie, elle perd son âme», s’est-il indigné. L’impact de la piraterie sur le budget de l’état est de 500 milliard de Francs CFA mais pour les créateurs c’est dans la vie de tous les jours. L’auteur compositeur, Salif Keita a souligné que cela fait 20 ans maintenant qu’ils mènent la lutte contre la piraterie et que jusque là rien n’a changé et c’est les artistes qui continuent de payer les frais, a-t-il déploré, avant de lancer un appel à tous les hommes de culture de s’unir pour faire face à cette situation. Quand à Kardjigué Laico Traoré, il fera savoir, dans le domaine de la piraterie, que l’Etat ne prend pas sa responsabilité ainsi que les artistes aussi qui se font produire dans des conditions peu normales et les radios privées qui émettent n’importe quelle chanson, contribuent eux tous à encourager la piraterie. A-t-il conclut.
Ousmane Baba Dramé
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