Nouhoun Keita est journaliste et a travaillé pour la promotion de l’industrie culturelle. Dans cet entretien, il donne son point de vue, sur l’organisation du marché de la musique, les difficultés que rencontrent les artistes, et donne quelques solutions pour la bonne organisation du marché.
Pour Nouhoun Keita, le marché de la musique est un marché qui est complètement déstructuré. “Les différents métiers de la musique ne sont pas connus, valorisés et organisés dans notre pays, parce que la piraterie joue un rôle essentiel dans l’abréviation de cette situation”, a souligné M. Keita. A ses dires, depuis plusieurs années, la piraterie est un phénomène à laquelle on n’a encore pas trouvé de solution. L’Etat n’arrive aussi pas à poser une véritable politique ce qui fait que le secteur n’est pas très bien organisé.
A l’indépendance du Mali, il y’avait sur le plan national de véritables politiques qui assuraient la promotion de la culture, précisément de la musique. L’Etat travaillait à créer de l’épanouissement des artistes musiciens, mais malheureusement, il y a maintenant un certain nombre d’années avec les politiques d’ajustement structurelles qui sont arrivées, il y a eu des bouleversements. Le marché n’est pas organisé parce que ceux qui assurent la promotion de la musique ne sont pas encadrés, ils ne disposent pas de l’expertise pour pouvoir appuyer cette création, d’organiser et créer de véritables industries. Derrières les artistes, on voit des managers, de rares producteurs et maintenant les artistes accusent les producteurs de piraterie. Les artistes n’ont pas étudié le management de la culture, pas de vision nécessaire pour pouvoir évoluer sur la barre d’un plan de carrière bien déterminé, disposés de ressources, essayer de s’ouvrir à d’autres marchés sur le plan Africain et mondial. Il y a une désorganisation structurelle systématique, qui malheureusement fait que le marché est mal organisé, il n’est pas structuré et la piraterie a tué la création également. Et le résultat est que les artistes ne peuvent même plus avoir de ressources pour vivre.
Sur le plan politique, il faut relever beaucoup de choses.
Il faudrait créer des centres de ressources documentaire, les droits des métiers de la musique, le management, la régie, le spectacle vivant, le marché de la musique qui permettront de mettre en place un véritable marché qui fait que les gens vont acheter les produits et les ressources qui sont régénérés permettent de rendre professionnelles les artistes professionnels et leur permettre de pouvoir vivre des ressources de leurs métiers.
Sur le plan institutionnel, il faudrait créer une structure qui s’occupe de l’institution qui nous permet d’avoir des données et des statistiques fiables sur le nombre de cassettes que nous produisons sur le plan national et évaluer l’impact de la piraterie en terme réelle en chiffre. Savoir quelles sont les conséquences sur le financier, combien de perte chez l’artiste et aussi sur le plan fiscal ce que cela cause comme déficit pour le pays.
Il faudrait un réseau de producteurs et des autres professionnels qui peuvent accompagner les artistes musiciens. Le musicien traditionnel aussi est là, il n’y a aucun suivie de ces musicien traditionnels le mode de transmission de leur travail n’est pas assuré. Nous devons tous lutter ensemble contre la piraterie réorganiser le dispositif juridique, institutionnel, faire en sorte que l’Etat s’organise mieux. S’il y a l’engagement des artistes, nous pourront mettre fin à la piraterie, c’est un combat qui n’est du tout pas facile, mais il faut le commencer puisqu’aujourd’hui, la vie des artistes devient de plus en plus difficile non seulement ils créent leur œuvre, mais aussi ils sont obligés d’abandonner. Si tous ensembles, ils décident de se donner la main avec les organisations mises en place pour leur sécurité, on pourrait lutter contre la piraterie.
Grâce à la musique, le Mali s’est fait un nom sur le plan mondial par nos plus grands artistes. Nous pouvons dire que grâce à la musique, nous avons une véritable industrie dans notre pays. Maintenant, il s’agit de faire en sorte que la musique nourrisse les musiciens, que l’apport de la musique dans le développement économique du pays soit encore plus grand.