Notes de lecture : Le Sahel occidental en lui-même

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Sous le titre long et explicatif de : Histoire du Sahel occidental, 1850- 1960. Les trois briques de l’édifice, El Hadji Oumar, Ahmadou Lamdioulbé et les français, M. Abdoul Aziz Diallo, ancien directeur de la Bibliothèque nationale du Mali et chef de la Division du Patrimoine culturel (DPC), vient de publier chez la Sahélienne un ouvrage sur El Hadj Oumar Tall ou plutôt sur les aspects inconnus jusque-là de sa vie privée et publique.

L’auteur, qui se veut un peu pédagogue, commence par faire un long développement sur la géographie de la zone concernée, son peuplement avant de s’attaquer à la saga d’El Hadj Oumar dans la deuxième moitié du XIXè siècle. Il s’attarde longuement sur l’implantation du groupe peul dans le Sahel occidental, mais vu que ce peuple est aussi nombreux que celui des bambaras par exemple, évite de faire des débordements sur l’Afrique orientale et la zone du Lac Tchad où vivent aussi d’importants ilots peuls.

Le livre est écrit en partie sur les sources écrites et sur les sources orales récoltées par l’auteur en tant que chef de la DPC et chercheur à l’Institut des Sciences Humaines du Mali basé à Bamako. Mais débordant du cadre initial qui est la vie du conquérant toucouleur, le texte, par les besoins d’éclaircissement du contexte, prend progressivement la forme d’une véritable histoire du Sahel occidental dans la 2è moitié du XIXe siècle. En effet, le clan Tall étant originaire du Fouta Toro au Sénégal, l’auteur se vit obligé de faire un long détour dans cette région pour expliquer les motivations de son héros et les raisons de la migration des peuls de cette région dans la région du moyen-Niger.

L’auteur, pour expliquer certains contextes, eut recours aux contes et légendes sur le parcours des pasteurs peuls dans le Sahel occidental ainsi que des éléments de l’histoire moderne pour rendre intelligible leur implantation dans cette zone occupée de longue date par des formations politiques antérieures et dont les dernières furent les royaumes bambaras de Ségou et du Kaarta. La guerre sainte, au sens d’El Hadj Oumar n’avait aucun caractère criminel dans la mesure où c’était l’un des moyens les plus sûrs pour faire régner l’islam sur la terre dès lors considéré comme seule et unique religion valable. L’auteur, pensant sans doute comme les vainqueurs du jihad que la cause était juste, voit au chef toucouleur un véritable héros pour avoir soumis une bonne partie du Soudan occidental à la religion musulmane, via la voie tijane dont il était un adepte fervent. En admettant dans les entretiens privés qu’il écrit pour les talibés et non pour la communauté scientifique, il justifie de cette manière en catimini les partis pris partisans contenus dans le texte.

Facoh Donki Diarra

(écrivain, Konibabougou)

 

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