Le roman du Pr. Oumar Kanouté, Les Enfants de Nkrumah, témoigne des soubresauts de la vie politique d’un pays de l’Afrique au sud du Sahara : soubresauts du monde estudiantin hautement politisé et dont la nature de l’engagement donne à réfléchir, coups d’Etat à répétition (ou révolutions de palais) jalonnés de promesses réitérées et non tenues de bien-être pour le peuple, culte de la personnalité, alliances et trahisons, arrestations et emprisonnements arbitraires, tortures et assassinats politiques.
Dans le monde où nous transporte l’auteur, se rencontrent des personnages généreux, convaincus des idéaux pour lesquels ils se battent, à l’image de Osa, (abréviatif de Osagyefo Kwamé Nkrumah), le héros du roman, mort assassiné dans un camp au nord du pays ; Fatima, sa compagne et amie qui sombre dans la dépression suite à l’échec de la révolution menée par Kahalou, un de ses camarades de lutte, qui s’est engagé dans l’Armée pour se préparer à cette révolution. L’auteur y fait évoluer aussi des personnages qui ont tout perdu de l’homme, préoccupés qu’ils sont de préserver leur pouvoir et leurs intérêts sordides, et cela, même au prix d’abus, de mépris de la personne humaine, à l’image du Grand Guide, le chef de l’Etat et du Général Kafri Ba, Ministre de la Sécurité Intérieur. Le nom de ce Ministre en dit déjà long sur la nature de l’homme. L’issue malheureuse de la révolution de Kahalou et de ses anciens camarades, soutenus par les Associations corporatives exprimerait-elle l’impossibilité de l’union africaine telle que rêvée par Nkrumah et par ses «Enfants» ?
Dans Les Enfants de Nkrumah s’entremêlent politique et amour. L’engagement politique de Fatima, par exemple, s’explique autant par l’amour qu’elle nourrit pour Osa, son camarade d’université qui l’a fascinée autant que par l’idéal politique de construction de «la Maison Commune Afriki» qui l’obsède. Lire Les Enfants de Nkrumah, dont l’auteur manie avec dextérité l’art du suspens et use avec maîtrise des différentes facettes de la description, c’est s’offrir l’opportunité d’une réflexion sur quelques grands problèmes qui assaillent de nos jours notre société, qui la minent.
Sékou DIABIATE
Professeur à l’ENSup-DER : Lettres