Comme pour dire que le film a comblé les attentes, les cinéphiles ont fait des acclamations au terme de la projection qui a duré à peine 2 heures de temps. Une façon d’apprécier l’œuvre de la réalisatrice tout en l’invitant à persévérer. C’était en début de soirée du samedi 16 février 2013 dans une salle de l’hôtel de l’Amitié de Bamako qui a failli refuser du monde. Il s’agit bien sûr de « Ngunu Ngunu Kan », c’est-à-dire les rumeurs.
Souleymane Touré, alias Soul, âgé de 26 ans, est un animateur dans une station radio de Tombouctou. Il a été laissé pour mort par les terroristes occupants le nord du Mali pour avoir motivé les jeunes de la même localité à leur résister. Un voyageur en route pour Bamako lui porte secours en le conduisant à l’hôpital où il recevra des soins.
Son histoire fait le tour du Mali. Les médias internationaux se saisissent également du dossier. Pour sa part, Soul réalise qu’il peut se servir de cette mésaventure dans le sens de la sortie de crise et de la réconciliation. « Ngunu Ngunu Kan » n’a d’autre objectif que de faire en sorte que la vérité soit dite afin de permettre au Mali de ne plus jamais vivre une crise comme celle qu’il traverse actuellement, a laissé entendre sa réalisatrice.
Le film, selon Soussaba Cissé, a un message clair. Il invite la jeunesse à agir pour s’affirmer. Toute chose qui donnera très peu de place aux rumeurs, c’est-à-dire « Ngunu Ngunu Kan ». La réalisatrice dit dans son œuvre tout haut ce que les autres pensent tout bas. Du mode de recrutement dans les forces armées et de sécurité en passant par celui de la fonction publique, bref Soussaba se prononce sur le système de gouvernance du Mali qui a besoin d’être revu. « C’est normal d’en parler car le pays n’est jamais aussi tombé si bas », a-telle regretté. C’est pourquoi, il fallait oser en disant les choses telles qu’elles sont, afin de permettre au pays d’avancer, a-t-elle ajouté. Mieux, pourquoi pas « Ngunu Ngunu Kan II » qui sera entièrement tourné au nord du Mali ? Soussaba réfléchit déjà sur la faisabilité du projet.
Présent à la projection, le cinéaste Assane Kouyaté dit trouver du plaisir à savourer le film. Une œuvre qui selon lui renferme des propos justes. Il a également apprécié l’aspect juvénile des acteurs. Il dit aussi dans ses propos ne pas perdre sa soirée pour rien. M. Kouyaté ne doute point qu’avec Soussaba la relève sera assurée. A la question de savoir si ce n’était pas trop tôt de se pencher sur la crise du Mali pendant que la reconquête du pays n’est pas effective, Assane Kouyaté répond par la négative. Pour lui, le cinéaste loin d’être un militaire, essaye de montrer à travers l’image et le son ce qu’il ressent.
Siaka Z. Traoré
