Elle aime et continue d’aimer le Mali pour sa richesse culturelle et son peuple doté d’un sens élevé de l’hospitalité. En retour, le pays le lui a bien rendu l’adoptant spontanément. Dès lors, elle partage ses moments de joie et de peine. La promotrice de ‘PAT COIFFURE ‘incarne le modèle même d’une intégration réussie.
C’est le 25 mars 2000 qu’elle posa pour la première fois les pieds sur cette terre hospitalière du Mali. Sortie 7e d’un concours national de coiffure dénommé ‘Le Doigt Magique’ dans son pays, la Côte d’Ivoire, elle pouvait désormais, prendre son destin en main. Femme battante, ambitieuse et surtout intelligente, elle a su rapidement se saisir d’une opportunité qui s’offrait à elle.
Aussi, une fois à Bamako, elle comprit qu’il lui faillait s’armer de courage et encore de courage, de ne rien attendre de personne, de se battre pour sa réussite professionnelle, de croire en elle et surtout d’oser là où certaines auraient simplement tout laissé tomber. « Je suis venue pour la première fois à Bamako le 25 mars 2000 grâce à Madame Maïga Ina Bah, la promotrice de ‘Elégance Coiffure’. J’ai travaillé pendant 7 mois chez-elle avant que je ne la quitte du fait d’un malentendu. J’ai dû rompre le contrat et retourner en Côte d’Ivoire. Une fois sur place, j’ai été contactée cette fois-ci par Madame Diakité Belèle Diallo de ‘Classique Beauté’ où, j’ai travaillé pendant une année avant d’aller à ‘René coiffure’ et enfin à ‘Référence Coiffure’ pour un contrat de gérance libre. Puis un jour, me vint l’idée de voler de mes propres ailes. C’est ainsi qu’en 2004, j’ai créé mon propre salon du nom de ‘Pat Coiffure’ sis à Badalabougou ex-Jiguiseme. »
Senoufo du côté maternel et Gouro du côté de mon père, l’intégration de cette jeune dame célibataire et mère d’une fille a été plus qu’aisée. Elle ne s’est jamais sentie dépaysée à Bamako, d’ailleurs le Mali elle le portait en cœur. «Je suis bien intégrée au Mali parce que j’aimais le pays avant de savoir qu’un jour j’y serai. J’affectionne les beaux boubous et les jolies robes en bazin. De plus pour moi, toute terre est terre, si l’on ne choisit pas de se mettre à l’écart. Nous sommes tous pareils, ivoiriens, burkinabés, maliens, guinéens, ghanéens, et j’en passe, nous sommes tous pareils. »
Sa passion pour la coiffure date de son enfance alors qu’elle adorait se coiffer à la garçonne. Pour pouvoir donner son premier coup de peigne en tant que coiffeuse, elle s’est saignée. « J’ai commencé à apprendre à coiffer le 17 novembre 1997 à Abobo un quartier d’Abidjan chez une ivoiro-nigérienne. En Côte d’Ivoire, tout apprenant paye à la patronne une certaine somme par mois. Dans mon cas, je payais 17.000 FCFA. J’ai dû travailler dans un restaurant pour régler les premiers mois de ma scolarité. Comme ce fut pénible d’exercer les deux boulots, j’ai trouvé des arrangements avec la patronne. A cela, il faut ajouter que je parcourais de longues distances à pieds pour aller au salon chaque jour».
Patricia est une force tranquille chez qui cohabitent le calme et l’abnégation, deux de ses nombreuses qualités qui lui ont permis de créer ‘PAT COIFFURE’. « Pour créer mon salon, j’ai rencontré d’énormes difficultés parce que je n’avais ni argent ni matériels et dans le magasin, il n’y avait pas d’eau courante. Il me fallait transporter de l’eau sur la tête pour rincer les cheveux des clientes pour chaque tête à coiffer. Ce n’était pas du tout facile. C’est après cela que j’ai pu avoir le soutien des amis, notamment Cervais Kakou, Veronica Maylore, madame Camara. En tout cas, ils m’ont vraiment aidée ».
Dès lors, ‘Pat Coiffure’ fait son petit bonhomme de chemin, la clientèle se fidélise. A la question comment arrive-t-elle à tenir le coup, vu que nombreux salons ferment, elle répondra que « La qualité première d’un salon de coiffure c’est l’accueil, j’insiste là-dessus, il faut surtout être accueillant. Le talent des coiffeurs et le chic du salon ne viennent qu’après. A ‘Pat Coiffure’ nous sommes polyvalents… Il y a aussi les avantages d’être autonome en tant que femme ». C’est-à-dire ? « Si ça marche, on peut se prendre en charge et garder sa dignité de femmes. C’est très important ».
Patricia croit fortement à la solidarité. Elle rêve même de créer un centre d’insertion socio- professionnelle pour venir en aide aux enfants de la rue « Mon ambition est de pouvoir agrandir mon salon afin de créer un jour des centres multifonctionnels au bénéfice des enfants de la rue ». En attendant que son rêve ne devienne réalité, elle invite les jeunes filles à être maîtresses de leur destin et avenir. « Mon message aux filles, c’est de leur dire que la vie n’est pas facile. Mais qu’à cela ne tienne, qu’elles fassent face à tous problèmes d’où qu’ils viennent. Aujourd’hui plus qu’hier, il est important pour une femme de travailler ». Par rapport à la crise que traverse le Mali « Je prie Buddha pour que la paix et surtout la vraie paix vienne dans ce pays ».
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Ange De VILLIER