Du 21 au 27 janvier 2019, la Place du cinquantenaire de Bamako vibrera au rythme du pays dogon. Cela, à la faveur des activités du festival dogon Ogobagna. C’est la ministre de la culture N’Diaye Ramatoulaye Diallo qui a présidé la cérémonie d’ouverture. Elle, qui a été intronisée Yaïré, avait à ses côtés plusieurs personnalités, des hommes de culture du Mali et ceux venus de la sous-région.
C’est au son des instruments de musique dogon et d’autres ethnies que les organisateurs ont souhaité la chaleureuse bienvenue à toutes et à tous, «à cette grande fête de la culture malienne, condensé d’une civilisation millénaire dont chaque fréquentation est un enseignement, comme l’ont dit et écrit d’éminents spécialistes des sciences humaines d’ici et d’ailleurs», déclare N’Diaye Ramatoulaye Diallo.
Avant plusieurs représentants des différentes communautés du pays ont pris la parole afin de souhaiter la bienvenue mais aussi de souhaiter un bon déroulement du festival. Car cette fête se tient à un moment où notre nation connaît des épisodes funestes marqués par des atrocités dignes d’une autre époque, perpétrées sur nos populations ainsi que nos frères venus nous appuyer dans notre combat pour la patrie.
Le président de Ginna Dogon a fait observer une minute de silence à la mémoire de tous ceux qui sont morts, ces derniers moments, dans le pays dogon. Pour lui, il faut qu’on cherche à connaître les assaillants : «Les assaillants sont des terroristes, j’ai demandé aux populations de se donner la main pour combattre les terroristes. Mon message n’a pas été entendu. Depuis le 27 décembre 2018, la milice dogon Dana Anba Sassagou a déposé les armes. Mais depuis qu’ils ont déposé les armes les populations sont tuées à longueur de journées».
Le président de Ginna Dogon veut qu’il y ait un désarmement de tous les porteurs d’armes, mais qu’un délai soit donné avant cette opération. Il a salué le gouvernement pour ses nombreuses missions, il a aussi salué le président IBK pour son déplacement à Koulogon. Avant de le remercier pour ses soutiens pour la tenue des activités culturelles. «C’est dire que le grand frère des Dogon n’oublie pas le pays dogon», a-t-il déclaré. Avant de terminer, il a expliqué le thème de la rencontre : «la résistance de l’architecture dogon».
«J’ai une pensée pieuse pour toutes les personnes, victimes de ces actes d’ignominie et inhumains, nous ne les oublierons jamais. En leur mémoire, je voudrais humblement vous demander de consacrer dans la piété du silence une minute de méditation et de prières pour le repos de leur âme. Je vous remercie.» C’est par ces propos que la ministre de la culture a entamé son discours d’ouverture.
Pour elle, la 4è édition du festival culturel OGOBAGNA, qu’elle lance aujourd’hui, se présente à toute une nation dans ce qu’elle est réellement. «C’est-à-dire un ensemble de femmes et d’hommes qui recousent le tissu d’une cohésion sociale renaissant des cendres des vicissitudes de l’histoire», a-t-elle affirmé.
Pendant ce festival culturel des filles et des fils d’un même espace territorial diront qu’ils sont nourris du même héritage ancestral et qu’ils resteront soudés à jamais. «Leur viatique, me demanderez-vous, des valeurs communes qui transforment les spécificités en complémentarités donc en richesses. Et c’est le message de cette 4è édition orientée vers ce que l’homme a de meilleur, ce lait de la tendresse humaine qui abreuve ceux qui viennent du Sud Et du Nord, de l’Ouest et de l’Est. C’est cela le Mali qui transcende les régions, les religions, les extractions communautaires appelées ethnies», a-t-elle rappelé.
Pour N’Diaye Ramatoulaye Diallo, par sa pertinence, en parlant du thème du festival de cette année : «L’architecture du pays dogon : transmission du savoir et savoir-faire, éco construction et villes durables», il véhicule le message de ce que l’homme a comme abri, comme confort, comme intimité comme protection et aussi comme vision du monde que représente l’habitat, résumé des besoins immédiats et futurs.
Selon N’Diaye Ramatoulaye Diallo, cette projection de l’architecte reflète la culture au sens de manière d’être, de savoir, de savoir-être et de savoir- faire. Et de préciser : «Nous assistons à l’expression contemporaine de valeurs du pays dogon, de notre pays à nous tous, célébrées il y a plus d’un siècle par des anthropologues de renom qui ont fait mieux connaître au monde ce que nous étions».
Avant de terminer, elle fera savoir qu’avec les acquis des sessions précédentes, le Festival culturel « OGOBAGNAN» s’impose de plus en plus comme un moment culturel majeur de notre pays. «Plus qu’un divertissement, il demeure un lieu d’expression de nos valeurs artistiques et culturelles. Il demeure surtout un instrument de dépassement des conflits par le biais d’utilisation d’outils sociologiques qui permet de conserver notre barque commune intacte, c’est-à-dire de demeurer une vieille nation une et indivisible qui, jamais, ne sombrera. Le Festival culturel est l’autre nom du rejet de la division, des inutiles querelles intestines. Il est synonyme de l’ouverture à l’autre, du refus de la haine et de l’ostracisme», a-t-elle martelé.