Le Parlement des écrivaines francophones vient de voir le jour après trois jours de réunion les 26, 27 et 28 septembre à Orléans en France, avec la participation de 70 femmes venues des quatre coins du monde. La session d’ouverture était présidée par Olivier Carré, maire d’Orléans, président d’Orléans Métropole.
Le choix de la ville d’Orléans n’est pas fortuit. Pour qui connait son histoire, Orléans est l’ancienne capitale de la rhétorique, de l’enluminure et du droit romain, terre d’une figure féminine des plus célèbres, Jeanne d’Arc, et cité qui encouragea l’émergence du savoir à travers l’université.
Ce Parlement sera un espace d’échanges, de découvertes, de partage. Il mettra à l’honneur la littérature et la parole des femmes avec pour ambition de rendre plus audible la voix des femmes, la défense de la vie, la liberté, la dignité, l’abolition des frontières, la promotion de la diversité culturelle et linguistique.
Cette belle initiative est celle de la lauréate du Prix des cinq continents de la Francophonie en 2016, Fawzia Zouari, journaliste et écrivaine tunisienne.
L’initiative, soutenue par l’Organisation internationale de la Francophonie, est pilotée par Sedef Ecer, auteure dramatique, scénariste, metteure en scène turque, et Leila Slimani, écrivaine franco-marocaine, chargée de mission Francophonie auprès du président de la République française. Ce premier rendez-vous marque le début d’une longue et belle aventure qui ne fera que raffermir encore plus les liens entre les membres de cette coalition féminine bien soudée, prête à relever tous les défis pour un monde meilleur où règnent la paix, l’égalité entre l’homme et la femme.
De bonne guerre
L’éducation, l’environnement, la question migratoire, les guerres et le corps de la femme, étaient les cinq thèmes de cette première rencontre qui a donné naissance à un manifeste dans lequel les participantes ont exprimé une ferme volonté de parler d’une seule voix dans la même langue parce qu’elles refusent que d’autres parlent à leur place et n’ont plus envie de garder le silence. Leurs armes ne sont autres que leurs plumes.
Le combat est de bonne guerre. Parce que toutes ces femmes ont foi dans l’amour, le partage, la possibilité d’agir pour rendre le monde plus juste, plus tolérant et orienté vers la paix. Elles sont déterminées à lutter contre le terrorisme, les discours de haine, le patriarcat sous toutes ses formes, le viol, le harcèlement, les mutilations génitales, le mariage forcé, les violences conjugales.
Sont membres de ce Parlement, nos compatriotes Fatoumata Kéita Niaré et Safiatou Ba Dicko et le Parlement sera ouvert à d’autres femmes écrivaines.
Mesdames Niaré et Dicko nous confient que ces trois jours d’échange et de partage leur ont donné un grand espoir, confirmant du coup leur conviction que d’où qu’elles viennent, et quelles que soient leurs différences, elles restent des sœurs : “Nous avons raison de croire que notre combat est le même : défendre la vie, la dignité et abolir toutes les frontières érigées pour nous séparer”.
Déjà des échanges d’idées sont en cours pour des actions à mener dans les pays respectifs telles que par exemple parmi tant d’autres Girl Write Now (Les filles écrivent maintenant).
L’idée est d’encourager, sensibiliser et motiver les jeunes filles à écrire et aussi d’offrir à des lycéennes qui aimeraient écrire, un mentorat individuel offert par un écrivain avec des rencontres hebdomadaires qui leur permettent de développer leur talent et surtout leur confiance en elles. Pour ce faire, un partenariat avec les autorités scolaires s’avère nécessaire.
Mesdames Niaré et Dicko sont retournées enrichies, ressourcées et avec un sentiment de satisfaction, car convaincues davantage que l’espoir est permis. Le projet est noble et porté par la grande expérience des doyennes, ces femmes exceptionnelles qui n’ont jamais baissé les bras. L’intelligence de leur regard sur le monde, leur courage, la force de leur engagement pour des causes justes feront en sorte que nos actions futures trouveront le chemin de l’accomplissement.
Le Titre est de la rédaction
Le Monde du 28 Septembre 2018