Musée National du Mali : Une richesse culturelle méconnue des Maliens

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Une vue du musée national du Mali

Le Musée national du Mali est un musée archéologique et ethnologique situé au pied de la colline de Koulouba à Bamako, capitale du Mali. Il présente différentes expositions permanentes et temporaires sur la préhistoire au Mali, les costumes, les instruments de Musée National du Mali musique, les objets rituels des différentes ethnies vivant au Mali.

Créé par l’Ordonnance n° 01-029 P-RM du 03 août 2001 et placé sous la tutelle du ministre chargé de la Culture, il a pour mission la collecte, la conservation et la diffusion du patrimoine cultuel archéologique, historique, ethnographique et contemporain, sous forme de biens culturels et de documents audiovisuels.Il présente des expositions permanentes et temporaires d’archéologie et d’ethnographie, ainsi que d’art contemporain. Il présente aussi des pièces de la biennale africaine de la photographie de Bamako, ainsi que d’autres expositions temporaires d’art contemporain avec des artistes maliens.

 Historique du Musée

L’histoire du Musée National du Mali, comme celle de la plupart des musées nationaux d’aujourd’hui dans les pays anciennement colonisés par la France, remonte à l’époque coloniale. Elle est intimement liée à celle de l’Institut français d’Afrique Noire (IFAN). Créé en 1936 à Dakar, l’IFAN avait pour vocation le développement de la recherche dans les territoires colonisés. Le Musée national est héritier du Musée Soudanais de Bamako créé en 1953. L’artisan en est Szumowski, archéologue français d’origine polonaise qui était responsable du centre IFAN du Soudan. Les premières collections datent de cette époque.

Après l’indépendance, le Musée Soudanais devint Musée national du Mali. Jusqu’en 1982, le Musée connaitra une période difficile, liée en particulier à l’absence de ressources humaines et financières. Les déménagements successifs ont conduit à une dispersion de la documentation pire, à des disparitions d’objets. Les conditions de conservation laissant en outre à désirer.

En 1974, à l’occasion de sa visite au Mali, le président français Valery Giscard d’Estaing, à la demande des autorités maliennes accepta d’accorder un financement pour la construction d’un Musée national. Il fut construit en 1981 et l’exposition inaugurale a eu lieu en 1982

Les locaux construits en 1981 furent conçus comme la première étape d’un projet plus grand. L’accent a été mis sur l’amélioration des conditions de conservation et la recherche avec pour objectif principal l’accroissement des collections.

Au cours des quinze années qui ont suivi sa construction, les collections ont été considérablement enrichies. En outre son fonctionnement, avec l’organisation régulière d’expositions temporaires et la réputation qu’avait acquise l’institution malgré sa petite taille (400 m2 de surface d’exposition), avait fini par convaincre le gouvernement de la nécessité d’agrandir  le Musée afin qu’il réponde davantage à l’attente du public tant malien qu’étranger.

L’extension (2001-2003), financée par le gouvernement malien et l’Union européenne (UE), a abouti à multiplier les surfaces d’exposition par quatre (de 400 m2 à 1 700 m2), de mettre en place des services publics (accueil, boutique, cafétéria, restaurant) et d’améliorer la qualité de l’espace du Musée par l’aménagement d’un jardin de 2 000 m2.

Parallèlement, l’aménagement de grottes à proximité du Musée, sur financement du ministère des Affaires étrangères des Pays-Bas, a doté le Musée national d’espaces muséologiques de plein air particulièrement adaptés aux scolaires et à la promenade.

Un grand programme de réhabilitation est en cours sur financement du Budget Spécial d’Investissement (BSI) d’un montant de 800 millions F CFA sur trois ans.

Il s’agit  de construire une nouvelle salle de réserve, de renforcer le système de sécurité, de l’électricité et de climatisation, enfin d’aménager l’espace.

Quatre salles pour l’exposition des objets

Le Musée national du Mali comporte quatre salles. En premier lieu, la temporaire de 700 m2 qui change, fréquemment, d’exposition. Ce changement dépend d’une exposition à l’autre. La dernière exposition en date est celle de Tidiane Ndonko, montrée au public bamakois du 31 mai au 29 juin 2018.

Viennent ensuite trois salles d’expositions permanentes : la salle archéologique qui présente les découvertes archéologiques, la salle d’exposition des chefs-d’œuvre d’art rituel, présentant les statues, les masques et les marionnettes et, enfin, la salle des textiles qui relate l’histoire des vêtements et des tissus traditionnels maliens dont certains datent du 11ème.

Ici, les textiles présentent le bazin qui est de nos jours apparenté à une tenue traditionnelle. Puis, le coton qui suscite un problème de domestication. Car, il est très complexe vu l’existence d’une centaine de variétés dont quelques unes seulement sont indigènes. Aussi, on peut observer le bogolan qui est teint avec de l’argile. S’y ajoute le costume du chasseur qui est un vêtement personnel. Et même très personnel. En effet, celui-ci est décoré de brins d’amulette, de dents d’animaux, de coquillages et bien d’autres choses.

Bien plus, il y a l’Indigo extrait d’une plante, qui donne une forte concentration de bleu.

Egalement, les catégories de pagne se succèdent. Entre autres, on peut citer le pagne Soli, le pagne Asukoyje, le pagne de la mariée et la laine.

A l’entrée de la salle archéologique, on a peut remarquer l’imposante reproduction en miniature de la Mosquée de Djenné. L’une des plus imposantes du monde. Bâtie entre 1906 et 1907, elle est le symbole de l’Islam.

Quant aux masques, il y a ceux du Ntomo (Ntomokun) et du Komo (Komokun). La statuette du couple primordial Dogon n’est pas en marge. Elle explique très bien la société, des chefs-d’œuvre d’art rituel. Bref, les richesses du Musée national du Mali se comptent en centaines voire milliers d’articles.

 

«Environ 7 300 objets  inventoriés»

Le Musée national du Mali est sans doute l’un des plus fascinants d’Afrique noire. Des pièces de toute beauté, de la culture dogon à la culture bambara, sont offertes au regard d’un public très fourni. La scénographie est très réussie. Elle est d’autant plus imposante que le musée est très vaste, d’une architecture sobre et élégante. Ce lieu permet de mettre en valeur les plus belles pièces. Des centaines de masques et de sculptures. Les ethnies les plus représentées sont les Bamanans, les Dogons, les Sénoufos alors que les objets les plus nombreux sont les masques et les statues. On y retrouve également les textiles maliens tels que le Tellem qui compte parmi les plus anciens du Mali et d’Afrique, le Bogolan et le coton…

Aux dires de son Directeur général adjoint, Dr Salia Malé « environ 7 300 objets ont été inventoriés. D’autres objets notamment archéologiques sont en cours de l’être».

L’ex-conservateur du musée de Bamako, Samuel Sidibé, est l’un des seuls sur le continent à avoir su limiter les pillages. Il est même parvenu à récupérer bien des œuvres qui avaient quitté illégalement le Mali. Ainsi, le célèbre «bélier de Chirac», une œuvre qui lui avait été offerte par des collaborateurs élyséens, a retrouvé le chemin du Mali. Cette œuvre faisait partie de la liste de l’ICOM (International Council of muséum), celle du patrimoine pillé. Des dizaines de très belles œuvres saisies ces dernières années ont rejoint le musée. Le Mali est d’autant plus sensible aux questions de protection du patrimoine qu’il en est richement doté, notamment le long de la vallée du Niger.

Une richesse méconnue par le grand public

 Le Musée national n’est pas un simple lieu de rassemblement d’objets à l’histoire oubliée, il tient tout à la fois du centre culturel et de la “cathédrale” africaine. Un lieu où les objets sont toujours chargés de leur valeur spirituelle et magique. Malheureusement, le Musée est très peu fréquenté par les Maliens.

Selon le Directeur général, Salia Malé, le manque de connaissance du Musée peut s’expliquer par une insuffisance de communication. Il a également révélé  que la crise sécuritaire qui a éclaté en 2012 a aussi eu impact négatif sur le nombre de visiteurs étrangers ont considérablement chuté à cause de l’absence des touristes au Mali.

En 2011, Musée comptait 66 810 visiteurs contre 15 470 en 2017. Ces 15 470 visiteurs se repartissent comme suit: 3 702 touristes locaux, 2 029 touristes étrangers hors UEMOA,  258 touristes étrangers UEMOA et 9 481 étudiants ou élèves.

Pour pallier à ce déficit de communication, dira Salia Malé, l’accent a été sur un programme scolaire comprenant les différents ordres d’enseignement. Grâce à cette stratégie, le nombre de visiteurs a augmenté.  A cela s’ajoute les activités comme «Les jeudis musicaux», «Les contes du Mali» et les expositions permanentes «Le Mali Millénaire qui présente les archéologiques» et «Les chef d’œuvre d’arts rituels qui présentent les statues, masques, marionnettes et textiles du Mali».

Des activités de recherches sur les traditions maliennes  ont été également initiées. Elles concernent les études et collectes divinatoires et des méthodes et produits traditionnels de conservation d’hier à aujourd’hui.

Plusieurs objets maliens au Musée de quai Branly

 Emmanuel Macron avait créé la surprise lors de sa tournée en Afrique de l’Ouest en novembre en déclarant vouloir “un retour du patrimoine africain à l’Afrique”. “Le patrimoine africain doit être mis en valeur à Paris, mais aussi à Dakar, Lagos, Cotonou. Ce sera l’une de mes priorités. D’ici cinq ans, je veux que les conditions soient réunies pour un retour du patrimoine africain à l’Afrique”, avait-il dit dans un discours à l’université de Ouagadougou.

Le Mali est également concerné par cette promesse d’Emmanuel Macron de « restituer le patrimoine africain ». Car, dira Salia Malé, un document de trois volumes composés d’environ 863 pages regroupe tous les objets d’origine Mali qui se trouvent au Musée du Quai Branly dans les collections publiques françaises soit plus de 1 000 pièces. «Des démarches sont en cours pour la restitution de certaines catégories d’objets issus des guerres, les objets acquis à la suite des missions scientifiques. Ce sont des objets ethnographiques et archéologiques»  a déclaré le Directeur général.

BD

 

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