«Mali, la nation trahie», c’est le nom de l’essai de Moussa Balla Coulibaly. Dans lequel, l’ancien président du Conseil économique, social et culturel, du patronat malien et du parti UDD, met son expérience au service de la jeunesse. De fait, l’essai est un témoignage. Au-delà, c’est un cri de cœur de son auteur, qui ne s’en est pas caché lors de la cérémonie de présentation de l’ouvrage, à la Maison de la presse. Nous nous sommes entretenus avec lui.
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Moussa Balla Coulibaly[/caption]
Pourquoi ce livre Mali ?
Ce livre est un témoignage. Quand Dieu vous donne la chance de vivre une longue vie et que vous assistez à beaucoup de choses, la moindre des choses à faire c’est de rendre compte, d’apporter son appréciation sur ce qu’on a pu voir et ce qu’on a pu entendre. C’est un livre de témoignage et le témoignage est très important : nous avons été éduqués dans nos familles grâce aux témoignages de nos tantes, nos oncles, nos pères, qui nous ont appris ce qu’était le Mali ; d’où nous venons ; où est-ce que nous devons aller.
Ce n’est pas un cri de cœur quand même ?
Oui, le cœur joue un rôle essentiel chez l’homme. Tout ce qu’on ne porte pas dans le cœur n’existe pas. C’est vraiment un témoignage de cœur.
Est-ce que les événements de mars 2012 vous ont poussé à écrire ce livre ?
Ce livre a été fait bien avant les événements du 22 mars 2012. Ce qui s’est passé le 22 mars 2012, n’a pas déterminé ce cri de cœur, ce témoignage. Je vous dis que ce qui se passe au Mali n’a pas commencé aujourd’hui, et n’a pas commencé avec le dernier coup d’Etat là. Quand vous allez lire ce livre, vous verrez tout un cheminement, tout au long de cette nation Mali, qui a été trahie depuis longtemps. Nous sommes arrivés à un aboutissement très douloureux pour tous les Maliens. C’est le déroulement d’une histoire, une histoire faite de mauvaise option, de mauvaises décisions depuis notre indépendance, jusqu’à maintenant. Par exemple, j’ai dit qu’à Addis-Abeba, à la fondation de l’Union africaine, quand les chefs d’Etat ont décidé que les frontières léguées par la colonisation sont sacrées, ils ont coupé court à toutes sortes de velléités de construction étatique réelles. Donc ce n’est pas aujourd’hui que tout cela a commencé.
Après ces multiples trahisons comme vous le dites, est-ce que l’espoir est permis ?
On peut espérer. Ce n’est même pas on peut espérer : on doit espérer. Le Mali ne se renversera jamais. Nous traversons une période très dure, très difficile, mais nous allons en sortir.
C’est votre premier essai ?
C’est mon premier essai.
C’est différent de votre mémoire ?
C’est différent de mon mémoire. Les mémoires consistent à dire ce qu’on a fait, alors que cet essai est une réflexion sur des situations données. On expose son point de vue, qui n’est nécessairement pas la vérité. Je l’ai dit avec grand V. Mais c’est ce qu’on pense, c’est ce qu’on ressent, qu’on communique aux autres.
Quel message pour le peuple malien en cette phase critique de la vie de notre nation ?
Le message pour le peuple malien, c’est un message unique. Il faut qu’on revienne à nous-mêmes ; et quand on fait ça, on va se respecter les uns et les autres. Parce que le respect est une attitude absolument conforme à nos traditions. Dès que les uns et les autres vont cesser de se respecter, on va devant des situations incroyables. Alors que quand on se respecte, ensemble on arrive à agir et c’est ce qu’il faut pour ce pays-là.
Nana HOUMAMA