Boubacar Hamadoun Kébé et les militants des différents syndicats relevant de son département sont unanimes sur un point : la nécessité de renforcer le dialogue social afin de relever les défis et impulser une dynamique l’essor culturel dans notre pays. Les deux parties ont donc décidé d’inscrire leurs actions dans cette dynamique au moment où la culture, sérieusement affectée au cours de la crise que traverse notre pays, en a le plus besoin.
Vendredi 5 octobre 2012 dans la salle de conférence du ministère de la culture. Dans une atmosphère très décomplexée, le nouveau patron des lieux fit son entrée. Tutoiements, blagues, etc. le caractère détendu de cette rencontre témoignait des retrouvailles entre d’anciens camarades syndicalistes. Le nouveau ministre de la culture, qui avait rendez-vous avec les militants des syndicats relevant de son département, était véritablement parmi les siens. Nommé le 20 août dernier dans le gouvernement Cheick Modibo II, Boubacar Hamadoun Kébé est issu des rangs de la Confédération syndicale des travailleurs du Mali (CSTM). Pour les visiteurs du jour, comme pour le ministre, il s’agit d’une rencontre en famille. Et d’entrée de jeu, le ministre de la culture de préciser qu’il s’agit d’une prise de contact avec des partenaires naturels du département.
Il s’agissait au cours des discussions, de fixer les bases de la nouvelle collaboration en vue de faire face aux préoccupations du moment. « Mon objectif est d’avoir votre engagement, dira-t-il. Car, ensemble nous avons besoin de renforcer le dialogue social. Nous devons sortir le Mali de cette crise, qui affecte fortement le domaine culturel, notamment son patrimoine, en péril depuis la destruction des Mausolées de Tombouctou ». Pour le ministre de la culture, il a donc urgence à agir dans une nécessité d’actions convergentes.
Prenant la parole, Mme le secrétaire général du Syndicat des directions de la jeunesse, de l’artisanat et de la culture a rappelé les relations étroites qui ont toujours existé entre les ministres de la culture et les syndicats. Mme Doumbia Mama Kouyaté a souhaité que ces relations soient consolidées dans l’l’intérêt des travailleurs et de la culture de notre pays.
Défi de réhabilité la culture
Cette rencontre entre le ministre de la culture et les militants des syndicats intervient dans un contexte assez difficile pour l’histoire de notre pays. Car, depuis les évènements du 22 mars, ayant consacré le coup d’Etat contre le président ATT, les 2/3 du territoire sont sous occupation des groupes armés. Pour Mme le secrétaire général du Syndicat des directions de la jeunesse, de l’artisanat et de la culture, cette situation interpelle tout le monde, en premier lieu les acteurs culturels et de l’artisanat frappés par les dures conséquences de la crise sécuritaire. C’est pour cela que, estime Mme Doumbia Mama Kouyaté, nous devons faire la nôtre la préoccupation du moment : recouvrer l’intégrité du territoire quelque soit le prix à payer.
Cependant, a insisté Mme Doumbia, les syndicalistes, tout comme les citoyens, auront un regard vigilant sur la gestion des affaires publiques au cours de cette transition. « Nous souci est que la transparence soit effective au cours de cette transition, et que la bonne gouvernance prévale dans la gestion des ressources et dans le choix des hommes pour mener à bien les missions. Nous osons espérer que l’après transition permette à la culture malienne de reprendre ce qu’elle a perdu au cours de cette crise, afin d’amorcer une nouvelle phase : celle de l’espérance et de la réussite… », a déclaré Mme Doumbia Mama Kouyaté.
Abondant dans le même sens, le secrétaire général du Syndicat de l’information de la presse et de l’industrie du livre (Synipil) a assuré le nouveau ministre de la culture de la disponibilité des travailleurs à s’investir pour relever les défis. Pour cela, Mamadou Mamakan Coulibaly a souhaité la consolidation du dialogue avec les partenaires sociaux.
Le ministre Kébé, qui a pris bonne note des différentes interventions, a espéré que la culture réussisse sa mission au cours de cette transition. Répondant aux soucis exprimés par Mme Doumbia Mama Kouyaté, Boubacar Hamadoun Kébé a rassuré que la franchise et les vertus de bonne gouvernance seront les maîtres mots de son action. S’agissant du chantier de la relance de la culture, le ministre a révélé que son département travaille d’arrache-pied dans cette dynamique. C’est le cas par exemple dans le domaine de la réhabilitation du patrimoine culturel suite à l’agression dont il a été victime par les groupes armés. Pour cela, rappelle le ministre Kébé, des contacts ont été noués avec le Fonds mondial du patrimoine (en Afrique du sud) et le ministère marocain de la culture. Aussi, rappelle le ministre de la culture, le Mali travaille pour que justice soit faite après la destruction des mausolées, suite à laquelle une plainte a été introduite auprès de la Cour pénale internationale (CPI) afin de punir les auteurs. En clair, explique le ministre Kébé, les chantiers sont en cours pour la réhabilitation de la culture. Cependant, pour les réussir le nouveau ministre s’est compté sur ses camardes syndicalistes. « Il n’y a pas d’audience lors qu’il s’agit de venir me voir pour l’intérêt de la culture. Je ne peux réussir ma mission sans vous, et vis-versa », a déclaré Boubacar Hamadoun Kébé.
Issa Fakaba Sissoko