La Fédération des Artistes du Mali (Fedama) a adressé, le mercredi 18 mars dernier, une lettre ouverte au président de la République du Mali, Ibrahim Boubacar Keita. Dans sa correspondance, la communauté des artistes et des acteurs culturels souhaite que leur situation ne soit pas gérée, dans la lutte contre la pandémie de coronavirus, comme elle l’a été pendant la crise de 2012 en ne ” rien faisant “.
Le gouvernement de la République du Mali, dans la prévention de la pandémie du coronavirus qui sévit dans le monde actuellement, a pris des mesures lors de la session extraordinaire du Conseil supérieur de la défense nationale, tenue 17 mars dernier. Dans un communiqué rendu public à l’issue de la session, plusieurs mesures ont été citées dont “l’interdiction jusqu’à nouvel ordre des regroupements à caractère social, sportif, culturel et politique de plus de cinquante (50) personnes, sous réserve du respect des gestes-barrières”. Ce qui oblige les artistes et acteurs culturels à suspendre toutes les activités culturelles pouvant rassembler du monde, notamment les concerts et festivals. Une situation qui aura des récupérations néfastes dans le milieu culturel.
Afin donc d’attirer l’attention du président de la République, Ibrahim Boubacar Keita, et non moins le Coordinateur des actions culturelles de l’Union Africaine, le bureau de la Fedama, accompagné d’une vingtaine d’importants opérateurs culturels, le mercredi 18 mars dernier, a remis une lettre ouverte adressée au président IBK au chef de Cabinet du ministère de la Culture. Cette lettre signée par le président de la Fedama, Alioune Ifra N’Diaye, a été écrite à l’issue d’une rencontre au Complexe Culturel BlonBa, mardi 17 mars dernier, entre la Fedama et les opérateurs culturels les plus actifs du Mali.
“Depuis que l’Oms a annoncé que l’épidémie du coronavirus est devenue une pandémie mondiale, le gouvernement du Mali a commencé à prendre d’importantes mesures ; parmi celles-ci la suspension de regroupements importants au Mali jusqu’à nouvel ordre, notamment les festivals et autres manifestations culturelles et artistiques”, remarque la Fedama dans sa correspondance et se dit “Souscrire entièrement à ces mesures pour des questions de sécurité nationale”.
Toutefois, il est apparu dans la réunion, poursuit la Fedama, que la communauté des artistes et des acteurs culturels du Mali ne manque pas de volonté pour accompagner le gouvernement dans sa noble lutte contre la pandémie et se propose même de créer des supports pédagogiques et de sensibilisation. Cependant, elle ne disposera plus d’outils de travail pour vivre au Mali et à l’international jusqu’à nouvel ordre. “Notre évaluation a indiqué qu’environ 300 salles de spectacles et de cinéma, de scènes de festivals et de manifestations culturelles et familiales seront annulées ou suspendues jusqu’à nouvel ordre ; soit un manque à gagner d’ici septembre 2020 d’environ 1 milliard 230 millions de francs Cfa et près d’une dizaine de milliers d’emplois gelés. Si le secteur est géré comme pendant la crise de 2012, il ne se relèvera pas de sitôt”, souligne la Fédération.
Dans la lettre, les acteurs culturels en appellent “au Président de la République et au Coordinateur des Actions culturelles de l’Union Africaine pour une gestion efficiente et objective du secteur culturel dans cette pandémie. Nous sollicitons un cadre de concertation avec le gouvernement du Mali et un fond d’aide d’urgence spécifique pour éviter la banqueroute à notre secteur”. Aussi, les acteurs culturels souhaitent rencontrer le président IBK afin de partager avec lui le programme “Initiative pour la Culture au Mali”, destiné à une réorganisation systémique de l’environnement de la culture au Mali, dans lequel sont proposés des services d’assurances spécifiques pour protéger les opérateurs culturels contre de tels aléas.
Pour finir, la Fedama a réitéré sa disponibilité à aider le chef de l’Etat et son gouvernement dans la réussite de la lutte contre la pandémie du coronavirus.
Youssouf KONE