Comment la diversité culturelle peut influencer la cohésion sociale ? La problématique était le 11 octobre 2014, au centre d’une causerie débat organisée par le Réseau Kya au Centre culturel Kôrè à Ségou.
Pour entretenir l’auditoire ségouvien essentiellement composé de jeunes scolaires, sur le thème « diversité culturelle et cohésion sociale », le Réseau Kya, le réseau des opérateurs culturels du Mali, a fait appel à trois personnes ressources : Cheick Oumar Sissoko, cinéaste et ancien ministre de la culture, Bandjougou Danté, historien et Youba Bathily, consultant culturel. Premier à prendre la parole, Bandiougou Diabaté dira que le sujet est d’actualité dans ce Mali post-crise. Il a rappelé que le Mali est un pays d’histoire et de vieilles traditions culturelles. « Cela n’est pas seulement physique, mais aussi spirituel et constitué de plusieurs ‘’ya’’ : maaya, sinagouya, sindjiya, djonya, horonya, nyamalaya, kanoumeya, siguignogoya…. », a-t-il déclaré. Avant d’ajouter que ce sont ces « ya » qui ont permis à nos ancêtres de vivre ensemble en parfaite harmonie. « Le Mali est un condensé de l’Afrique. On y rencontre la culture animiste, la culture islamique et la culture occidentale à travers le christianisme. Mais, chacun sait sa place et respecte l’autre dans la société », a-t-il déclaré. Pour cela, il dira qu’aujourd’hui, la diversité culturelle n’a pas disparu. Selon lui, elle existe belle et bien, mais a été fortement sapée par le laissé aller, le laissé faire et la mauvaise gouvernance. « Le Mali est devenu méconnaissable culturellement à cause de l’acculturation », a-t-il indiqué. Avant de conclure que la diversité a été malmenée et dépravée, de telle sorte que la cohésion sociale est aujourd’hui menacée.
Pour sa part, Youba Bathily, consultant culturel, dira que le thème peut être résumé à la question de savoir : comment un pays multiculturel peut avoir une cohésion sociale ? Il a d’abord indiqué que le Mali a été de tout temps caractérisé par la diversité culturelle. Selon lui, cela n’avait jamais perturbé l’ordre social. Pour cela, il dira qu’en réalité la cohésion sociale dépend de l’ordre social.
Quant à Cheick Oumar Sissoko, ancien ministre de la culture, il a estimé que la diversité culturelle intéresse le monde entier, parce qu’elle constitue une richesse pour l’évolution de l’humanité. « La diversité culturelle ne peut pas à elle seule faire la cohésion sociale, mais elle y participe », a-t-il déclaré. Avant d’ajouter qu’il n’est pas du tout d’accord avec ceux qui pensent que la diversité culturelle est en mal au Mali. « Il n’y a pas un problème de cohésion sociale au Mali. Il y a une minorité d’une communauté qui est en rupture avec l’Etat », a-t-il déclaré. Avant d’ajouter que toutes les personnes qui ont eu l’opportunité de diriger ou gouverner cette partie de l’Afrique qui est le Mali, n’ont jamais perdu de vu que la cohésion sociale passe part le respect de la diversité culturelle. « La charte de Kouroukafouka est un instrument de promotion de la cohésion sociale », a indiqué Cheick Oumar Sissoko qui pense que les anciens ont crée le « Synakouya » pour promouvoir la cohésion sociale. L’ancien ministre de la culture est convaincu que toutes les difficultés du Mali s’expliquent par la démission de l’école publique et le mauvais encadrement des enfants dans les familles. « On ne bougera pas d’un iota sur la voix du développement si on ne met pas l’accent sur l’éducation nationale », a indiqué Cheick Oumar Sissoko.
Assane Koné