Le Festival des masques et marionnettes de Markala (Fesmamas), tenu du 3 au 5 mars 2017 à Markala, a prouvé qu’il est orphelin de son initiateur Pr. Abdoul Traoré dit Diop (paix à son âme). Une opération commando est nécessaire pour redonner vie à une activité susceptible de catalyser le développement local.
Organisée par le Club de Markala, la 20e édition du Festival des masques et marionnettes de Markala (Fesmamas) 2017 a été parrainée par l’ancien président Dioncounda Traoré. La cérémonie d’ouverture a enregistré la présence du chef de cabinet de la présidence Boubacar Touré, le secrétaire général du ministère de la Culture, Andogoly Guindo, Yacouba Traoré, député élu à Ségou, et le maire de la Commune rurale de Markala, Adama Siby.
Festival à nul autre pareil, le Fesmamas, à vingt ans, devait atteindre sa maturité. Mais force est de constater d’année en année le Fesmamas est confronté à plusieurs maux. Selon son directeur il aura montré toutes sortes de visages : “de ternissement à la céphalée, de corps chaud en fièvre convulsive, de vertige en perte de connaissance, de toux sèche en tuberculose, de mal de cou en méningite cérébro-spinal, de chute de cheveux en calvitie total”. Toutes choses qui laissent croire que si une thérapie rapide n’est pas trouvée, le Fesmamas risque à défaut de la mort de se réduire en peau de chagrin.
On note aussi une pléthore de commissions dans l’organisation du festival : d’une part il y a le Club de Markala, le comité de pilotage, mais aussi le directeur du festival même. Et on a l’impression d’une crise de confiance entre les trois commissions dont les efforts se retro-percutent souvent.
Le peu d’intérêt de la communauté markalaise de Bamako pour le Fesmamas constitue également un goulot d’étranglement dans l’organisation.
Le n’domo : essence de la vie de l’homme
Au-delà de l’ambiance festive, tous les intervenants ont rendu hommage à feu Pr. Abdou Traoré dit Diop, premier président du Club de Markala. Ils ont souligné la nécessité et l’importance du Fesmamas dans la Cité des masques et marionnettes. Le festival a un caractère symbolique fort pour la population markalaise de par les retrouvailles des fils et filles du terroir, mais également de par son brassage des peuples. L’édition 2017 a porté sur l’éducation des enfants en milieu bamanan à travers le n’domo.
“Le n’domo enseigne aux enfants de 21 ans trois questions essentielles qui résume l’essence de vie sur terre de l’homme. A savoir qui est tu ? D’où viens-tu ? D’où vas-tu ? Qu’est-ce que tu es venu faire sur terre ?”, a expliqué Pr. Fodé Moussa Sidibé, directeur du Fesmamas.
Salia Mallé, directeur adjoint du Musée national, conférencier, a défini le n’domo comme “une institution traditionnelle bambara destinée à l’éducation et à la formation intellectuelle des enfants avant la circoncision. Il constitue un rite initiatique reparti en cinq classes qui se déroule en cinq ans”.
Cette forme d’éducation et de formation est en voie de disparition alors même qu’elle peut permettre à la jeune génération de relever les défis des temps modernes. En plus de la prestation de masques et marionnettes de plusieurs troupes, le site du Fesmamas a fait l’objet d’expositions des objets d’arts et de culture.
Zoumana Coulibaly de retour de Markala