La situation qui prévaut actuellement dans le Nord nous interpelle tous (ressortissants de la région, décideurs politiques, hommes de bonne volonté de par le monde, partenaires au développement,…) et nécessite la prise de mesures et d’actions urgentes et appropriées pour œuvrer à un véritable renouveau.
Nous appartenons tous, en effet, à un monde où partout il a été largement pris conscience que l’avenir ne se décrète plus, mais se construit laborieusement, s’agissant surtout de l’avenir ou du destin de populations entières.
Toutefois, c’est aux pouvoirs publics qu’il revient la responsabilité historique de créer les conditions d’une nouvelle organisation prenant en compte les problématiques, tant nationales que régionales, liées au développement et à la promotion socio-économique.
Ces conditions devront être sous-tendues par de nouvelles formules visant à libérer l’imagination, la créativité et l’innovation en partant des valeurs sûres du passé, des spécificités socio-culturelles et des réalités économiques locales.
Et à cet égard, la situation toute particulière d’ARAOUANE mérite largement d’être prise en considération. Cette cité fut en effet relativement peuplée et florissante (comme centre de transit du commerce transsaharien), un centre religieux et culturel dont l’éclat et le rayonnement ont transcendé les frontières nationales, une terre d’accueil et de convergence cultivant au plus haut niveau la valeur humaine en tant que facteur essentiel de promotion sociale
Cette terre des hommes, pétrie de culture, de foi, et d’humanisme saura, sans nul doute, s’assumer de nouveau, dès que les moyens et la volonté nécessaires sont mis en œuvre, et relever tous les défis auxquels elle est actuellement confrontée sur la voie de son plein épanouissement. Ce pari sur l’avenir s’appuie sur la valeur de ses hommes, une fois mis en confiance et réconciliés avec leur destin, mais aussi sur les immenses potentialités, pleines de promesses, qui se profilent avec l’exploitation prochaine des gigantesques richesses enfouies encore dans son désert.
En outre, la position centrale de la ville et ses inestimables ressources en eau, pourraient faciliter considérablement la mise en valeur de son espace territorial et hâter le processus de son urbanisation et de sa promotion socio-économique, à travers notamment un plan conséquent d’aménagement et de développement durable.
Il appartient donc à l’Etat, mais aussi à la société civile, de se mobiliser pour créer le cadre objectif d’un progrès véritable en mettant en place les infrastructures de base (moyens de transport et de communication, réseaux d’assainissement et de distribution d’eau et d’électricité,…) et les équipements collectifs (centres scolaires, sanitaires, culturels et sportifs, logements sociaux…) indispensables à un espace urbain. Ce sont là les conditions minimales requises pour amorcer le développement, soutenir l’essor social et économique, moderniser la ville et sa région, attirer les investissements,…
La ville d’ARAOUNE ainsi réhabilitée et qui jouit déjà d’un prestige historique et culturel unanimement apprécié, pourrait dès lors renaître et assumer, dans l’intérêt de la région et du pays tout entier, un destin dont les retombées positives sont encore insoupçonnées. Par ailleurs, cette ville où jadis cohabitaient harmonieusement nomades et sédentaires à travers des échanges multiples et multiformes, pourrait se transformer radicalement, pour ne plus être cette ville fantôme, déshéritée, sans perspectives d’avenir, abandonnée à elle- même et aux éléments et aléas d’une nature aride et inhospitalière.
Il est cependant réconfortant de signaler que les récentes Ziyarah annuelles bénévolement organisées pour aller se recueillir sur la tombe de l’un des plus grands saints de toute la zone saharienne, commencent à sortir la ville de sa torpeur avec l’afflux de plus en plus important de populations, ce qui pourrait déboucher à terme sur leur fixation définitive dans la région.
Le réveil d’ARAOUNE qui s’annonce donc est très prometteur : il suffit d’oser davantage en recherchant les voies et moyens permettent d’adapter son environnement actuel aux nécessités de l’habitat urbain et de répondre efficacement aux besoins des populations locales qui ne demandent qu’à s’investir et à participer davantage à l’œuvre collective de développement afin de briser à terme le cercle infernal de cette fatalité liée au sous-développement, à la pauvreté, voire à une marginalisation tous azimuts.
La tentation est grande de nos jours, si des conditions de vie meilleures ne sont pas offertes, si les revenus ou les richesses d’un pays ne sont pas judicieusement répartis et distribués et si le droit à l’éducation, à la santé et à l’emploi et donc à une existence digne et viable n’est pas garanti, de recourir à toutes formes d’aventure, souvent inspirées de l’extérieur, avec comme méthodes d’expression le repli identitaire exclusif et donc stérile, la violence aveugle, le terrorisme radical et maints trafics parallèles pour contourner les difficultés économiques rencontrées.
L’Etat, pour sa part, a déjà amorcé le processus de prise en main de leur destin par les populations. Il lui appartient d’en fixer les règles du jeu en prenant suffisamment en compte tous les critères et facteurs objectifs susceptibles d’en assurer le succès et d’y faire adhérer, en toute connaissance de cause, les populations réellement concernées. Et dans cette optique, ARAOUANE garde tous ses atouts pour être le point focal vers lequel convergeront sûrement les espoirs et toutes les chances de développement global et intégré d’une région et, par delà, de tout un pays.
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Abdoulaye MOULAYE dit Abeidi
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Sidaly BEIGNA
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Membres de l’association CADI
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