« Nous envisageons de faire venir des notabilités des trois régions du Nord pour la recherche de la paix si elle n’est pas encore acquise et si elle est déjà effective, la consolider… »
Les Préparatifs de la 4e Edition des Journées Culturelles Gianna Dogon-qui se tiendra en fin février 2015 à Koro- vont bon train. Avec pour thème « Le Mariage en milieu Dogon », cette édition sera marquée par une particularité dont l’association s’est tâchée d’accomplir : L’invitation des cousins nordistes pour parler de paix ou la consolider, l’acquisition d’un espace « Abirè Goro » dans lequel sera érigé un grenier femelle, et aussi la pose de la première pierre de la porte d’entrée au Pays Dogon.
Le Président de l’Association Ginna Dogon, nous donne plus de détail dans cette interview qu’il nous a accordée au siège de Ginna Dogon, mardi dernier.
Le Pays : Bonjour M. Le Président. Pouvez-vous vous présenter ?
Président : Merci de m’avoir donné l’occasion de parler de mon association.
Je m’appelle Mamadou Togo. Je suis un conseiller des Affaires Etrangères à la retraite et je préside aux destinées de l’Association Malienne pour la Protection et la Promotion de la Culture Dogon en abrégé-Ginna Dogon. Je dois insister sur l’orthographe de Ginna qui s’écrit comme suit : GINNA et non autrement. J’ai succédé au Ministre Ambadio Kassogué qui a dirigé Ginna Dogon de sa création en 1990 à 2003.
Vous êtes aux commandes de cette association il y a des années. Pouvez-vous nous parler de votre association en quelques points : qu’en elle a été créée, les raisons de sa création et les différentes missions effectuées.
Mamadou Togo : L’association Ginna-Dogon a été créée à la suite de la Semaine d’expressions culturelles consacrée aux Dogon du 10 au 16 mars 1990 par le Ministre de la Culture de l’époque.
Les Dogon et sympathisants ont activement participé aux différentes activités de la semaine. A la fin de celle-ci, ils se sont retrouvés pour des séances critiques de tout ce qu’ils ont vu et entendu au cours de la semaine. Ils ont abouti à la conclusion que si on ne prend garde, des déformations grossières feront à la longue que le Dogon ne reconnaitra plus sa culture car elle sera dénudée de toute authenticité.
Alors que faire ? Tout de suite, nous avons produit une brochure critique où tous les passages erronés des films, de contrevérités des colloques et symposiums, de la non-conformité des parures, des tresses, des couleurs, des pas de danses etc ; brochure remise au Ministre de la Culture de l’époque, feu Bakari Traoré et aux plus hautes autorités de l’époque.
Après ce travail, nous nous sommes dit que, s’il faut écrire une brochure à chaque évènement, on n’en finirait jamais. C’est ainsi que nos réflexions nous ont conduit à créer une Association qui montre la vraie culture dogon à la face du monde contrairement aux présentations sur mesure que les touristes orchestrent.
L’Association a été créée pour protéger et promouvoir la culture dogon. Elle est dans son rôle. Elle a en outre fait du règlement de conflits son cheval de bataille car sans paix il n’y a point de développement or nos textes disent que nous devons développer la zone à partir de la culture.
Voilà comment nous sommes venus aux règlements de conflits qui prennent beaucoup de notre temps et de nos maigres ressources. Mais on le dit chez nous, l’on doit tout faire pour son peuple sinon on aura vécu inutilement.
Nous apprenons par vos soins que des journées culturelles sont prévues en fin février 2015 à Koro. Et nous savons que vous n’êtes pas à votre première édition. Quelle sera la particularité cette fois-ci en termes de coût, d’activités et des personnalités qui seront aussi rendez-vous ?
Tout à fait, nous organisons en fin Février la 4e édition des Journées Culturelles à Koro, après Bankass en 2005, Douentza en 2008 et Bandiagara en 2011.
La particularité de cette 4e Edition est qu’elle vient dans un contexte particulier où notre pays a besoin de paix, de quiétude sociale et de développement quand on sait ce qui se passe à Alger.
Nous avons un volet très important pour la paix, la réconciliation et le développement dans le programme car en marge des Journées, nous envisageons de faire venir des notabilités des trois régions du Nord pour la recherche de la paix si elle n’est pas encore acquise et si elle est déjà effective, la consolider avec les représentants authentiques et incontestés de ces zones. Le Budget des Journées Culturelles a été conçu en prenant en compte ce volet.
Les activités des prochaines Journées s’articulent autour du Thème du Mariage en milieu dogon. Ce thème central est accompagné des activités culturelles et sportives comme lors des autres journées. Mais à Koro, il est envisagé l’acquisition d’un espace « ABirè Goro » dans lequel il sera érigé un grenier femelle qui cadre avec le thème Central. Il y a aussi la pose, s’il y a lieu, de la 1ere pierre d’une porte d’entrée au Pays Dogon.
La première personne que nous souhaitons être au rendez-vous de Koro est le Président de la République en personne, S.E. M. Ibrahim Boubacar Keïta, qui était au rendez-vous de Bankass à la première Edition et celle de Bandiagara 3e Edition.
Nous souhaitons avoir le maximum de membres du Gouvernement, des Institutions, des maliens lambdas et des invités en provenance et d’ailleurs pour voir la culture authentique dans ses différentes facettes.
Y aura une place réservée à vos cousins à plaisanterie ?
Bien sûr, il y a une place de choix pour nos cousins du Nord, nos frères du Mandé, nos cousins des eaux et j’en passe.
Avez-vous un appel à l’endroit de la communauté dogon à l’occasion de ces journées ?
Mon appel à la communauté dogon est celle-ci.
- Pour ces journées, les dogon doivent mettre la main à la poche. Aides-toi, le ciel t’aidera.
- Ils doivent répondre massivement et qualitativement au rendez-vous de Koro qui est leur fête à eux que les autres viennent voir.
Que Dieu nous assiste et protège le Mali
Boubacar Yalkoué