« Nous pensons que des populations de notre région en général et du Pays Dogon en particulier se sentent délaissées ».
Après Bankass en 2005, Douentza en 2008, Bandiagara en 2011 et Koro 2015, c’est le tour de la Venise malienne d’abriter la 5ème édition des Journées Culturelles Dogon (JCD). Avec pour thème « la chasse au Pays Dogon », la cérémonie d’ouverture de cette 5ème édition de JCD a eu lieu hier, jeudi 22 février 2018 au stade Barema Bocoum de Mopti.
Les travaux de ladite cérémonie étaient présidés par le colonel Sidi Alassane Touré, gouverneur de la région de Mopti en présence du président de Ginna Dogon, Mamadou Togo ; du secrétaire général du ministre de la culture, Andogoli Guindo ; du maire de la commune urbaine de Mopti et plusieurs autres invités.
Comme il est de coutume, l’honneur a d’abord été donné au maire de la commune urbaine de souhaiter la bienvenue dans sa commune à tous les participants à l’occasion de ces journées culturelles Dogon. « Vous êtes les hautes des Bozo ; des Peulh ; des Bobo …. Bref vous êtes les hautes de toutes les communautés de Mopti », a-t-il déclaré. Pour le maire Kansaye, cette 5ème édition des journées culturelles Dogon se tient à une période très difficile de l’histoire de la Venise malienne. Il sollicite à ce que l’association pour la préservation et la promotion de la culture Dogon, s’implique comme elle l’a toujours faite pour que la crise prenne fin.
Dans son discours, le président de Ginna Dogon a salué les communautés de Mopti pour leur accompagnement et soutien. Il a, ensuite, déploré que la région de Mopti très fréquentée par les touristes, est aujourd’hui infréquentable à cause de l’insécurité. Or, dit-il, sans ce tourisme, une bonne partie de la Région de Mopti se trouve être durement affectée et par ricochet l’ensemble du Pays Dogon se trouve être sevré.
Selon Mamadou Togo, l’organisation de cette 5ème édition des journées Dogon à Mopti n’est pas un manque d’empathie mais une manière de ne pas permettre aux terroristes dont le seul désir est de nous tétaniser. Il précise que les Journées Culturelles Dogon (JCD) ne sont pas un festival, c’est une rencontre d’échange et de développement.
En ce qui concerne le choix du thème : « la chasse au Pays Dogon », le président de Ginna Dogon, Mamadou Togo affirme qu’il entre dans le cadre normal de la culture authentique dogon qu’ils ont bien voulu montrer au monde. Cette activité mobilise tout le peuple Dogon sinon l’ensemble du peuplement du pays dogon. Il existe plusieurs sortes de chasse que les Dogon pratiquent depuis toujours. A l’en croire, cette activité permet aux Dogon de consommer du gibier qui est de plus en plus rare de nos jours par le fait de l’action néfaste de l’homme.
De passage, le président de Ginna Dogon a laissé entendre ce que beaucoup pensent mais ont peur de dire. « Nous pensons que des populations de notre région en général et du Pays Dogon en particulier se sentent délaissées », a-t-il déploré. Il a ainsi invité le Gouvernement à prendre des mesures adéquates et à la société civile de jouer son rôle de sensibilisation.
Mamadou Togo dénonce les mauvais comportements des citoyens Maliens
Le président de Ginna laisse entendre que la région de Mopti ne mérite pas la situation qu’elle vit. Mais, selon lui, tous ces maux sont dus au fait que les parties ne jouent pas leurs rôles comme il le faut. « nous disons que cela résulte du mauvais comportement des Maliens ; de ce que la vérité ne se dise plus au Mali où la kyrielle des partis politiques est dirigée pour la plupart par des hommes et des femmes très peu patriotes guidés par des intérêts sordides, n’hésitant pas à transformer le mensonge en vérité et la vérité en mensonge pour atteindre leur but », a-t-il dénoncé. Le président Mamadou Togo va plus loin ; « Nous manquons de patriotisme, de civisme et de droiture », a-t-il laissé entendre.
La mauvaise gouvernance, la corruption, l’injustice, le laxisme et l’impunité sont les causes de la crise de notre pays
Le président de Ginna Dogon estime que les crises que notre pays vit résultent de la mauvaise gouvernance, qui prend ses sources dans la cellule familiale et remonte jusqu’au sommet de l’Etat, liée à la cupidité humaine synonyme de corruption, de laxisme dans les sanctions à prendre ou de l’impunité liée à l’interventionnisme de certaines couches sociales. Selon lui, à tous ces maux, s’ajoute la mauvaise distribution de la justice « indépendante » où les gros poissons, comme on le dit, se tirent à bon compte et les démunis innocents subissent à tort très souvent. « L’injustice sociale détruit tout sur son passage et l’accumulation de toutes ces frustrations nous précipite à coup sûr dans un abime », a-t-il déclaré
L’irresponsabilité de la société civile
Aux dires du président Togo, la société civile ne joue pas son rôle. Elle manque de dynamisme et de vision et certains se demandent si elle n’est pas corrompue quelque part vu sa morosité.
Quant à Andogoli Guindo, secrétaire général du ministère de la culture, il a félicité l’association Ginna Dogon pour la réussite de cette 5ème édition. Pour lui, réunir tout le Pays Dogon à Mopti prouve la détermination du bureau national de Ginna Dogon pour la sauvegarde de sa culture. Quant au thème, le ségal Andogoli Guindo affirme qu’il est d’importance capitale vu les rôles que jouent les chasseurs au Pays Dogon.
Envoyé spécial à Mopti,
Boureima Guindo