La cité universitaire de Kabala a abrité le samedi 24 mars 2018 la cérémonie d’hommage à l’illustre écrivain malien, Yambo Ouologuem décédé en octobre dernier. Cette journée est l’œuvre de la communauté « Ginna Dogon » en collaboration avec le Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, le ministère de l’Éducation et celui de la culture.
Le choix de la cité universitaire n’est pas fortuit pour cet évènement emblématique. Yambo Ouologuem est non seulement un homme de culture, mais aussi un intellectuel reconnu internationalement pour sa grande capacité intellectuelle.
D’entrée de jeu, le Maire de la commune de Kalabancoro, M. Diarra a souhaité la bienvenue aux invités venus de diverses régions du Mali, mais aussi de l’étranger. Ce discours d’ouverture a été l’occasion pour celui-ci de faire une présentation succincte de l’homme aux jeunes générations. Cet homme qui « aurait pu aller loin qu’il n’en ait été ». Par conséquent, il recommande aux autorités maliennes de bien vouloir l’inscrire dans tous les programmes éducatifs du Mali.
Les interventions du maire ont été suivies par celles de Madame le Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Celle-ci a tenu d’abord à saluer cette initiative non moins importante de la part de la communauté « Ginna Dogon ».
Par ailleurs, ce qu’elle a regretté, c’est la disparition inattendue de cet illustre écrivain de la falaise de Bandiagara. Un décès survenu à un moment où des cérémonies étaient dans le viseur du gouvernement pour remémorer les 50 ans de la parution de son œuvre la plus polémique, Le devoir de violence. Cela a été l’occasion pour Assétou Founè Samaké Migan d’adresser toute sa reconnaissance et la reconnaissance du gouvernement à M. Jean Pierre Orban, écrivain, journaliste et au-delà de tout éditeur de Yambo Ouologuem qui a effectué le déplacement de la France pour rejoindre le Mali afin de prendre part à ce grand évènement.
Cet évènement scientifique et culturel vise à faire découvrir Yambo Ouologuem par le public étudiant et intellectuel malien. Il vise à rendre honneur à l’homme et à ses œuvres immenses. En fin, elle a tenu à inviter tous les chercheurs, les étudiants à s’orienter vers cet illustre écrivain, à l’inscrire davantage dans les programmes universitaires.
Le vice-président de la communauté « Ginna Dogon », Hamidou Ongoïba, a tenu à remercier les initiateurs de cet évènement avant de dégager la place qu’occupe l’homme dans la littérature africaine. Cet homme accusé de plagiat dans ses œuvres à cause des vérités crues qu’elles véhiculent.
Après ses remerciements à l’endroit de Madame le Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, il recommande par la voix de sa communauté qu’un institut soit érigé dorénavant au nom de cet homme de culture afin de revivifier ses valeurs à travers les générations. En fin, il invite les jeunes à la culture afin qu’il ait « d’autres Yambo Ouologuem au Mali ».
Cette journée est rendue plus belle par une conférence illustre animée par le professeur Banni Diallo, professeur de lettre, spécialiste de Yambo Ouologuem puisque auteur de quelques ouvrages sur sa littérature. Cette conférence a été le lieu de rappeler toute la particularité des œuvres de l’homme de la communauté dogon.
La conférence bien qu’étant focalisée sur un exposé de l’œuvre de l’illustre disparu intitulé Lettre à une France Nègre, le conférencier fait ressortir toute la particularité des écrits de Yambo Ouologuem.
À ses dires, accuser cet homme de plagiat, c’est en réalité faire preuve d’une grande infidélité intellectuelle. L’auteur du devoir de violence est un innovateur qui s’appuie sur ce qu’ont fait les autres afin d’aboutir à une analyse personnelle.
En outre de cela, le conférencier a tenu à rappeler que l’auteur des mille et une bibles du sexe en tant que romancier fait un mélange volontaire de parodie, de pastiche, de fiction et d’histoire dans ses œuvres.
Enfin, il convient de rappeler que Yambo Ouologuem est un homme qui a été en rupture avec son temps. Il a donné une nouvelle orientation à la littérature africaine. Cette révolution consiste au fait de ne pas considérer l’Afrique comme étant les « Milles et une Merveille ». Tout n’est pas rose dans ce continent.
Cette journée d’hommage doit toute sa quintessence à la présence de l’éditeur de Yambo Ouologuem, M. Orban. Celui-ci après avoir fait part de sa collaboration avec l’homme a tenu à informer les Maliens, mais aussi le monde entier de la réédition prochaine du Devoir de violence par les Éditions du Seuil. Il faut rappeler que cette maison d’édition avait refusé de publier cette œuvre jadis. En plus de la présence d’Orban, il convient de noter aussi celle de l’écrivain guinéen, prix Renaudot 2008. Il s’agit de Thierno Monénembo qui a tenu à noter la place remarquable que la littérature de l’auteur de la Lettre à une France nègre occupe dans la culture littéraire africaine.
Cet évènement doit aussi sa grandeur aux témoignages d’hommes ayant collaboré avec ce sage malien. Ses amies, ses camarades d’école voire sa famille ont tous témoigné de l’exceptionnalité de l’homme ; cet homme qui constituait pour la plupart d’entre eux une source intarissable. Yambo Ouologuem, c’est l’homme de tous les temps.
Fousseni TOGOLA