Maïmouna Hélène Diarra lauréate du Prix de la célébrité : «Je dédie ce prix à tous les comédiens maliens»

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Elle n’est plus à présenter au public malien et africain, elle a joué dans presque tous les grands films du Mali, les célèbres pièces de théâtre comme Wari I et II. Pur produit du Kotêba national du Mali, comme Guimba national, Michel Sangaré, Magman Gabriel Konaté, entre autres, Maïmouna Hélène Diarra est la seule comédienne malienne à décrocher le Prix de la célébrité du cinéma lors du Fespaco 2017. Ce prix a été initié cette année par les organisateurs du Fespaco pour faire un clin d’œil aux comédiens et autres acteurs du cinéma en Afrique.

Quel commentaire faites-vous de la participation du Mali à cette 25e édition du Fespaco ?

Je pense que le Mali n’est pas rentré bredouille. Nous avons 4 trophées dont le mien, le trophée de la célébrité. Je pense qu’on peut mieux faire encore. Je pense que le cinéma, c’est le financement, sans le financement le pays ne peut avoir de résultats. Si le pays ne change pas, il sera difficile pour le Mali d’avoir encore l’Etalon du Yennega, parce que présentement, le cinéma demande de gros moyens et le Mali n’en a pas. Il faut que les autorités nous épaulent. Il n’y a pas un manque de bons scénaristes, ni de bons réalisateurs, de techniciens, encore moins de bons comédiens. Il ne manque que le financement. Il suffit que le Mali accorde un peu d’importance au cinéma, et ça va aller !

Vous êtes parmi les célébrités du Fespaco 2017. C’est la première fois que ce prix est décerné à des comédiens, en êtes-vous satisfaite ?

Pour la première fois, ce sont le Mali, le Burkina Faso, l’Algérie, le Maroc, le Ghana, la Côte d’Ivoire, la Tunisie, en tout cas, dix pays qui ont eu ce prix. Cette année, un accent particulier a été mis sur le travail des comédiens. Cette marque de considération me va droit au cœur. Ça démontre que ce que nous faisons n’est pas une perte de temps. Ça prouve qu’ils pensent à nous, ça fait honneur. Sans quoi on peut dire aussi c’est venu un peu tard, mais mieux tard que jamais. On les remercie pour ça et que ça continue, parce que nous ne sommes pas les seuls comédiens.

Qu’est-ce que ce prix peut vous apporter ? 

Même sans prix, je vais continue le théâtre, le cinéma, c’est ma vie. Je félicite tous ceux qui ont eu des prix : Daouda Coulibaly, la fille de feu Kandjoura Coulibaly, la petite Fatoumata qui est née dans le cinéma. Parce que son père était le costumier des comédiens maliens. Daouda, il est jeune mais il a fait du beau travail. Etre choisi même parmi les 20 films sur 176, n’est pas donné à tout le monde. Qu’il continue, il est à ses débuts, et ça va aller.

Propos recueillis par Kassim TRAORE

 

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Fespaco 2017 : le Mali ramène 4 Prix dont deux pour le film «Wulu»

Les lampions se sont éteints samedi 4 mars sur la 25ème édition du Fespaco. Et pour connaître le palmarès de cette édition, c’est le palais des sports de Ouaga 2000 qui a été transformé en temple du cinéma. Au final, c’est le Franco-sénégalais Alain Gomis qui remporte l’Etalon d’or du Yennega avec son film «Félicité» et empoche 10 millions de Fcfa.

Alain Gomis s’inscrit ainsi dans l’histoire du Fespaco avec son deuxième sacre, car il avait gagné en 2013 l’Etalon d’or avec son film TEY. Il rejoint notre compatriote Souleymane Cissé qui était jusque-là le seul cinéaste à avoir remporté deux Etalons d’or du Yennega, avec «Baara» en 1979 et «Finyé» en 1983.

 

Le palmarès de cette 25e édition est contesté par plusieurs critiques du cinéma, en raison du fait que le critère principal qui a prévalu au choix du film «Félicité» n’est autre qu’il y a plusieurs producteurs derrière ce film. Alors qu’à quelques minutes de la proclamation, le film «Wulu» du jeune réalisateur malien Daouda Coulibaly était dans le tiercé gagnant. Il en avait même été informé par certaines personnalités et cinéastes.

D’où la colère du président de l’Union nationale des cinéastes du Mali, Salif Traoré. «À moins que je me trompe, la première lecture de tous les films que j’ai vus, à part le premier palmarès, j’ai des doutes pour les autres. Je le dis à haute et intelligible voix et je ne pense pas que quelqu’un d’autre pourrait me contredire. Ces Prix sont contestables. Mais, c’est la loi du Fespaco, c’est la loi des décideurs, sinon il y a d’autres lectures à faire. La réalité n’est pas ce classement», a-t-il déploré.

Cependant, la délégation malienne n’est pas rentrée bredouille. Le long métrage «Wulu» a remporté deux Prix, celui qui porte le nom de Sembène Ousmane, financé par Ecobank (5 millions), et le Prix de la meilleure interprétation masculine remporté par l’acteur principal du film, Ibrahima Koma.

La jeune réalisatrice Fatoumata Thioye Coulibaly a obtenu le Prix spécial du jury des courts métrages et la comédienne Maïmouna Hélène Diarra, le Prix des célébrités. Cette récompense concerne les acteurs, actrices, comédiens du 7e art, et c’est la première fois que ce Prix est attribué à une dizaine de comédiens venant de dix pays africains. De fait, le Mali a fait mieux que lors des éditions passées.

Et les perspectives semblent bonnes, à en croire le président de l’Union nationale des cinéastes du Mali, Salif Traoré. «Ceux qui sont arrivés là, ils sont arrivés de nulle part. C’est à bout de ficelle qu’ils ont préparé les films pour être là, alors qu’ils ont besoin d’une vraie préparation pour être là. Je me dis que c’est rassurant pour moi, je le dis, c’est un début. C’est une renaissance pour le cinéma malien, d’autant plus qu’il y a un fonds en gestation. L’Etat met en place aussi des salles de cinéma sur la rive gauche et sur la rive droite. Je crois que tout ça, c’est un acquis pour le cinéma malien et ça va booster notre cinématographie… Le cinéma malien ira de l’avant et nous aurons beaucoup de consécrations dans les années à venir. Je remercie le gouvernement pour cela et je souhaite que ça marche pour le bonheur de nous tous», a-t-il déclaré.

Par ailleurs, le Mali était représenté à la cérémonie de clôture par Djénéba Seck qui a gratifié le public du Faso de sa chanson «Abiba». Une belle chanson qui a été bien appréciée par les deux chefs d’Etat présents à la cérémonie, Rock Mark Christian Kaboré et Alassane Dramane Ouattara.

Le Fespaco 2017 a vécu, rendez vous est pris pour la 26ème édition, du 23 février au 2 mars 2019, qui marquera le cinquantenaire du Fespaco. Cette année, c’est la Côte d’Ivoire qui était le pays invité. La délégation ivoirienne était forte de 300 personnes, sans compter les ministres et la délégation du président Ado. La Côte d’Ivoire a mis 50 millions dans la cagnotte pour l’organisation du Fespaco et a pris en charge les frais de participation de l’artiste Alpha Blondy, qui a animé la cérémonie d’ouverture.

Kassim TRAORE

 

Fespaco 2017 : Alain Gomis du Sénégal remporte l’Etalon d’or de Yennenga

Alain Gomis du Sénégal remporte l’Etalon d’or de Yennenga avec son film “Félicité”. Le réalisateur sénégalais a déjà remporté l’Etalon de Yennenga en 2013 avec Tey. Il a aussi été couronné du grand Prix du Jury (Ours d’argent) à la Berlinale 2017.

«Le réalisateur sénégalais, Alain Gomis, lauréat de l’Etalon d’Or de Yennenga au Fespaco 2013 avec son film «Tey», revient cette année dans la compétition avec une fiction dramatique. «Félicité» est le titre de son long métrage qui est en lice pour cette 25e édition. Rarement, on a vu une projection de presse ayant mobilisé autant de monde. Personne ne voulait se faire raconter cette œuvre qui a déjà remporté le grand prix du jury de la 67e Berlinale de Berlin en Allemagne. «C’est du Gomis et cela doit être vu», nous a lancé un cinéphile dans la salle de projection.

Félicité raconte l’histoire d’une femme brave, courageuse, battante, libre et fière qui vit à Kinshasa, la capitale de la République démocratique du Congo (RDC). Félicité est chanteuse le soir dans un bar de Kinshasa. Sa vie bascule quand son fils de 14 ans, Samo, est victime d’un accident de moto. Pour le sauver de l’amputation de sa jambe blessée, elle se lance dans une course effrénée à travers les rues kinoises pour mobiliser la somme nécessaire pour l’opération. Elle arrive à mobiliser l’argent nécessaire au prix de moult sacrifices et péripéties dans une ville électrique, bref dans un monde de musique et de rêve. Mais elle est arrivée tard à l’hôpital, son fils est déjà amputé de sa jambe.

Au cours de ses péripéties, elle fait la rencontre de Tabu, un garagiste qui aime croquer la vie à belle dent… «On a voulu raconter une histoire pour parler un peu de la difficulté quotidienne de cette femme qui se bat dans son quotidien et qui est une femme droite et digne. C’est un film sur la dignité et pour rendre hommage à la vie et à ceux qui se battent tous les jours et qui sont pour nous de véritables héros», a expliqué le réalisateur Alain Gomis à l’issue de la projection.

Cette fiction de 122 minutes consacre une part belle à la musique, l’orchestre Kasai Allstars accompagne Félicité dans ses envolées lyriques et l’orchestre symphonique Kimbanguiste qui intervient dans le film «comme un chœur permet de prendre un peu de recul d’avec les personnages afin de respirer avant de repartir dans cette histoire assez intense». Le jeu d’acteur est assez bien maîtrisé et la qualité des images est quasi satisfaisante.

En effet, Alain Gomis y met sa technique préférée de cadrage à savoir les gros plans pour s’incruster dans l’univers des personnages et la caméra «qui tremble» pour amener le cinéphile dans un univers trouble où rythment violence et réalités déconcertantes. Corruption, système sanitaire précaire et insécurité ont été mis en lumière dans ce film de l’Etalon d’or 2013. Le film a été tourné en RDC en langue locale lingala et sous-titré en français. Ce qui est inédit dans le film est que le réalisateur ne comprend pas cette langue, ce qui lui permet de laisser «la latitude» aux acteurs de réinterpréter le film.

L’actrice principale, Véro Tshanda Beya, qui a interprété le rôle de Félicité, n’est pas chanteuse ni danseuse. Elle a appris à le faire en deux semaines avant de se lancer dans l’interprétation du rôle de cette femme dynamique et battante qu’est Félicité. «C’est une grande expérience pour moi de travailler auprès de Alain Gomis et cela n’est pas donné à tout le monde. Je croyais que je n’y arriverais pas, mais au finish, c’était une expérience extraordinaire», a révélé Véro Tshanda allias Félicité.

Le film est très agréable à suivre, mais au final, devient lassant, car rallongé par des séquences et plans inutiles. Aussi, la durée de certaines séquences est très longue alors que le réalisateur avait la possibilité de les réduire, car l’histoire était déjà comprise.

Dimitri KABORE

 

«Wulu» sauvé de justesse !

Comment le film Wulu s’est détaché des “griffes” des Français et des Sénégalais ? L’anecdote est tellement désopilante qu’elle ne pouvait pas passer sous silence, car le Mali aurait fait pâle figure à ce rendez-vous biennal du cinéma, sans un long métrage à son arc, dans la compétition.

Dès la sortie de Wulu, des lobbies sénégalais se l’étaient appropriés. Il n’en fallait pas plus pour supputer sur cette usurpation que, lors de sa projection au festival de Toronto au Canada, la presse culturelle hexagonale a trouvé et écrit que c’est un film français. Et puis, arrivèrent le Fespaco et sa sélection de films, il y a quelques mois.

Le catalogue qui circule à Ouagadougou a déjà averti avec son édition que c’est un film franco-sénégalais ! Et le jeune Daouda Coulibaly, 41 ans, sous pressions, menaça, il y a peu, de retirer le film de la compétition si sa production ne portait pas le drapeau du Mali. Tout ce micmac qui avait entouré Wulu en valait vraiment la peine, car le film est d’une belle facture, avec une ardoise de 1 milliard 600 millions FCFA, s’il vous plaît !

Ce diplômé de philosophie économique, originaire de Nioro du Sahel, mais installé en France, a produit en 95 minutes un thriller hollywoodien autour du trafic de drogue dans notre pays. Le héros Ladji avait de grandes ambitions, mais par népotisme, il perd son poste. Pour survivre, il accepte de conduire une petite cargaison de cocaïne. Très facile comme boulot, car ça rapporte beaucoup. Et surtout très vite.

Le métier avec des barons de la drogue est en croissance. Sans scrupules, il s’y adonne, puis c’est dans le désert avec les cartels de la drogue, la nébuleuse islamiste tout en gravissant les échelons et en croisant les agents véreux, les hommes d’affaires au goût immodéré et des militaires corrompus. Mais gagner de l’argent, gagner beaucoup d’argent…quand vous arrivez au sommet, les choses se compliquent et surtout pour Ladji, qui est entré dans cette jungle sans savoir qu’il partait droit au mur.

La mise en scène est originale et les acteurs, en dehors de Guimba National, sont à leur premier long métrage, mais certaines séances de nudité qui mettent davantage de tension permanente dans le film et le déluge de combats et de coups de feu entre gangs de drogue prouvent que Daouda Coulibaly nous amène vers une autre école du cinéma malien, différente de ce qu’on a connue jusque-là.

Moustapha MAÏGA

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Habib Dembélé, Guimba national : qui en veut à la Culture ?

La tenue de la Biennale artistique et culturelle a été empêchée deux fois en quatre mois. Empêchée par la préparation du Sommet Afrique-France. Empêchée, plus exactement remplacée au dernier moment par la Conférence d’entente nationale. Je suis indigné. Qui en veut à la Culture ? Je voudrais faire de ma plainte un chant d’amour pour ne plus savoir que je souffre. Je crois que chaque rivière a sa propre source. Je crois que si la petite souris abandonne le sentier de ses pères, les pointes du chiendent lui crèvent les yeux.

En septembre dernier, lors du lancement officiel de la Biennale, le président de la République du Mali disait que «cet événement est un pas de plus vers la Paix», et pourtant, deux rencontres jugées plus importantes que ce pas vers la Paix ont fait reporter, si ce n’est annuler la Biennale. Tous les politiciens maliens n’ont que le mot Culture à la bouche, et pourtant ils la piétinent. Ils la piétinent, et pourtant, l’avant-projet de loi de révision de notre Constitution, récemment adopté par le Conseil des Ministres, fait référence dans son préambule à la Charte de Kuru Kan Fuga. Les décideurs de notre pays invitent les artistes à se produire à chaque cérémonie de clôture d’événements internationaux pour montrer la grandeur de la Culture du Mali, et pourtant, ils la piétinent dès il s’agit d’Economie ou de Politique. Nos politiciens ne sont-ils pas comme le petit oiseau de la fable de Jean de La Fontaine qui se pare des plumes du paon pour se pavaner ?

Piétiner la Culture, c’est faire injure à toutes les Maliennes et à tous les Maliens qui s’accrochent à elle comme à une bouée de sauvetage depuis que notre pays a basculé dans le chaos. C’est faire injure à ceux qui «grèvent» car ils n’en peuvent plus. C’est ne pas entendre ceux qui critiquent le système qui piétine la Culture comme le reste. Piétiner la Culture, c’est faire injure à nos ancêtres, à nos griots, artistes et artisans disparus qui nous l’ont léguée. Piétiner la Culture, c’est nous faire injure à nous, les acteurs culturels actuels, les artisans, les écrivains et poètes, les dramaturges, les comédiens, les humoristes, les danseurs, les chanteurs, les musiciens, les rappeurs, les créateurs de mode, les peintres, les photographes, et tous les autres.

Piétiner la Culture, c’est faire injure à Tara Boiré, Banzoumana Sissoko, Hamadou Hampâté Bâ, Lamissa Bengali, Youssouf Tata Cissé, Djeli Baba Sissoko, Fanta Damba, Bako Dagnon, Ali Farka, Moriba Koita, Bakary Soumano, Harouna Bari, Seydou Keita, et tous les autres. Qu’ils me pardonnent de là où ils sont de dire leurs noms. Ils sont la Culture. Piétiner la Culture, c’est faire injure à Salif Keita, Cheick Tidiane Seck, Kardjiké Laïco Traoré, Toumani Diabaté, Abdoulaye Konaté, Tata Bambo, Bourama Soumano, Ami Koita, Kandia Kouyaté, Haira Arby, Abdoulaye Diabaté et tous les autres. Qu’ils me pardonnent de citer leurs noms. Ils sont la Culture.

Piétiner la Culture, c’est faire injure à Seydou Badian Traoré dit Kouyaté, Cheick Oumar Sissoko, Souleymane Cissé, Ousmane Sow, Mamou Daffé, Ismaël Maiga, et tous les autres. Qu’ils me pardonnent de citer leurs noms. Ils sont la Culture. Piétiner la Culture, c’est faire injure à tous ceux que nous écoutons dans nos voitures, dans nos salons, à tous ceux que nous regardons dans nos émissions préférées. Piétiner la Culture, c’est nous piétiner toutes et tous, car chez nous, la Culture, c’est quand nos enfants nous respectent, c’est quand nous respectons nos irréprochables papas et mamans. Notre Culture, c’est notre façon de voir et penser la vie, c’est notre façon de nous saluer, de nous raconter l’histoire de nos familles, de nous plaisanter, c’est notre façon de manger, de marcher, de porter le grand boubou.

Notre Culture, c’est la sécurité sociale naturelle qui existe entre nous, c’est l’entraide, c’est la fraternité. Notre Culture, c’est notre humanité. Notre Culture, c’est éduquer nos enfants en leur disant des contes. Notre Culture, c’est chanter, c’est danser, c’est jouer de la kora, du balafon, du ngoni. Qui en veut à la Culture ?

Comme tous les évènements de ce genre, la Biennale n’a fait que renforcer cette culture-là, celle dans laquelle nous sommes nés. Notre Culture est le ciment qui a construit notre société, le ciment qui nous a permis de résister à travers le temps. Notre culture est notre patrimoine. Notre Culture est le garant de notre stabilité sociale. Notre Culture nous permet de tenir debout depuis plus de cinq ans. Piétiner la Culture, c’est sans doute vouloir augmenter le chaos. On ne se rend compte de l’utilité des fesses que lorsque l’on veut s’asseoir. Ce n’est pas parce qu’il est non voyant qu’un aveugle doit refuser de se laver le visage. Je suis indigné, et si je ne le disais pas, ce serait une démission. Qui en veut à la Culture ?

Habib Dembélé, Guimba national

Samedi 25 mars 2017     

 

Journées Théâtrales Guimba national  2017 (Bamako- du 17 au 23 juillet)

Habib Dembélé appelle les jeunes troupes à s’inscrire aux compétitions

J’incite les jeunes troupes vivant dans toutes les régions du Mali à poser leur candidature. À partir du 3 avril 2017, leurs responsables pourront demander à leur Direction régionale de la culture le règlement des compétitions et le formulaire d’inscription. La 3ème  édition des Journées Théâtrales Guimba National (JTGN) est placée sous le signe de la lutte contre l’émigration clandestine. Les jeunes troupes, par leurs textes et leurs talents, devront faire ressortir les causes sociales et économiques profondes qui poussent les Maliens à quitter nos familles et notre pays, dans l’espoir de trouver une vie meilleure dans ce qu’ils croient être l’eldorado occidental.

Les comédiens sauront jouer le désarroi de nos jeunes, la complicité de nos familles qui les encouragent parfois à partir, et la responsabilité involontaire de nos parents de l’extérieur qui ne leur disent pas souvent la vérité sur la difficulté de vivre en Occident. Grâce à leur créativité et leur talent, grâce à des arguments contradictoires solides et originaux, les troupes sauront convaincre nos candidats à l’exil clandestin qu’il existe d’autres choix que de partir risquer leur vie dans le désert et sur la mer. Les troupes sauront leur apporter des solutions concrètes afin qu’ils utilisent l’argent qu’ils tentent de rassembler pour payer des passeurs à se construire un avenir au pays.

Au Mali, notre théâtre a toujours été un des moteurs de la prise de conscience sociale et politique. N’oublions pas que l’art théâtral est l’arme la plus efficace et la plus pacifique pour toucher le cœur et l’esprit des gens. Notre pays se vide de ses forces vives. Nos jeunes sont humiliés, maltraités tout le long de leur exil clandestin, beaucoup sont avalés par la mer. Ils emportent avec eux leur dignité et celle de notre pays.

Le talent de nos jeunes troupes de théâtre contribuera à freiner cette hémorragie. Leur créativité contribuera à ouvrir les yeux des responsables de notre pays. J’encourage donc nos jeunes troupes de théâtre à répondre à cet appel à candidature. Le dossier d’inscription et le règlement des compétitions des JTGN 2017 les attendent aux bureaux des Directions régionales de la culture dès le 3 avril 2017.

Habib DEMBELE, Guimba national

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