Maïmouna Hélène Diarra, grande comédienne malienne : Enfant, j''aimais déjà imiter les autres, me mettre dans leur peau " Tinariwen de Kidal : de la révolution à la paix"

0

Agée d”une quarantaine d”années, Maïmouna Hélène Diarra est aujourd”hui l”un des baobabs de la comédie malienne. Que ce soit au théâtre ou au cinéma, elle a toujours interprété avec efficacité les rôles qui lui ont été dévolus. Dans l”interview qu”elle a bien voulu nous accorder, Hélène nous retrace le roman de sa vie. Native de la cité des balanzans, Ségou, cette grande dame à la peau d”ébène, belle et très souriante est toujours très active.

Bamako Hebdo : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Hélène Diarra : Je m”appelle Maïmouna Hélène Diarra. Je suis comédienne de formation et assistante de presse et de réalisation à l”ORTM.

Je lis les avis et communiqués en bamanan et en français à la radio et je m”occupe d”environnement à la télévision.

Avez-vous un petit nom ?

Les sobriquets n”en finissent pas. On m”appelle Bura Muso Djugu, Nabou N”Diaye, Bah Lala et Yéyé, ce qui veut dire grand-mère. Tous les autres surnoms sont des noms de rôles que j”ai interprétés dans des pièces de théâtre et des films, qui me sont restés.

Quel a été votre parcours au plan professionnel ?

Après le DEF, je suis allée à l”Institut National des Arts (INA), section art dramatique. Je suis titulaire d”un diplôme de cet institut.

Qu”est-ce qui vous a motivée à choisir la comédie à l”INA ?

J”ai passé dix ans au groupe dramatique (le théâtre national, plus connu sous le nom du Koteba) et c”est en 1991 que j”ai demandé une mutation pour la radio, sans pour autant ôter ma casquette de comédienne. Mon entrée dans la profession de comédienne n”est pas le fruit du hasard.

Un jour, impressionnée par les fulgurantes prestations du groupe dramatique en tournée à travers le pays, alors que j”étais encore très jeune, j”ai décidé d”orienter tous mes efforts afin de devenir un jour comédienne. J”ai d”abord passé mon diplôme d”études fondamentales (DEF), ce qui m”a conduit à l”INA.

Toutefois je reconnais avoir surtout été favorisée par ma famille, où l”humour est un don majoritairement partagé et où chaque membre est un comédien potentiel. Il faut reconnaître que dès ma plus tendre enfance, j”aimais imiter les gens, me mettre dans la peau des autres.

Parlez-nous du nombre de films et de pièces de théâtre dans lesquels vous avez joué?

Il y a plus de vingt films maliens et étrangers. Pour ce qui concerne les pièces de théâtre, franchement je n”en connais pas le nombre.

Comment le public malien vous perçoit-il en dehors du petit écran ?

Hélène Diarra : En dehors du petit écran, je suis comme les autres femmes, les autres mamans. Mais, quand les gens me rencontrent, curieusement ils s”étonnent, me laissent entendre que je suis extraordinaire, spéciale, hors du commun. C”est toujours les mêmes questions qui reviennent. " C”est vraiment toi ? Mais on ne le dirait pas ! Comment fais-tu pour te métamorphoser ? Je ne savais pas que tu étais jeune ! Que tu es belle !".

Etes-vous féministe?

Quelle femme ne serait pas féministe ? C”est vrai, à la mairie, on dit bien que l”homme est le chef de la famille, mais il n”est pas dit que la femme est son esclave. Ils se complètent et doivent mutuellement se respecter.

Qu”avez-vous à dire concernant la Journée internationale des femmes ?

La Journée internationale des femmes est une journée de réflexion, d”échanges d”idées, de bilan des activités, de communion entre toutes les femmes du monde, mais aussi une journée de revendications.

Le thème choisi cette année "L”émergence politique des femmes pour le changement " est assez important, car il motive les femmes pour une participation massive à la vie politique de notre pays, ce qui est possible. Le premier critère, c”est la confiance en soi. Est-ce que nos femmes leaders ont confiance en elles-mêmes ?

Etes-vous militante d”un parti politique quelconque ?

Je suis apolitique. J”appartiens à toutes les couches sociales. Je suis comédienne, donc la porte-parole de tout un peuple.

Avez- vous un modèle dans la vie?

Mes modèles sont les vieilles personnes.

Pourquoi choisissez-vous uniquement des rôles de vieilles femmes, souvent méchantes d”ailleurs ?

Je ne choisis pas mes rôles. Ce sont les réalisateurs qui me voient assez à la hauteur pour les interpréter. Mon travail consiste à donner satisfaction aux réalisateurs.

Comment jugez-vous la société malienne actuelle ? Tout se dégrade, tant au plan culture que pour l”éducation.

Quel regard portez-vous sur la culture malienne d”aujourd”hui ?

La culture malienne a bon vent, puisqu”elle se transporte partout, dans le monde entier, et qu”elle se revalorise.

Parlez-nous de vos projets ?

Des projets, j”en ai, bien sûr. Avoir longue vie, continuer à faire plaisir à mes fans et être utile à mon pays, c”est cela mes projets.

Comment meublez-vous vos temps libres ?

A éduquer les enfants, la cuisine et mettre de l”ordre dans ma maison.

Vous revenez du Fespaco à Ouaga. Où classez-vous le cinéma malien ?

Le cinéma malien va mal, pour cause de manque de financements. Le Mali, qui a l”habitude de présenter trois ou quatre films à chaque Fespaco s”est retrouvé cette année avec un seul long métrage en compétition. Ce qui a, de fait, diminué nos chances de l”emporter en 2007.

Je demande aux autorités maliennes, particulièrement au ministre de la Culture et au Président de la République d”avoir un œil toujours tourné vers le 7e art. Ils ne seront pas déçus, Inchallah.

Fatoumata Mah THIAM DOUMBIA

Commentaires via Facebook :