Lutte contre la fracture numérique au Mali : Le Grin Mobile, un projet de Cheick Diallo pour une inclusion numérique

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Concevoir un objet mobile multifonctions de fabrication simple avec des matériaux disponibles et écologiquement pertinent. Voici l’idée du nouveau projet du designer malien, Cheick Diallo, en collaboration avec des étudiants du Camm, de l’Ina et de l’Esiau. Il s’appelle le grin mobile. Il peut servir de bureau, de mobilier urbain avec un accès internet et d’espace de convivialité, voire un tisseur de lien social à l’image du grin.

L’internet constitue de nos jours un facteur important pour l’émergence de la société et contribue activement au développement humain, à l’amélioration de la cohésion sociale et à la croissance de l’économie globale. Mais comment matérialiser cette richesse en luttant contre la fracture numérique ? Le grin mobile de Cheik Diallo pourrait bien répondre à cette problématique. Un projet ambitieux dont la réalisation aura un impact socio-économique important dans notre société où le grin et l’internet constituent deux passe-temps importants pour la jeunesse.

Le grin mobile, à la base est constitué d’un tricycle (Catacatani en bambara) à énergie autonome donc solaire. Une fois sur place, on déploie le dispositif qui devient un bureau. “Le grin mobile est issu d’un projet qui s’intitule “Mini Maousse 7″ et qui est soutenu par l’Institut français. Il a vocation de lutter contre la fracture numérique”, nous explique Cheick Diallo qui a jugé nécessaire d’associer à son projet de grin mobile des étudiants de Camm, de l’école d’architecture Essiau et de l’Ina. Ils étaient une quinzaine d’étudiants qui se sont retrouvés chez lui pour réfléchir sur ce mobile.

Le grin mobile est un dispositif qui peut jouer le rôle d’un bureau ou d’un centre d’information en vue de faciliter le coworking. Il cible des gens qui n’ont forcément pas accès au numérique pour qu’ils puissent y venir assouvir leur besoin en termes de démarches administratives ou d’informations liées à l’internet. “Le grin mobile parce qu’on est parti d’un constat que le grin est un lien social très fort au Mali car il permet de réunir beaucoup de personnes pour échanger autour de différents sujets, mais actuellement le grin est menacé. C’est un corolaire, le grin est par excellence un lieu d’échanges et un lien social, c’est là où beaucoup de problèmes peuvent trouver leur solution”, reconnait M. Diallo.

Aujourd’hui, au lieu d’être profitable aux usagers, les nouvelles technologies sont en train de nous éloigner les uns et des autres. Depuis quelques temps, on constate que si le thé est toujours au grin, les échanges et l’écoute y sont difficiles.

Les jeunes sont accrochés à leur smartphone en lien virtuel avec le monde, mais imposant leur silence accablant aux autres membres du grin. Cependant, il y a aussi ceux qui n’ont ce privilège d’être fréquemment connectés. Le manque d’internet empêche aujourd’hui de nombreux jeunes de profiter des avantages liés au numérique qui devient de plus en plus un facteur de développement quasi indispensable pour l’évolution de la société actuelle.  Cet objet roulant du designer malien va donc offrir à chaque jeune la possibilité de trouver un espace de travail, qu’il ne pourra pas louer, un espace avec lequel il pourra se déplacer et inviter d’autres collaborateurs. Ce qui en fera sans doute un espace de partage.

Le grin mobile ne sera pas profitable seulement aux populations urbaines, il vise à s’étendre même dans les zones les plus reculées du pays.

“Nous voulons qu’il s’adapte aux zones reculées du Mali pour que tout le monde puisse en profiter. Il peut prendre jusqu’à 3 personnes. Il peut être un centre de renseignement. Un endroit où on répare des téléphones et bien d’autres”, ajoute Cheick Diallo.

Après l’exposition à l’Institut français de Bamako, le projet est actuellement en exposition Mini-Maousse 7, micro architectures nomades pour les oubliés d’internet à La Cité de l’architecture à Paris de mars à juin 2020. Le projet est actuellement en phase de réalisation et les premiers prototypes devraient être opérationnels courant 2020.

                             Youssouf KONE 

 

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