Si notre continent africain est dépendant dans plusieurs domaines et que les causes peuvent être vues sous plusieurs formes, il faut cependant reconnaitre que le dénominateur commun reste la domination occidentale sur nos Etats-nation et son corollaire de crises sempiternelles qui entretiennent la pauvreté épistémique. C’est pour remédier cela que dans le livre “Comment sortir de la pauvreté ? L’Etat du Mali et son peuple”, dont le lancement est prévu ce 13 octobre, à partir de 17 h à l’hôtel Dafina à Niaréla, l’auteur propose une mesure de thérapies appropriées pour lutter contre la pauvreté.
Bougadari Sanogo, l’auteur de ce livre, à cheval entre son Mali natal et le Canada sa terre d’adoption depuis plus de 30 ans, est politologue chercheur, spécialisé en relations internationales, politiques étrangères, coopération et développement. Il exerce auprès d’Immigration Canada les fonctions d’interprète en bambara, malinké et dioula vers le français. Il collabore aussi avec le mythique Club Balatou de Montréal.
Fruit de sa thèse en Master, le livre de Bougadari est structuré autour des chapitres suivants :
- Dans le chapitre I, il fait l’historique de notre pays, le Mali depuis les empires d’où la Charte de Kurukanfuga comme étant la genèse de notre civilisation ;
- Au chapitre II, fait un diagnostic sur la situation des Etats-nations africains, en général et celle du Mali en particulier ;
- Il fait le rapport entre sécurité et développement ;
- Comme perspectives d’avenir, au dernier chapitre, l’auteur fait des propositions pour lutter contre la domination et la pauvreté.
En effet, le chapitre IV s’articule autour de quatre thématiques ; à savoir : la réconciliation nationale, les causes du sous-développement du Mali, le comment sortir de la pauvreté et la place du Mali dans le monde. Sans rendre à la lettre le schéma rédactionnel de ce livre, nous vous proposons quelques extraits linéaires du fruit de ses recherches.
La Charte de Kurukanfuga, référence historique pour une vraie reconstitution de nos Etats.
“Il faudrait impérativement si nous voulons sortir de cette pauvreté qu’on ait la renaissance de l’Afrique en général et de notre Mali en particulier. Un nouveau départ en rapport avec nos valeurs imprégnées de l’esprit de la Charte de Kurukanfuga, de 1235, reconnue par l’Unesco, comme l’une des plus anciennes constitutions au monde moderne, même si elle n’est que sous la forme orale. Tout en reconnaissant que la principale problématique en Afrique francophone tient du fait que le citoyen africain n’était pas présent physiquement donc absent lors du tracé des frontières de nos Etats nations”.
Dans ce livre l’auteur suggère la reconstitution de nos Etats par le vivre-ensemble en nous référant aux valeurs sociétales et morale qui faisaient notre force et notre fierté d’où le serment de l’époque, appelé en Mandé kan, “Mandén Kalikan”. En effet, grâce au sacre de l’empereur Soundiata Kéita, l’acte de la Charte Kurukanfuga, à valeur de constitution dans toutes ses composantes et ses 44 articles, réglementait le vivre-ensemble à travers la célébration d’un code juridique prenant force de loi pour toute la communauté du Mandé. Ainsi, était institutionnalisé et bien structuré le Mandé autour de valeurs sociétales parmi lesquelles la parenté à plaisanterie appelée sanankuya, et ce, pour sceller et raffermir l’amitié entre différentes ethnies et communautés manding.
L’ordre politique Africain à l’occidental, outil de domination
“L’occidentalisation inachevée de l’ordre politique africain fait en sorte que l’Etat malien se trouve inséré dans l’économie mondiale sous domination unilatérale. Le débat de la ‘ré-conceptualisation’ de l’Etat par les organisations financières multinationales démontre clairement que le monopole de l’usage de la violence légitime au service de l’intérêt collectif échappe à l’Etat du Mali depuis son supposé accession à l’indépendance. Il faut souligner que la politique nationale depuis 1968, confère la gestion de nos ressources naturelles aux multinationaux.
Le système politique néocolonial facteur de corruption
A cette mainmise de l’occident sur nos richesses, s’ajoutent, la mal-gouvernance, la corruption et la délinquance financière érigées en système de gouvernance politique. Ainsi, le citoyen malien tout bord confondu est plongé dans un océan de corruption basée sur l’accaparement des biens public. Ceux qui exercent le pouvoir d’Etat doivent réaliser que ce n’est pas le pouvoir qui corrompt mais la peur de le perdre ! Une peur qui étouffe et anéantit tous sens du bien collectif au détriment du porte-monnaie personnel. Autrement dit, il est du constat du commun du mortel que l’Etat développe à visage découvert, un système politique gangréné par les 3 C, à savoir : le consensus, la corruption et le contournement. Il est donc impérieux de lier plus étroitement la politique et la morale civique.
Sécurité, réconciliation facteur de développement.
La crise politique et sécuritaire a sérieusement fragilisé l’Etat du Mali. Il faudrait établir un ordre politique, renforcer la sécurité et amorcer le processus de réconciliation avec la mise en œuvre de l’accord d’Alger. Le développement est indéniablement tributaire à la sécurité intérieure de nos Etats très affaiblis.
Briser le mur de la peur et cultiver l’amour pour vaincre la pauvreté
Pour conclure, comme thérapie à tous ces maux qui gangrènent notre pays, Bougadari invite chaque citoyen malien, à : “savoir briser les chaines de la peur afin de tourner le dos aux luttes de pouvoirs ; injecter dans le peuple, l’unique goute d’amour capable de dissoudre toutes sortes de haines et de douleurs ; donner cette affection et offrir des bénédictions. Cette simple goute d’amour peut faire des miracles, car il a le pouvoir de provoquer d’incroyables changements bénéfiques dans notre esprit, notre cœur et notre corps!!!” Tout ceci conduirait bien évidemment à une véritable prise de conscience collective et individuelle pour faire l’économie du savoir, dans une symphonie des cœurs et des esprits afin de pouvoir vaincre la pauvreté ! En un mot, il faudrait impérativement selon l’auteur, favoriser l’émergence d’une société profondément orientée vers la possibilité de donner du travail décent à tout individu prédisposé à participer à l’évolution harmonieuse de l’ensemble de la collectivité. Autrement dit, le constat est formel que le modèle politique du système-monde, basé spécialement sur la civilisation occidentale a atteint ses limités avec la vision unilatéraliste de ceux qui le contrôlent aveuglement. Chers lectrices et lecteurs, pour en savoir davantage, venez nombreux participer au lancement de ce livre ce samedi 13 octobre 2018, à partir de 17 h TU, à l’hôtel Dafina, au quartier Niaréla, car le jeu en vaut la chandelle.
NB : Cette cérémonie de lancement sera un avant-goût du premier sommet de la réussite que projettent le Industries-Cama, Mali-Canada, ici chez-nous au Mali, avec la présence de plusieurs sommités de la Francophonie, du 30 octobre au 4 novembre 2018, au Palais de la culture Amadou Hampaté Bâ.
Tchéwi Adams Konaté