Les écrivains et écrivaines sont les grands oubliés de nos plans de développement. On se préoccupera d’économie, de commerce, de finances, de l’argent des partenaires techniques et financiers, de positionnement politique favorable, mais ces hommes et femmes peuvent attendre.
L’Enfant noir, écrit par Camara Laye ; Le Pauvre Christ de Bomba, de Mongo Béti ; Les Bouts de bois de Dieu, de Sembène Ousmane ; L’Aventure ambiguë, de Cheikh Hamidou Kane ; Sous l’orage, de Seydou Badian Kouyaté ; Un piège sans fin, de Olympe Bhêly Quenum ; Rouge est le sang des noirs, de Peter Abraham’s ; Le devoir de violence, de Yambo Ouologuem ; Les soleils des indépendances, de Ahmadou Kourouma ; Le lion et la perle, de Wolé Soynka ; La vie et demi, de Sony Labou Tansi ; Voilà une série d’œuvres qui ont été écrites par une génération d’hommes qui ont émerveillé le continent.
Par une autre vague, les écrivaines africaines font leur entrée sur la scène littéraire à partir de la fin des années 1970 : d’abord avec la Sénégalaise Mariama Bâ (Une si longue lettre), puis avec sa concitoyenne Aminata Sow Fall avec Le revenant, Mariétou Mbaye avec Le baobab fou, Véronique Tadjo avec Biléom, Loin de mon père et Calixthe Beyala avec C’est le soleil qui m’a brûlée.
Des écrivains qui ont su comprendre la réalité d’un continent. Ils ont produit des œuvres de grande qualité dans toutes les formes d’écriture. Ils ont voulu rendre compte de la complexité du continent africain dont ils restituent, sur le plan littéraire, la grandeur ancestrale. Des auteurs socialement engagés à travers l’écriture. Leurs essais, récits initiatiques, romans, contes et livres d’histoire, sont nourris de sagesse et d’appels à la démocratie. La nostalgie du passé en Afrique se mêle aux valeurs de la tradition en conflit avec la modernité. Certains des écrivains et poètes de cette époque savaient fort bien que nous sommes capables de faire du continent un havre de paix. L’actualité dans nos pays semble ne pas avoir assez de lumière à projeter sur ces hommes et femmes. Nos développeurs n’ont pas beaucoup de leur temps à consacrer.
Oui, les écrivains et écrivaines sont les grands oubliés de nos plans de développement. On se préoccupera d’économie, de commerce, de finances, de l’argent des partenaires techniques et financiers, de positionnement politique favorable, toutes choses qui génèrent des espèces sonnantes et trébuchantes. Mais ces hommes et femmes peuvent attendre. C’est l’accessoire, l’appendice de l’essentiel. Et ce bouquet d’expertises, dans le cadre d’une véritable industrie, a un coût qu’on ne saurait ne pas mettre au compte du développement d’un pays, en termes de matières premières rassemblées, de facteurs de production mobilisés, de travail rémunéré, de créativité déployée, de produits fabriqués et distribués.
Destin GNIMADI