L’événement littéraire de la semaine est, sans nul doute, la parution du livre : «Les Mandingues de Koumbi à Paris» de Jean Djigui Kéïta. L’ouvrage a été présenté au public ce vendredi 16 novembre 2012 au musée national du Mali devant de nombreuses personnalités, des amis et parents de l’auteur entre autres.
La cérémonie de lancement était présidée par le Ministre de la Culture M. Boubacar Kébé sous le regard vigilant du critique littéraire Dr Paul Drabo professeur de lettres à l’Université de Bamako.
Dans son discours d’ouverture, le Ministre Kébé s’est félicité de ce lancement qui vient enrichir le répertoire de la littérature malienne. M. Kébé s’est dit honoré de présider cette cérémonie qui consacre le lancement d’un essai qui, pour le Ministre, va éclairer nos connaissances sur les mandingues.
Du résumé de cet ouvrage, on peut retenir que c’est un essai de présentation de certains éléments attestant de la réalité de l’occupation massive de l’Afrique de l’Ouest par les peuples mandingues, en même temps qu’une tentative d’explication de leur dynamisme d’expansion.
Dans une sorte d’appel du griot servant d’introduction, l’auteur énumère brièvement les principales étapes qui ont marqué le moment d’expansion à travers l’histoire : le royaume du Wagadou et l’empire du Ghana, l’empire du Mali, les royaumes des Bambara de Ségou et du Kaarta, l’empire des Dioula de Kong, les impacts des contacts des mandingues avec les européens, la conquête coloniale et le morcellement du jamana.
La réalité de l’expansion mandingue en Afrique de l’Ouest est attestée par la présence d’éléments spécifiques à leur culture à savoir : les patronymes ou jamu, les prénoms, la langue et ses divers dialectes.
La première parte traite des éléments d’une identité mandingue, l’auteur identifie d’abord ce qu’il considère comme les principaux groupes du monde des mandingues : les Soninkés, les Malinkés, les Bambaras, les Dioula et les groupes périphériques avec une mention spéciale accordée aux peulhs «mandinguisés».
La deuxième partie traite du peuplement mandingue d’aujourd’hui. Elle a pour objectif principal d’identifier un centre du peuplement mandingue, c’est-à-dire les territoires occupés aujourd’hui par les Soninkés, les Malinkés, les bambaras et les Dioulas, une périphérie occupée par des groupes mandingues très influencés par des locaux (les Soussous, les Temnés, les Sanogo, …). Les territoires que les mandingues occupent significativement avec d’autres groupes non mandingues (Casamance, Guinée-Bissau, le pays des bobos, …)
La troisième partie traite des phases de l’expansion des mandingues. Selon l’auteur, les griots et historiens mandingues divisent l’histoire en quatre phases : kuma koro ou la vieille parole ; kuma folo ou la 1ère parole ; kuma korotôla ou la parole vieillissante ; et enfin kuma ou la parole. A ces quatre phases, l’auteur propose d’ajouter deux phases supplémentaires à savoir : kuma tunununen ou la parole perdue, et kuma naato ou la parole qui vient.
La quatrième et dernière partie traite de l’avenir des mandingues. Elle est intitulée, quel avenir pour les mandingues ? Où encore Kuma Naato (la parole qui vient) qui est consacrée à l’étude des impacts que les contacts avec les Européens ont eu sur la société mandingue : le morcèlement territorial, la division politique, l’acculturation des élites et les échecs des tentatives d’unification.
Cette quatrième partie ainsi que l’ouvrage lui-même se termine sur une proposition d’intégration politique de la sous-région Afrique de l’Ouest, tenant compte du fait majeur de la présence massive des peuples mandingues dans cet espace.
Youba KONATE