Quel est l’état actuel des manuscrits anciens de Tombouctou, après la crise qui a secoué les régions au nord du Mali ? Quelles doivent être les conduites à tenir en cas de conflits armés ou de catastrophes naturelles pouvant porter atteinte à l’intégrité des manuscrits ? Comment organiser leur retour à Tombouctou ? Ce sont-là autant de questions inscrites à l’ordre du jour d’un atelier de réflexions de 2 jours qui a démarré le 5 novembre 2014, au CRES, sur « les manuscrits exfiltrés de Tombouctou pendant la crise ».
Sous l’égide de l’Institut des hautes études et de recherches islamiques Ahmed Baba (IHERI-AB), des experts maliens pendant deux jours vont mener une réflexion sur les manuscrits exfiltrés de Tombouctou pendant la crise. « La soudaineté de l’occupation des régions du Nord du Mali en 2012, n’a pas permis aux responsables et agents en charge des manuscrits et bibliothèques de manuscrits de mettre ceux-ci en sécurité », a rappelé Dr Abdoulkadri Idrissa Maïga, directeur de l’IHERI-AB. Il a indiqué que les manuscrits sont restés longtemps sous le contrôle des groupes armés laissant planer un risque réel quant à leur intégrité physique. « Ne pouvant se résoudre à laisser perdurer cette situation, les responsables de la SAVAMA DCI-et de l’Institut se sont concertés afin de voir dans quelles mesures les manuscrits pouvaient être mis à l’abri », a-t-il révélé. Avant d’ajouter que de ces réflexions naquit un plan d’exfiltration dont la conception et l’exécution entourées du plus grand secret ont abouti à l’exfiltration des manuscrits vers Bamako au plus fort de l’occupation de la ville par les djihadistes. Selon lui, à Bamako, le sort des manuscrits a suscité la mobilisation de la communauté internationale à travers la mise en place d’initiatives et de programmes d’urgence en vue du conditionnement et de la sécurisation des manuscrits. « Certaines des activités sont arrivées à terme, d’autres sont en cours et en perspectives », a-t-il indiqué. Avant d’ajouter que le présent atelier vise dans un premier temps à faire l’état actuel des manuscrits et ensuite, à travers les discussions, et échanges d’expériences, à outiller l’Institut à mieux réagir en termes de sauvetage, de sauvegarde et de conservation des manuscrits en cas de nouvelles crises sécuritaires ou naturelles. Pour cela, il dira que les participants devront déterminer les types de menaces qui peuvent peser sur les manuscrits et les réactions des acteurs en cas d’éventuelles catastrophes naturelles ou sécuritaires.
Assane Koné