Préfacé par l’ancienne ministre de la culture, Aminata Dramane Traoré, « L’Afrique en procès d’elle-même » est un chef d’œuvre qui traduit le résultat d’un travail de recherche et de réflexion de son auteur. Entre les lignes Koro Traoré dépeint une Afrique des paradoxes, des incohérences dans ses rapports avec l’Occident, un continent malade de son manque de souveraineté, de sa liberté de penser et de décider de son destin.
Comment l’Afrique peut-elle restée à la traine malgré ses gigantesques richesses ? Sur quoi doivent s’appuyer les rapports Afrique-Occident en matière de coopération ? La problématique a inspiré un livre chez l’écrivain malien Koro Traoré. L’ancien étudiant de l’Ecole nationale d’administration (Ena) de Paris, aujourd’hui chef du Bureau de l’institut national de prévoyance sociale à Paris, pense que l’Afrique est en procès d’elle-même.
« L’Afrique en procès d’elle-même », c’est donc le titre de l’ouvrage qu’il vient de consacrer.
Préfacé par le leader altermondialiste, Aminata Dramane Traoré, le livre est une source d’inspiration, un trésor d’idées, diront les critiques littéraires. Le choix pertinent des thématiques, le style innovant, la simplicité d’écriture et son caractère engagé, etc. les professionnels de la littérature ne tarissent pas d’éloges sur le livre.
La sortie du présent ouvrage intervient au moment où le débat fait rage quant à l’effectivité de l’indépendance du continent africain. Lequel peine à asseoir sa souveraineté et à profiter de ses gigantesques richesses, etc.
Paru en juillet dernier aux éditions « Golias » à Paris, « L’Afrique en procès d’elle-même » lance donc le débat sur des questions vitales pour l’avènement d’une Afrique souveraine et prospère, libre de penser et de choisir de manière autonome et de gérer ses immenses richesses dans l’intérêt des peuples. L’un des défis consistera en la connaissance du monde globalisé dans lequel nous avons été projetés à notre insu.
« L’Afrique en procès d’elle-même » fait référence aux intérêts occidentaux sur le continent qui justifient les incohérences et les inconséquences de la politique africaine, notamment de la France. « Du coup, rares sont les dirigeants africains, pourtant investis de la légitimité de leurs peuples, qui parviennent à défendre les intérêts de ceux-ci », analyse l’auteur du livre.
Pourtant, renchérit Koro Traoré, les indépendances avaient été saluées comme la fin d’une longue nuit d’oppression, fondatrices d’un comportement d’exemplarité, la sanction de l’échec du système des valeurs occidentales et de l’humanisme blanc. « L’Afrique se devait de forger ses propres repères, faire prévaloir son authenticité et sa spécificité. Ces espérances ont été, en grande partie, déçues par la faute des élites africains », tranche l’auteur du livre. Bref, ce livre fait un procès en règle. Pour son auteur, les blessures de l’Afrique doivent être pansées par elle-même.
Au moment où nos bibliothèques sont à la recherche de livres engagés, « L’Afrique en procès d’elle-même » est un ouvrage bienvenu, et son enseignement dans nos grandes écoles de sciences politiques et d’histoire ou de relations internationales, est un gage de renforcement de la formation des ressources humaines dans notre pays. Un livre à lire absolument.
I. F. Sissoko