De nos jours on se demande si nous ne devons plutôt pas l’appeler Guimba international tant il se fait rare sur scène à Bamako. En effet depuis quelques années Guimba n’arrête de faire le tour de la planète sur scène. Le surnom de cette bête du théâtre malien Habib Dembélé n’est sûrement pas tombé du ciel. La paternité de ce sobriquet évocateur est née du génie et découle droit du chef d’œuvre WARI du célèbre metteur en scène Ousmane Sow. C’est le lieu de lui rendre hommage. Une œuvre qui restera longtemps gravée dans la mémoire du peuple malien tant le risque était énorme à prendre pour l’interpréter. Personne ne pouvait penser à l’heure de la dictature oser écrire une telle pièce théâtrale. Encore moins imaginer l’interprété sur scène. Ce courage et cette audace exceptionnelle nous le devons aux comédiens maliens de l’époque. Ils auront largement contribué à l’éveil des consciences à la veille de la révolution du 26 mars 1991.
Wari retrace la fabuleuse histoire de Guimba Kassabra ingénieur pont et chaussée majeur de sa promotion fraichement revenu au pays natal durement frappé par le chômage. Depuis ce futur cadre erre d’endroit à endroit et sombre dans l’alcoolisme. De manière astucieuse, dans une mise en scène époustouflante, Ousmane Sow et ses comédiens ont su mettre le doigt sur les maux qui gangrènent la société malienne et notre quotidien. D’un coup de maitre il nous plonge au cœur des nuits chaudes Bamakoises où jaillissent les tares de la société. Tout passe au four et au moulin devant la table du vendeur de café Fodé adossé aux murs du jardin d’enfant Sabu Niouman. Rien ne sera épargné de l’exode rural, à la corruption, l’abus de pouvoir, la prostitution, la dépigmentation… Avec intelligence Ousmane Sow n’a rien oublié. Malheureusement ces phénomènes restent d’actualité encore de nos jours et semblent s’enraciner de plus belle. Difficilement on peut expliquer Wari de bout en large. Il faut le vivre pour s’en apercevoir.
Le programme de ces journées alléchantes se décline en plusieurs phases. Les cérémonies d’ouverture se tiendront le mercredi 29 avril 2015 à 16 heures au CICB. Puis suivront une série de représentations théâtrales au palais de la culture, une conférence débat et un spectacle géant au stade Modibo Keïta.
Le 30 avril le public pourra participer à la conférence débat animée par Dadié Dagnoko, ex Ministre de Culture actuellement ambassadeur du Mali accrédité au Gabon à 16heures au CICB. Le thème abordé demeure : ” quel rôle peut jouer l’artiste dans la sortie de crise “. Le soir rendez-vous est pris pour savourer la pièce théatrale ” Wari ” au cours duquel les sommités du théâtre et du cinéma malien mettront en exergue leur savoir et savoir-faire.
Vendredi 1er Mai Guimba National interprétera le spectacle ” A vous la nuit ” interprété en langue francaise pendant la soirée d’hommage à Fantani Touré paix à son âme au Ciné Magic ex Babemba suivi des prestations d’artistes locaux.
Samedi 2 Mai est proposé au menu ” la Nuit du rire “. Les spectateurs pourront dévorer la pièce théâtrale Féréké Gnagamibougou, le duo Guimba National et son complice de tous les temps Michel Sangaré dans Sabu Gnuman, Dioro, Dioro… et les petits Guimba monteront sur scène. Attendez-vous à vous écrouler de rire tout au long de la soirée.
Dimanche 3 Mai les rideaux tomberont avec : ” La nuit de la parole ” où les célébrités de la musique malienne donneront une touche particulière à l’évènement dans un concert géant au stade Modibo Keïta jusqu’à l’aube. Seront de la fête Oumou Sangaré, Babani Koné, Niani Diabaté, Safi Diabaté, Astou Niamey, Kafouné Diarra, Sadio Sidibé, Sira Kouyaté, Master Soumy, Mylmo, Gaspy, Talby, MSAK et le Groupe de percussions.
Au cours de cette soirée mémorable le jury fera la délibération et la remise du trophée Guimba National à la meilleure troupe théâtrale.
Les prix d’entrée aux différents spectacles et aux manifestations sont largement abordables et demeurent à la portée du pouvoir d’achat des maliens. Ils varient entre 2000 et 5000F CFA.
Aboubacar Eros Sissoko