Le ministre N’Diaye Ramatoulaye Diallo à la Rentrée culturelle, artisanale et touristique du Mali 2016 : «Non, non et non, la culture malienne ne s’est pas laissée mourir dans les turpitudes de la crise»

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N’Diaye Ramatoulaye Diallo

«Non, non et non, la culture malienne ne s’est pas laissé mourir dans les turpitudes de la crise. Non, la culture malienne n’est pas morte avec les successions de crises depuis bientôt une décennie. Et, non, la culture malienne n’a pas été réduite en cendres pour qu’elle veuille aujourd’hui renaître de ses cendres». Telle est la forte conviction que Mme N’Diaye Ramatoulaye Diallo, ministre de la Culture, de l’Artisanat et du Tourisme, a tenu à partager lors de la cérémonie d’ouverture de la Rentrée culturelle, artisanale et touristique du Mali 2016. Lisez l’intégralité de son discours !

«Mesdames et Messieurs,

Non, non et non la culture malienne ne s’est pas laissé mourir dans les turpitudes de la crise. Non, la culture malienne n’est pas morte avec les successions de crise depuis bientôt une décennie. Et, non, la culture malienne n’a pas été réduite en cendres pour qu’elle veuille aujourd’hui renaître de ses cendres.

Mesdames et messieurs,

Je veux garder à l’esprit avec vous qu’au plus fort de la guerre contre les narcotrafiquants, reconvertis en terroristes, la culture a été une cible privilégiée. Je veux garder à l’esprit avec vous qu’il a été souhaité la mort de notre culture, dans toute sa diversité et dans toutes ses expressions, quand les pierres de nos mausolées tombaient une à une. Je veux garder à l’esprit que les artistes et les artisans dans leur large majorité ont vécu (et continue par moment de vivre) chaque incursion dans notre stabilité comme une attaque contre leurs professions.  Je peux, mesdames et messieurs, continuer de dresser ce tableau noirci de nos secteurs à charge, mais je préfère noter avec satisfaction le courage, la détermination et l’abnégation de tous à brûler avec ferveur le linceul que certains préparaient pour les secteurs du tourisme, de l’artisanat et de la culture.
Mesdames et messieurs,

Partant de ce liminaire, on pourrait croire que nous sommes en déphasage avec le thème de la Rentrée Culturelle, Artisanale et Touristique 2016, qui se conjugue sous le sceau de la Renaissance. La conférence inaugurale, que j’aurai le plaisir d’animer, reviendra longuement sur notre entendement de ce concept de la renaissance culturelle, artisanale et touristique. Mais avant, je voudrais souligner une particularité de cette édition 2016 de la Rentrée. En effet, la fusion des départements de la culture et celui de l’artisanat et du tourisme a été l’occasion de renforcer la synergie entre ces trois secteurs et d’en faire des secteurs interdépendants, de sorte à ce que nous puissions les percevoir comme étant des maillons d’une même chaîne qui se met au service du développement du Mali. Pour schématiser, la culture est l’agent commercial du tourisme qui, lui-même, sert de boutique à l’artisanat. C’est cette vision qui justifie que nous ayons souhaité faire une rentrée à la fois culturelle, artisanale et touristique. Et, contrairement aux autres années, la Rentrée 2016 est étalée sur trois jours aux fins de permettre une réflexion approfondie sur le retour et le schéma d’organisation de la Biennale artistique et culturelle en 2016.

Mesdames  et Messieurs,

La Rentrée culturelle, artisanale et touristique est un exercice auquel nous nous plions pour exposer, échanger et vulgariser les grandes orientations de notre politique, à travers notamment les actions prioritaires que nous comptons entreprendre dans le secteur public et/ou en partenariat avec les acteurs privés et les partenaires techniques et financiers. Avec ambition, nous avons axé le thème sur la «Renaissance culturelle, artisanale et touristique» pour souligner la nécessité d’une prise de conscience collective et le refus du peuple malien de voir ces secteurs mourir, parce que vider de leur essence première. Autant, nous voulons travailler à un retour plus dynamique de ces secteurs, comme sources de création de richesses, autant, nous souhaitons un retour au fondement même de ces secteurs qui ont fait la grandeur et la renommée du Mali.

La Renaissance doit s’entendre comme notre lutte à reconquérir notre glorieux et riche passé culturel, artisanale et touristique pour conquérir, à nouveau, le monde. Ce transvasement du passé vers l’avenir ne sera pas un mécanisme dont les automatismes nous sont connus. Il s’agit d’un combat de longue haleine, auquel chaque contribution sera une volonté patriotique de faire revivre de son meilleur souffle la culture, l’artisanat et le tourisme malien.  L’esprit de la Renaissance se détermine par un certain nombre de signes, dont l’apparition de nouveaux modes de diffusion de l’information ; la lecture scientifique des textes fondamentaux ; la remise à l’honneur de la culture «antique» ; le renouveau des échanges commerciaux ; et enfin, les changements de représentation du monde.

Mesdames et Messieurs,

Pour 2016, je le disais tantôt, nous sommes ambitieux. Cette ambition est marquée, en ce qui concerne la culture, par le retour souhaité de la Biennale artistique et culturelle, mais aussi par l’organisation du Triangle du Balafon, de la Rencontre des chasseurs de l’Afrique de l’Ouest et du très attendu, Marché des arts plastiques. Ces activités visibles n’occulteront pas ce travail engagé pour la professionnalisation du secteur. Dans le domaine de l’artisanat et du tourisme, le Mali n’attendra plus de subir l’onde de choc de la crise, le Mali se vendra par son savoir faire au niveau national et international, par son savoir-être et par son authenticité nourrie dans une culture multiséculaire.
Ce savoir-faire doit se professionnaliser davantage par une formation soutenue de nos artisans, en vue de donner un cachet, une crédibilité au «Made in Mali». Il est à en déduire que le retour de nos artisans sur la grande scène des foires et autres salons internationaux, la création de nouvelles opportunités d’exportation de notre artisanat, suivant l’harmonisation de nos textes conformément aux dispositions des organes de la sous région, sont au cœur de notre action.
Quant au tourisme, pour cette année, il sera porté par les conclusions à venir des Concertations nationales sur le tourisme, qui réuniront tous les acteurs (partant des hôteliers, des tours opérateurs aux guides, en passant par les représentants de notre diplomatie). Ces conclusions, je l’espère, valideront notre propension à développer le tourisme scolaire et universitaire ainsi que notre ambition à trouver de nouveaux débouchés, de nouveaux visiteurs de toutes les richesses du Mali. Aussi, le tourisme d’affaire et le tourisme événementiel auront un regain d’intensité avec le grand rendez-vous du Sommet Afrique-France, qui est une opportunité que nous saisissons déjà.

Mesdames et messieurs,

L’ambition demande de l’abnégation, certes, mais elle se nourrie volontairement ou non de l’apport des uns et des autres. C’est pourquoi, je voudrais remercier sincèrement la Direction d’Orange-Mali qui contribue à faire de ce projet de «Renaissance» une réalité en ouvrant la voie à un financement de ses grandes activités. Évidemment, je profite de l’occasion pour lancer un appel à tous pour soutenir financièrement la culture, l’artisanat et le tourisme malien. La première de toutes ses contributions, reste, sans doute, notre capacité à consommer malien. Au-delà, je voudrais saluer la détermination des artistes maliens, des artisans du Mali et de tous ceux qui exercent dans le domaine du tourisme, à vouloir sortir de l’ornière ces secteurs. De même, je voudrais saluer la constante disponibilité du CNPM et du GPAC, qui n’ont ménagé aucun effort à accompagner nos projets de réforme. Merci de continuer à nous proposer des idées novatrices. Merci de croire en l’esprit de ce partenariat public-privé pour le Mali.

Mesdames et messieurs,

L’ambition, dans la sphère politique et gouvernementale, est une utopie quand vous n’avez pas le quitus de la hiérarchie. C’est pourquoi, je voudrais ici remercier le Président de la République, Son Excellence Ibrahim Boubacar Kéïta, ainsi que le Premier ministre, pour leur lecture du rôle que doivent jouer les secteurs de la culture, de l’artisanat et du tourisme au Mali. Cette lecture, dans sa mise en œuvre, est un travail collégial avec tous mes collègues, à qui j’adresse ici mes vifs remerciements pour l’accompagnement présent et futur.

Mesdames, Messieurs,

La sagesse bien de chez nous dit que “Si le baobab existe encore de nos jours, c’est qu’il n’a pas cherché à résister aux vents”. Je souhaite que la Rentrée culturelle, artisanale et touristique s’inspire, encore longtemps, de ce réflexe du baobab pour exister toujours.
Sur ce, je déclare ouverte l’édition 2016 de la Rentrée culturelle, artisanale et touristique.

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