A la 24e édition du Festival du film de Carthage en Tunisie, le Mali n’a pas réalisé un miracle, même s’il était l’invité d’honneur. Mais le nouvel espoir de coopération culturelle né des échanges entre le ministre de la Culture et son homologue tunisien, a donné un cachet particulier à une mission jugée fructueuse par la délégation malienne.
Le ministre de la Culture, Boubacar Hamadoun Kébé, est rentré la semaine dernière d’une mission de Tunisie à la tête d’une délégation dans le cadre de la 24e édition du Festival de Carthage. Tenu du 16 au 24 novembre derniers, cet événement culturel majeur avait à l’honneur 210 films de 34 pays.
Le Mali a occupé une place de choix dans les festivités avec son statut d’invité d’honneur et au programme deux films sélectionnés : il s’agit du documentaire “Korofola” de Mamadou Cissé et le long “Toile d’araignées” du réalisateur Ibrahim Traoré. Ce festival avait une dimension plutôt symbolique, comme l’explique Ahamani Touré. Car, sous une nouvelle direction post révolution, l’événement a présenté son premier marché du film.
Selon le responsable de la communication du ministère de la Culture, cette 24e édition a été marquée par un dispositif comprenant des ateliers des projets, permettant aux réalisateurs et producteurs originaires des Etats africains de présenter leurs productions à des interlocuteurs nationaux internationaux du secteur, en vue de décrocher des fonds de financement et le soutien de producteurs potentiels.
Le Mali en vedette
Le Festival de Carthage a rendu un vibrant hommage au Mali avec la participation de plusieurs de nos artistes, comme Naïni Diabaté et l’orchestre de Haira Arby qui ont donné le ton à la soirée d’ouverture. Devant des invités des quatre coins du monde entier, ces ambassadeurs du Mali ont enflammé les premiers moments de cet événement. Et Haira Arby de rendre hommage à Tombouctou. Cette terre qui l’a vue naitre, riche de valeurs culturelles maliennes, est malheureusement sous occupation de groupes armés sans foi ni loi depuis plus de 7 mois. On comprend alors l’émotion qui a envahi les milliers de spectateurs à cette soirée.
Le festival des Journées cinématographiques de Carthage, c’était aussi la reconnaissance du mérite de ceux qui ont fait le cinéma africain. Parmi eux, le double lauréat du Fespaco (Festival panafricain du film et de la télévision de Ouagadougou), Souleymane Cissé. Le Festival de Carthage s’est fait le devoir de rendre un vibrant hommage à notre compatriote à travers la diffusion de nombreuses de ses œuvres, dont “Waati” au Théâtre municipal de Tunis.
En Tunisie (comme au Burkina Faso), Souleymane Cissé est une icône du cinéma. C’est ici qu’il a déjà remporté le “Tanit de bronze” en 1972 pour son film “Cinq jours d’une vie”, et le “Tanit d’or” en 1982 pour le film “Finye” (le Vent).
L’un des temps forts de cette 24e édition du Festival de Carthage, c’était aussi, la conférence débats sur la problématique de la création du Fonds panafricain pour le cinéma et l’audiovisuel, basé en Tunisie. L’adhésion du Mali, qui a été exprimé par l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) a été appuyée par plusieurs “amis”.
Aux termes de ce Festival, c’est le Sénégal qui se taille la part du lion en remportant, dans la catégorie longs métrages le “Tanit d’or” à travers son réalisateur Moussa Touré pour son œuvre “la Pirogue”. Il sera suivi Faouzi Bensaidi du Maroc avec “Mort à vendre”, et s’offre le “Tanit d’argent”. Quant au bronze, il a été attribué à Hala Lotfi de l’Egypte pour son œuvre “Sortir au jour”.
Nouvel élan de coopération culturelle
Si le Mali ne décroche pas de trophées à ce festival, son réalisateur Mamadou Cissé reçoit la mention spéciale du jury pour son documentaire “Korafola”, qui retrace le parcours courageux d’une jeune artiste aveugle dès le bas âge, qui a surmonté les épreuves pour se tailler une place dans le monde de la musique.
La 24e édition des Journées cinématographiques du Carthage a permis au Mali d’impulser une nouvelle dynamique à la coopération culturelle entre notre pays et la Tunisie. En marge du festival, Boubacar Hamadoun Kébé a eu des échanges fructueux avec son homologue tunisien, notamment sur l’accord de coopération culturelle signé en 2010 entre les deux Etats et qui prend fin en ce mois de décembre 2012.
Les deux ministres ont convenu au cours de leurs échanges que cet accord va être approfondi afin de bien déterminer les domaines d intervention. Le ministre malien de la Culture a également sollicité l’expertise de la Tunisie en matière de restauration du patrimoine malien touché par les événements au nord. Ce pays du Maghreb, doté d’une bonne expérience dans le domaine, a assuré la partie malienne de toute sa disponibilité.
La Tunisie promet d’accorder des formations en stage aux artistes maliens, et éventuellement d’augmenter les bourses d’études académiques offertes au Mali. L’objectif de cette promesse, nous explique-t-on au ministère de la Culture, est de combler le déficit de formation dans les filières artistiques.
Le ministre Kébé a aussi procédé, au cours de son séjour tunisien, à de nombreuses visites des sites culturels tunisiens, dont la Bibliothèque nationale, le Musée de la musique méditerranéenne et site archéologique de Carthage, le Musée national et le Quartier des artisans la Médina.
La participation du Mali au Festival de Carthage a marqué un nouvel élan de coopération culturelle entre les deux pays.
Issa Fakaba Sissoko