Le Mali à l’Expo 2020 Dubai : Sur fond de trahison et de spoliation

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À quelques encablures de la fermeture de l’Exposition universelle Dubai 2020, les langues se délient sur les causes et implications de la participation ratée du Mali à ce rendez-vous exceptionnel. Les grincements de dents proviennent notamment d’acteurs très attendus à l’événement – et qui avaient plus vocation à présenter et représenter valablement notre pays, mais aux dépens desquels le rendez-vous mondial aura été récupéré par des participants inéligibles.

Nul besoin, en définitive, que le Mali se dote d’un «Pavillon» à l’Expo 2020, à l’instar de tous les pays qui y prennent part. Et pour cause : les occupants habituels et légitimes de cet espace commercial, les artisans en l’occurrence, ont été habilement supplantés par plus nantis que sont des officiels en tourisme, des stars huppées du showbiz malien et autres notoriétés de la haute société. Bref, une inversion des rôles assez criante pour sonner la révolte et l’indignation dans les rangs des grandes victimes de cette injustice à ciel ouvert. Elles ont donc rompu le silence, à travers un Collectif d’artisans monté au créneau, lors d’une conférence de presse, pour dénoncer vigoureusement les conditions dans lesquelles une précieuse opportunité commerciale leur a été volée au profit de privilégiés de dernière minute. C’est avec les larmes aux yeux et la gorge nouée de frustrations, en effet, que leur principal porte-voix a déroulé les manœuvres et artifices au moyen desquels les artisans ont été exclus du voyage de Dubai, en  criant à la trahison par les différentes autorités impliquées. Il ressort du récit de Monsieur Hassèye Touré que les assurances de participation données au monde des artisans ont conduit nombre d’entre eux à s’endetter auprès des banques pour investir des fortunes dans un événement qu’ils ne verront finalement jamais puisque les organisateurs leur ont préféré des privilégiés. Ce n’est pas tout. L’espace dédié au Mali, selon les plaignants, serait en train de servir à l’exposition de tout un container d’objets artisanaux acheminé de Bamako à destination de Dubai au nom d’artisans qui affirment ne pas s’y reconnaître. «Aucun objet de ce container n’appartient aux artisans», a alerté une membre du Collectif attirant du coup l’attention sur une vraisemblable exploitation frauduleuse des facilités qui leur reviennent de droit. Ils en veulent pour preuve les reconnaissances officielles et publiques d’autorités maliennes au pays d’accueil de l’Expo d’avoir renoncé à 100 millions de nos francs représentant la TVA sur les marchandises maliennes introduites  aux Émirats, dans le cadre de la participation du Mali à Dubai 2020. Et les artisans d’en déduire, en se référant au montant de la TVA, que la valeur desdites marchandises est estimée à plus d’un milliard tout en dénonçant le profit que tirent des acteurs opportunistes d’un événement que les animateurs légitimes du secteur artisanal préparent depuis 5 années.

Il faut dire que l’organisation de Dubai 2020 n’a été jalonné que de signes avant-coureurs du drame qui couronne la participation du Mali. Au grand dam de candides ayant trop misé sur le Mali Koura promis par les autorités, l’Expo s’annonçait depuis longtemps sans les retombées qu’on pouvait espérer d’un créneau aussi exceptionnel d’épanouissement entrepreneurial. En cause, sa gestion patrimoniale ayant réduit l’événement à une série de voyages improductifs pour officiels assoiffés de parties touristiques ou de profits commerciaux propres. C’est ainsi que l’exploitation de l’Expo Dubai 2020 laissait à désirer et l’amateurisme du personnel en charge de l’organiser assez évocateur de la légèreté avec laquelle le département de tutelle a aborder la participation du Mali. Il en a résulté que les visées personnelles, les considérations de personnes et la course au filon l’emportent sur le dessein collectif au point de présider au choix d’une secrétaire pour assurer la direction du Pavillon Mali par exemple. Une posture qui traduisait en effet une mainmise clanique qui s’accommode peu de professionnalisme et d’orthodoxie embarrassante.

Ce faisant, le département en charge de l’industrie et du commerce rame à contre-courant de la marche du Mali-Koura tant agité par les nouvelles autorités en travestissant son credo – «l’homme qu’il faut à la place qu’il faut» – au détriment d’opérateurs économiques sevrés, tout comme les artisans, des dividendes qu’ils pouvaient tirer de l’Expo Dubai 2020 en termes de retour sur investissements.

La participation du Mali se résume par conséquent en simple randonnée touristique d’officiels, quand les opportunités d’affaires ne sont dilapidées au profit de calculs et manœuvres de rentiers. Car, à la différence notoire de nombreux pays voisins – dont les autorités ont pu saisir l’occasion pour nouer des conventions de partenariat -, aucune moisson pour les opérateurs du secteur privé malien.

 

A KEÏTA

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