Tous les jours vers 10h, je rencontre une dame, un bébé au dos, des fagots et des condiments en main, retournant chez elle. Au début, je ne faisais pas attention à elle. On se saluait et chacune vaquait à ses occupations jusqu’au jour où une des fillettes de mon «bonbon grin» (club de distribution de bonbons) me dit que sa mère était malade. Nous sommes allées la voir et, à ma grande surprise, c’était la brave dame en question et elle habitait à quelques maisons de moi. Elle était épuisée…
Son quotidien ? Debout avant tout le monde, son bébé n’a pas 8 mois, ses six autres enfants (dont ceux que la première épouse de son mari a abandonnés), elle va chercher des habits à laver, des petits travaux à faire ça et là. Et c’est avec ces sous qu’elle achète des condiments et tous les autres nécessaires pour préparer à manger à la maison. Avant que le propriétaire ait accès au compteur de la SOMAGEP, elle prenait l’eau chez une voisine…
Je ne l’ai jamais vue mendier et ses enfants sont toujours propres, comme ceux de leur âge, sa devanture bien entretenue et elle a toujours un sourire ou une parole bienveillante pour les autres… Elle n’est pas veuve ! Elle a bien un mari, toujours bien propre, bien parfumé qui sort tous les matins sur sa moto Jakarta et le soir va s’asseoir pour discuter avec les gardiens. Donner la popote, payer la scolarité des enfants, faire leur entretien… sont les derniers de ses soucis.
Cette dame ne sait ni lire ni écrire ; elle ne connaît rien de nos vies de Bamakoises, même si elle vit en pleine capitale.
Des femmes comme cette dame, il y en a des tas à Bamako. Ce sont à elles que nous devrions consacrer nos 8 Mars ; prendre une journée à en faire des reines, les envoyer chez la coiffeuse, coudre des pagnes, organiser une fête…
Aw Bonzourou le peuple (Je vous salue, le peuple) et bon mois de mars à tous !
Tatou Solidarité