Le camerounais Marcel Kemadjou Njanke, promoteur du festival international de Poésie : “Le Mali regorge de grands poètes”

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Né au Cameroun, sMarcel Kemadjou Njanke a publié "Cris de l’Ame", son premier recueil de poèmes et son premier livre en 1994, après avoir obtenu le prix de la jeune poésie d’Afrique centrale. Ont suivi "Le mendiant bleu" (nouvelles) et "Poto-Poto blues" (poèmes), "La chambre de Crayonne" (textes), ainsi que Incantations (poèmes), "Dieu n’a pas besoin de ce mensonge" (racontages), Quarante feuilles de l’Amour (chants) et bien d’autres. En plus de ses activités commerciales, il anime l’association Livre Ouvert créée en avril 2002 et est le promoteur du Festival international de poésie 3V qui se tient au Cameroun, fin novembre et début décembre. Ce, depuis 2007.

L‘indépendant: Que signifient les trois V de votre festival?

Marcel  Kemadjou Njanké: Les 3 V c’est voir, verber et vivre. Voir pour les arts visuels et la musique, verber pour la poésie et vivre pour l’ensemble. Bref, le festival 3V met ensemble la force poétique qui se trouve dans la poésie proprement dite et les autres arts.

Comment est né ce festival?

Il faut dire que je suis moi-même poète. J’anime  une association pour la promotion de la lecture et de l’écriture qui s’appelle «Livre ouvert au Cameroun».  Alors, je suis parti du constat selon lequel il y a un grand fossé entre la fougue créatrice camerounaise en matière de poésie et l’absence des espaces de rencontres et d’échanges. C’est pareil pour les autres arts. Il a, donc, fallu inventer un espace où une fois par an les artistes visuels, les musiciens, les danseurs et les poètes se retrouvent pour célébrer la poésie avec grand P, qu’ils soient connus ou pas.

Quel est l’objet de la visite de Marcel Kedmajou au Mali ?

Je suis au Mali, d’abord, pour découvrir ce beau pays qui regorge d’une diversité remarquable de poètes et, aussi, pour des raisons culturelles.

La poésie a-t-elle sa place dans l’univers culturel africain? On a l’impression qu’elle n’existe pas!

De toutes les façons la poésie n’a jamais cessé d’exister. Elle n’est jamais morte. Il se passe simplement qu’à certains moments on cesse de la célébrer. Chaque être est poète dans l’âme et la différence réside au niveau de la conscience de faire de la poésie ou non. Une maman qui se réjouit de la naissance d’un enfant, un garçon qui tombe amoureux et qui, spontanément, fait des lettres d’une force et d’une beauté étonnante. Mais la différence c’est qu’ils n’ont pas conscience de poser un acte poétique. Donc la poésie, au plan général, a toujours existé et ne mourra jamais.

Que faites vous concrètement lors du festival 3V pour mettre cet art au devant de la scène?

La poésie a toujours été considérée comme quelque chose d’un peu sectaire et fermée. Lors des manifestations de poésie, on ne retrouve généralement que des personnes que l’on qualifiera d’initiées. Mais à qui est destinée la poésie ? S’il n’y a pas échange entre le créateur et son public,  alors il n’y a pas de poésie. Ceci est valable pour les autres arts. Dans le cadre du festival international de Poésie 3V, nous avons donc décidé d’aller vers le public pour que la poésie et les autres arts que nous célébrons  cessent d’être quelque chose de renfermée.

En quoi est-ce que ce festival est international comme son nom l’indique?

Il est international par sa visibilité. Le festival fait, d’ailleurs, partie du réseau mondial de festivals de poésie et a un site internet, www. festival3v.org.  La deuxième chose, ce sont les invités. Dès la première édition, nous avons eu à partager avec les invités de divers pays. Tels la Martinique, le Togo, le Vénézuela, le Benin, la France etc…

Avez-vous rencontré des poètes maliens durant votre séjour et avez-vous des ambitions de les inviter un jour à votre festival ?

Je n’ai pas pu rencontrer des poètes maliens, alors que je lis beaucoup la poésie des maliens à l’instar de Hamidou Assoumane, Cheickna Mallé, Mama Kané, Modibo Traoré etc… le Mali est un pays qui a aussi un grand nombre de comédiens et, effectivement, mon vœu serait de voir un jour ces poètes et humoristes sur le plateau du festival 3V.

Comment le festival est-il financé?

Pour le moment sur les fonds propres et exclusifs de l’organisateur.

Un mot pour la fin ?

J’ai été très ravi d’effectuer ce voyage et très marqué par l’accueil des Maliens. Franchement je pense pouvoir revenir chaque fois et pourquoi pas un jour délocaliser le festival ici au Mali.

Clarisse Njikam

 

Cinéma : Sou Hami, la crainte de la nuit

En partenariat avec le Centre national de la cinématographie du Mali (CNCM) et la Pyramide du souvenir, BE KA FILMS a procédé, le samedi 14 janvier, au lancement du film Ciné grin. Un programme mensuel qui dénonce, selon l’auteur Anne-Laure Fransu, la vie difficile des immigrés.

 

Le film projeté le 14 janvier à la pyramide du souvenir, retrace l’histoire de Mory Coulibaly, un réfugié politique de Côte d’Ivoire qui se trouvait à Cachan en France, le 17 août 2006, au moment de l’évacuation du bâtiment F par les services de sécurité. Ses amis, parents et autres connaissances y vivaient sûrement. C’est ce qui l’a inspiré à filmer les stigmates d’une lutte qui donnera un sens à sa vie.

Mory Coulibaly, pour mieux véhiculer son message, n’a pas choisi le Mali au hasard. En effet, de par le monde, le Mali est le pays qui compte le plus de refoulés. D’autre part, c’est un pays qu’il considère comme une terre d’accueil pour la simple raison qu’il y a transité pendant un an en fuyant la Côte d’Ivoire.

Dans le film, des hommes, femmes et enfants de Cachan ont été placés en centre de rétention dans lequel ils vont séjourner comme des bandits  avant d’être expulsés, sans raison, dans leur pays d’origine. Ainsi, chaque nuit, d’autres hommes continuent de revenir, contraints et forcés. Et chaque nuit leurs images accompagnées de cris, de pleurs, de prières hantent l’esprit de Mory.

Le film a mené les téléspectateurs peu à peu à l’intérieur du pays où les dialogues s’installent autour de l’espoir d’un départ à l’aventure pour certains et des attentes qui les ont menées en France pour d’autres. Des revendications s’expriment et la possibilité de mener une lutte commune se dessine pour que chacun d’eux trouve, enfin, une place de citoyen dans la dignité.

Devant une telle situation, il ne peut que se demander quel destin est-il réservé à ses gens dépourvus de droits. D’où des dispositifs de sensibilisation mis en place pour dissuader les futurs candidats de l’immigration dans toutes ses formes.

Clarisse NJIKAM

 

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