L’architecture en terre : Une solution pour le Mali

Au Mali, comme dans d’autres pays du sahel, la terre répond parfaitement aux besoins des habitants. Pourtant, elle souffre d’une mauvaise image. Pour montrer que cette technique ancestrale est toujours pertinente, un Centre d’Architecture en Terre (CAT) basé à Mopti, en cinquième région du Mali, a initié un projet de promotion de la terre.
Les résultats des investigations menées par nos différents chercheurs montrent que les premières traces de construction en terre, retrouvées en Mésopotamie datent de plus de 10 000 ans. Au Sahel, les mosquées de Djenné et d’Agadez sont parmi les plus beaux exemples de cette tradition séculaire. Notons donc que la terre est utilisée par une grande partie de la population du Sahel, mais elle est parfois perçue comme pauvre. Ceux qui ont les moyens de construire en béton s’en détournent.
Pourtant, par ses propriétés et sa très grande disponibilité, le banco répond aux enjeux du Sahel : extrême chaleur, rareté du bois et manque de moyens. Convaincues de l’importance de ce type de construction, un architecte malien, Salif Koné Coordinateur du Centre d’Architecture en Terre (CAT) installé à Mopti, en collaboration avec ses partenaires, a initié un projet de promotion de l’architecture en terre dans notre pays.
Ainsi, le CAT s’est lancé dans la réalisation d’un inventaire des savoirs-faires du pays en ce qui concerne le domaine de l’architecture en terre. A cet effet, une série de formations en technique de construction en terre a été réalisée par le centre à l’intention des professionnels (maçons, architectes, entrepreneurs, etc.) et étudiants en architecture, maçonnerie, plomberie et autres.
Il faut noter que le banco est un matériau parfaitement adapté aux pays du Sahel.
Au Mali, en saison chaude, la température peut atteindre 50 degrés Celsius et la terre crue qui possède une bonne inertie thermique se réchauffe moins vite que d’autres matériaux. Pour le constater, il suffit seulement d’entrer dans les mosquées de Djenné et de Mopti ou dans le centre Koré de Ségou ou bien d’autres encore. A Djenné, des gens vivent toujours bien avec leur famille dans des maisons en banco depuis des décennies.  Et dans ces habitations, quand il fait chaud à l’extérieur, il fait frais à l’intérieur pourtant, il n’utilise jamais de climatiseur.  Alors que dans une maison en tôle ou en béton, c’est invivable, il faut toujours être dehors lorsqu’il fait chaud.
Il convient de reconnaitre que ce confort thermique, loin d’être un luxe, répond à une réalité économique car au Mali, la majorité des habitants ne dispose pas de l’électricité. Il faut aussi souligner qu’il n’est pas aisé pour une famille de pouvoir dormir à l’intérieur dans une ville bruyante ou dans une zone où il y a beaucoup de moustiques et donc de risques de paludisme.
Le banco est toujours disponible presque partout sur le territoire malien. Pour faire face à cette explosion démographique à laquelle nous sommes confrontés avec des moyens limités, il faut aller vers la revalorisation de l’architecture en terre car, qui dit grande disponibilité dit faible coût. Avec cette approche, nous n’avons pas à importer des matériaux chers.
En outre, c’est une technique de construction qui réduit l’utilisation du bois, donc une réponse adéquate à la problématique de la désertification qui frappe tous les pays du Sahel.
Notons que les avantages écologiques de l’architecture de terre font l’unanimité auprès de tous les experts interrogés. Selon eux, le changement climatique s’accentue dans le monde. En utilisant la terre on protège notre planète et on se protège nous-mêmes.
Quant au coordinateur du CAT, il met l’accent sur les bienfaits de ces matériaux. Pour lui, l’architecture de terre a plein d’avantages sur l’environnement et même sur la santé, car les maisons construites en terre absorbent l’humidité. C’est pour souligner que ce type de construction s’adapte parfaitement aux conditions environnementales et météorologiques de notre pays.
Mamadou BALLO

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