Lancement des travaux de reconstruction du patrimoine culturel à Tombouctou : L’histoire d’un périple stressant

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Dans l’avion de guerre danois, escorté par un officier danois. On reconnaît le représentant de l’Unesco, Lazare Eloundou, échangeant avec le ministre l’enseignement supérieur.

La ville des 333 Saints a accueilli le vendredi dernier, une forte délégation avec à sa tête deux ministres, des représentants des organisations internationales au Mali, des partenaires techniques et financiers, etc.

 Rappelons que cette mission a eu lieu le lendemain des rudes combats ayant opposé la force Serval à des terroristes. Des combats à l’issue desquels, le porte-parole du Mujao, plus connu sous le sobriquet de ” l’homme à la barbe rouge “, Oumar Ould Hama a été abattu. Un contexte donc très peu favorable pour effectuer un déplacement dans l’une des régions du nord du pays encore très convoitées par ces terroristes. Mais pour l’histoire, il fallait le faire !

Il était exactement 7h 30mn quand nous embarquâmes dans un avion militaire danois hautement sécurisé. A bord de l’appareil, se trouvaient des militaires danois hyper équipés, avec des casques sur la tête, des gilets pare-balles, des gangs à main, des casques à l’oreille, constamment en communication. L’un d’eux nous aida à attacher nos ceintures de sécurité. Sans être proche des passagers, je sentais à distance le battement des cœurs.

Une cérémonie de la pose de la première brique. Une satisfaction de Lazare Eloundou

Chacun était concentré sur son siège, quand tout d’un coup, on entendit un grand bruit. Heureusement que ce n’était que le bruit du décollage. J’en profitais pour faire ma petite prière.

Nous voilà dans l’air, à destination de Tombouctou. A peine l’avion a-t-il pris le départ quand deux militaires se positionnèrent à chaque extrémité de l’appareil avec des jumelles de surveillance collées aux yeux.  Dans l’avion, on entendait un énorme bruit, comme si le moteur était placé à l’intérieur. Après deux heures de vol, nous arrivâmes à l’aéroport de Tombouctou. C’est donc un sentiment de soulagement qui se lisait sur les visages, car chacun a en mémoire les informations faisant état d’attaques à la roquette qui semblent être la dernière trouvaille des terroristes. Sur place, il y avait un dispositif de sécurité très impressionnant. Tout au long de l’axe reliant l’aéroport à la ville de Tombouctou, les hommes armés étaient postés sur les artères stratégiques.

Le convoi pris la route avec plus d’une dizaine de véhicules blindés des nations unis.

 Premier constat : Pas de route à Tombouctou

De l’aéroport à l’institut des hautes études et de recherche Ahmed Baba, la route est impraticable. Après cette étape, ce fut le départ pour la mosquée mythique de Djingareyber, pour la cérémonie de la pose de la première brique marquant le début des travaux de réhabilitation des mausolées de ladite mosquée.

 Belle leçon de spiritualité

Tout laisse croire que le Mali est un pays béni et que le problème de religion ne pourra jamais diviser son peuple. Le ministre de la Culture, Bruno Maïga étant un chrétien pratiquant, a eu l’insigne honneur de procéder à la pose de la première brique de reconstruction des mausolées de la mosquée de Djingareyber avec à ses côtés l’imam Abdramane Ben Essayouti, Lazare Eloundou de l’UNESCO, David Gressly des Nations Unies, Emanuel Farcot de l’Union européenne, Kader Dicko de la Suisse, pour ne citer que ceux-là. Quelle belle leçon de spiritualité !

 La délégation au cimetière des trois saints

 L’étape la plus difficile fut celle de la visite du cimetière des trois saints où s’effectueront les travaux de reconstruction des mausolées qui ont été détruits par les bandits armés. Ici pesait une forte menace d’attaque terroriste. La veille de l’arrivée de la délégation à Tombouctou, les organisateurs avaient reçu des menaces d’attentat leur déconseillant de se rendre dans cet endroit. Mais, c’était sans compter avec la détermination et le savoir-faire de l’armée malienne aidée par la Minusma, qui a tout mis en œuvre pour la sécurisation de la ville. C’est ainsi que deux mausolées ont pu être visités. A l’intérieur du cimetière, on pouvait constater que le champ de la visite a été limité par des ficelles de signalisation de danger, preuve qu’effectivement la menace était bien réelle. Le troisième mausolée n’a pas été visité pour des raisons de sécurité.

 Les membres de la délégation à la grande mosquée de Djingareyber

Ce n’est pas tous les jours qu’on a la chance de prier derrière le grand imam de la mosquée mythique de Djingareyber. En tout cas, l’occasion était bonne pour les musulmans de la délégation, de prier et même de recevoir les bénédictions de ce grand homme de Dieu. Malgré les menaces des terroristes et la destruction d’une partie de la mosquée, l’imam est resté avec sa famille sur place à Tombouctou. Lui qui a vécu de bout en bout toutes les destructions des mausolées et d’une partie de la mosquée, a prié Dieu afin que toutes ces pages sombres soient définitivement tournées. Avant d’exhorter Allah le Tout-Puissant de bénir à jamais le Mali.

Clarisse, envoyée spéciale à Tombouctou 

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