L’association, qui regroupe les Soninké de la Gambie, de la Mauritanie, du Sénégal, de la France et du Mali, dispose de moyens bien insuffisants au regard des tâches à accomplir.
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rnPourtant, le souffle de l’espoir qu’elle tente d’apporter aux populations représente bien plus que des mares sur creusées, l’aménagement des bas-fonds, la valorisation de la langue et de la culture soninké.
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rnFinie la longue période d’hibernation. La mue opérée a porté fruits. Une forte dose de social est injectée dans l’association, qui au départ avait circonscrit ses domaines d’activités à la promotion de langue et de la culture soninké. Ce réalisme a pris sa source dans l’instauration du visa entre divers états au sud du Sahara et la France et de la carte de séjour intervenue en 1974. Alors que jusque là, la détention d’une simple carte d’identité suffisait pour se rendre au pays de Jean Paul Sartre et y circuler librement.
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rnAprès un séjour au pays, pour divers motifs, le retour en France n’était pas garanti. A situation nouvelle, stratégie nouvelle. Ainsi a germé l’idée de regroupement familial. Qui n’est pas sans poser des problèmes. D’autant plus que la plupart des émigrés ne parle la langue de Molière et ignore tout de leur droit. L’association ne pouvait laisser patauger longtemps dans des difficultés les soninké, qui, il faut le dire, ont une longue tradition d’émigration. Afin de coller aux préoccupations de ses mandants, une assemblée générale a modifié l’objet social de l’association, sans changer son nom, pour y introduire l’assistance aux malades dans leur contact avec les hôpitaux et les municipalités en servant de traducteur, la défense des émigrés dans l’exercice de leur droit et la conduite des activités de développement touchant les bassins d’émigration dans les pays d’origine – Gambie, Mauritanie, Sénégal, Mali.
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rnCertes, l’Association pour la promotion de la langue et de la culture (APS) dispose de moyens bien insuffisants au regard des tâches à accomplir. Un accompagnement des autorités communales et régionales est indispensable pour la réalisation des projets qui dépasse de loin leur capacité de mobilisation des ressources. « Chacun doit jouer sa partition. » a résumé le Mauritanien Ousmane Diagana, vice- président de l’association. Les émigrés font des efforts. Des Etats respectifs, il est attendu de même.
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rnPlus d’enfants à l’école, de malades soulagés
rnPourtant, le souffle de l’espoir qu’elle tente d’apporter aux populations représente bien plus que des mares sur creusées, l’aménagement des bas-fonds, la valorisation de la langue et de la culture soninké. Une mare sur creusée autorise l’ouverture de nouvelles terres au maraîchage, source de revenus et d’amélioration des assiettes, la construction et la réhabilitation des habitats. Pour les bénéficiaires, le supplément d’argent tombé dans leur escarcelle permet d’envoyer un enfant à l’école, d’acheter des fournitures scolaires, de prise en charge des dépenses de santé ou d’équipement (charrette à traction animale, bicyclette, motopompe ou motoculteur), d’intrants agricoles (engrais, insecticides, entre autres). Nombreuses familles espèrent ainsi sortir des profondeurs de la pauvreté pour enfin entrevoir les lueurs d’un nouveau départ dans la vie.
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rnEn outre, les enfants nés en France courent moins le risque d’une « acculturation.» L’opportunité leur est offerte d’apprendre la langue et la culture soninké. Mais ici, émerge un problème de taille qu’il faut vite résoudre. En fait, l’alphabet soninké varie d’un Etat à un autre. L’harmonisation tant espérée tarde à se concrétiser. En dépit des fora organisés à cet effet. Mais l’espoir d’y arriver un jour n’est pas totalement perdu. Au-delà de la panoplie d’associations qui ont fait sien ce combat, les Etats concernés ont tout à gagner. Un néo alphabète malien lirait avec aisance des manuels en langue soninké produits en Mauritanie, au Sénégal et vice- versa.
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rnPlaisir des yeux et du cœur
rn On ne saurait boucler ce chapitre des activités sans évoquer le festival de Kayes, haut lieu d’expression de cette culture, qui a émergé tel un pont entre les émigrés et les populations locales. Aussi, Soninké du Mali, de la Gambie, de France, du Sénégal et de la Mauritanie ont, dans la ferveur, appris à se connaître davantage, à vivre leur idéal de développement local, à échanger leurs expériences. Chants, pas de danse emprunts de beaucoup de vivacité à rompre le souffle, de magnifiques tenues traditionnelles, tout était là pour magnifier une culture millénaire. Pour le plaisir des yeux et du cœur. Le public émerveillé a longuement applaudi. Le festival a atteint ses objectifs tels que rappelés par le président de l’association, Diadié Soumaré : « remonter dans l’histoire des Soninké, de l’Antiquité à Ouagadou et après Ouagadou, fédérer l’ensemble des énergies des associations intervenant dans le domaine de langue et de la culture soninké, développer les mêmes stratégies face aux pouvoirs en face. »
rnIbahim Yattara
rnGeorges François Traoré
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