Dans un entretien qu’il a nous accordé, l’écrivain malien Koro Traoré, auteur du livre ” L’Afrique en procès d’elle-même “, un essai paru en juillet 2012 chez les Editions Golias à Paris, nous dévoile sa vision sur le Continent noir. A travers ce livre, l’auteur entend apporter sa contribution pour le développement de l’Afrique.
Pouvez-vous présenter à nos lecteurs?
Je m’appelle Koro Traoré. Je suis juriste de formation, diplômé de l’ENA de Bamako. Je suis, également, détenteur d’un diplôme supérieur en sécurité sociale et d’un diplôme de l’ENA de Paris en droit privé (Promotion Mahatma Gandhi). J’ai occupé plusieurs fonctions dans la haute administration de l’Etat malien. Avant de devenir, depuis 2009, chef du Bureau de l’Institut National de Prévoyance Sociale (INPS) à Paris.
Qu’est ce qui vous a inspiré à écrire ce livre ?
L’idée d’écrire ce livre est partie de notes de lecture glanées ça et là sur l’Afrique à travers mon séjour européen. J’ai été également motivé d’écrire ce livre après le discours prononcé à Dakar par l’ancien président français, Nicolas Sarkozy sur l’Afrique. Un discours, faut-il le rappeler, truffé de contre-vérités. Je me suis dis qu’à côté des précisions apportées par les historiens comme l’ancienne Dame Adam Bâ, Konaré, qu’il avait de la place pour des élites comme nous d’apporter un certains nombre de vérités qui ne sont pas d’ordre historiques.
Pourquoi le titre l’Afrique en procès d’elle même ?
Si on regarde le titre de l’ouvrage on serait tenté de croire que je fais un procès de la colonisation ou de l’occident. Non ce n’est pas ça. Le procès de l’occident, beaucoup d’auteurs l’ont fait avant mois et l’ont fait mieux que moi. A travers le titre en procès d’elle-même, je voudrais juste dire qu’il revient aux africains de panser les plaies de l’Afrique. C’est à dire qu’il incombe au peuple du contient noir de s’approprier du développement de l’Afrique. On ne doit pas s’attendre a ce que notre développement passe par la Banque mondiale, le Fonds monétaire international (FMI) ou l’Union européenne, des organisations qui ne sont jamais en phase avec les réalités de notre continent. Si nous en sommes aujourd’hui dans cette situation de mal développement parce c’est dû à une certaine déviation majeur faite dans le passé par nos élites. Juste pour dire que le problème de l’Afrique jusque-là a été ses élites. Nous avons péché en tant qu’élite. Raison pour laquelle le Continent peine à décoller. Ils nous reviennent de redresser cette barre.
Sinon, regarder, pendant cinq siècles, l’Afrique a été coloniser, sevrer de ses ressources humaines et de ses richesses terrasses. Et cette exploitation continue jusqu’à nos jours. Pour preuve, je vous donne un exemple qui se trouve dans le livre. Au cours d’une année, l’Afrique a reçu 54 milliards de dollars d’aide publique au développement et dans la même année, au titre du remboursement des dettes, l’Afrique a payé plus 400 milliards de dollars à ces mêmes pays occidentaux. La question que je me pose est de savoir après toutes ces exploitations coloniales doit-on toujours continuer à payer des dettes à l’occident ? C’est pourquoi, en plus des personnalités de la société civile africaines, certains européens sont en train de militer pour l’annulation de la dette du Continent noir.
Donc vous partagez les mêmes avis que les altermondialistes notamment Aminata Dramane Traoré ?
A oui ! Sur bien nombre de question. Raison pour laquelle mon ainée Aminata Dramane Traoré a préfacé le livre. Je profite surtout de vos colonnes pour saluer son combat pour l’éveil de conscience face aux défis auquels le Continent fait face.
Est-ce que le livre est déjà disponible au niveau des rayons de différentes librairies ?
J’avais envisagé de faire le lancement le mois dernier. Mais, pour des raisons indépendantes de ma volonté, le projet n’a pu être réalisé. Je vous révèle que le livre est édité par les éditions Golias de Paris qui a pour particularité d’être anticonformiste qui prône un discours rénovateur concernant les religions. C’est une Maison d’édition proche de l’église. Mais rassurez-vous dès que le livre sera disponible sur le marché, ça sera à la portée de nos compatriotes. Parce que c’est un livre que j’ai écrit pas pour gagner de l’argent mais pour contribuer à la prise de conscience collective pour le développement de l’Afrique.
De ce fait vous êtes un écrivain engagé pour la cause du Continent ?
Evidement ! Je suis un écrivain engagé pour l’Afrique. Parce qu’en voyant la richesse humaine, minière, forestière de ce Continent, on se dit forcement que nous ne méritons notre place dans le concert des nations. Donc, c’est la faute de nos élites. Il faut qu’ils se réveillent.
Interview réalisée par
kassoum THERA