Kore Baro : Livre : “La métamorphose”, met à nu l’effritement de nos valeurs socioculturelles

0

Tiémoko André Sanogo, dans un ouvrage intitulé : La métamorphose, met à nu l’effritement graduel et prononcé de nos valeurs socioculturelles. Son lancement a fait l’objet d’une cérémonie le samedi 28 novembre 2020, à Ségou, au Centre culturel Korè.

 

La Métamorphose, où la mutation, le changement, appelez comme cela vous convient, ce mot de 12 lettres est le titre du tout premier livre de Tiémoko André Sanogo, enseignant à la retraite. L’ouvrage est conçu pour faire partie de ses rares livres de ces dernières années à se consacrer à un sujet d’actualité : l’effritement de nos valeurs socioculturelles.

Très attaché au respect des us et coutumes de son terroir qu’est le Kénédougou et le Mali en général, le natif de Daniéna dans la Commune de Doumananba s’est essayé à l’écriture sur un sujet aussi sensible : l’effritement de nos valeurs. Lui qui a connu deux époques : celle de l’avant indépendance avec ses exigences d’éducation collective et celle de l’après indépendance où le “je”, l’individualisme a pris le dessus, ne pouvait faire ses analyses contenu dans un livre qu’il s’intitule: “La Métamorphose”, un ouvrage qui, à ses dires, renvoi à l’étude sur l’effritement graduel et prononcé de nos valeurs socioculturelles.

Invité à Ségou le 28 novembre 2020 par le Centre culturel Korè (Ségou), dans le cadre d’une émission “Korè Baro”, Tiémoko André Sanogo, Guide spirituel des Kôrèdugaw de Sikasso, était à cette occasion en  conversation avec Mamou Daffé, directeur du Centre culturel Korè (CCK).

Occasion a été pour celui qui vient d’intégrer le cercle des auteurs maliens, de détailler le contenu de son ouvrage  riche en enseignement, qu’en propositions.  Le livre se veut être le résultat de l’étude d’un enseignant, chercheur et traditionnaliste.

Ouvrage de 106 pages, paru en août 2019, il est subdivisé en trois grandes parties essentielles et divisé en sous thèmes.  La 1ere partie est titré : le patrimoine culturel du Mali : une mine inépuisable, source intarissable, la 2e partie est consacrée : les valeurs morales nobles : un patrimoine de l’humanité en décadence et la 3e partie fait référence à la : la riche culture malienne à l’épreuve du temps : elle s’étiole et s’ankylose.

L’enseignant-chercheur a, en effet, la particularité de s’être intéressé très tôt à ce qui se passait dans son pays en mettant à contribution le métier de sociologue qu’il maîtrise à la perfection pour essayer de le comprendre les causes objectives de l’effritement des valeurs socioculturelles au Mali. A ses dires, les causes peuvent aussi trouver leur origine dans l’éducation familiale qui, à ses dires, a craqué et la cellule familiale, qui n’existe plus. Pour l’auteur, cet état de fait, a engendré une nouvelle  configuration familiale les traditions et les coutumes sont abandonnées car considérées contraires à la religion…. Et d’ajouter que nos programmes scolaires n’accordent pas de place à notre histoire, nos us, nos coutumes, nos langues. Il a su ajouté le manque de communication et d’ouverture de certaines communautés envers d’autres.

Sur les rôles et responsabilités des parents de moins en moins assumés au sein des familles, Tiémoko André pointe un doigt accusateur aux pères de familles. “La famille s’affaiblit dans sa fonction d’éducation des enfants. Les valeurs sont effritées et cela est dû à nous-mêmes. Nous avons abandonné l’éducation de nos enfants”. Pour lui, de par l’absence répétée et prolongée des parents, sous le poids des contraintes professionnelles, les enfants ont tendance à se tourner vers d’autres référents non investis d’un rôle d’éducateur.

Face aux nombreux dangers qui guettent notre société, André propose ses pistes de solutions. Pour lui, la solution passe par la moralisation de la vie publique.

Autre thème abordé par Tiemoko, c’est la déculturation, l’abandon des langues qui, affirme-t-il, est de plus en plus inquiétant. Car la disparition des langues s’accompagne de la perte de la vision du monde de tout un peuple, c’est-à-dire de sa sagesse. “L’abandon des langues équivaut à une perte de la culture”.

Et de proposer que la réhabilitation des langues africaines doit interpeller chacun. Face à l’assaut direct et brutal des schèmes culturels différents, sommes-nous pas pris au piège de tant de pseudo-valeurs, d’une culture étrangère qui nous dépersonnalisent. Il y a nécessité de prendre une part importante au réveil des consciences pour une révolution culturelle africaine.

En somme, c’est un livre  de contenu porteurs qui peut être bien enseigné en marge des programmes d’éducation civique dans nos établissements.

 

Amadou Sidibé

Commentaires via Facebook :