Le Mali à l’instar des autres pays de la communauté internationale célèbre ce lundi 27 octobre 2014, la journée mondiale du patrimoine audiovisuel. Cette année, le thème retenu est : « Archives en danger : il reste encore beaucoup à faire ».
Pour en savoir davantage su l’importance et la situation du patrimoine audiovisuel malien, nous avons rencontré M. Alou Djim, directeur Radio BENKAN, coordinateur Radios JAMAN et secrétaire Général URTEL.
Ainsi, pour M. Alou Djim, le patrimoine audiovisuel est l’ensemble des documents audiovisuels, tels que les films, les émissions télévisées et radio, les enregistrements audio et vidéos, contenus dans les archives principales des siècles derniers. Cependant, dit-il, ils sont extrêmement vulnérables et on estime que nous n’avons pas plus de 10 à 15 ans pour convertir les documents audiovisuels en documents numériques pour empêcher leur perte. «Une grande partie du patrimoine audiovisuel a déjà été irrévocablement perdu par la négligence, la destruction, l’affaiblissement et le manque de ressources, de qualifications et de structures, appauvrissant ainsi la mémoire de l’humanité. Beaucoup plus de documents seront perdus si une action internationale plus forte et concertée n’est pas prise » poursuit-t-il.
Quant à l’importance du patrimoine audiovisuel, M. Djim dira qu’en dépassant la langue et les frontières culturelles et en faisant immédiatement appel à la vue et à l’ouïe, aux personnes instruites comme illettrées, les documents audiovisuels ont transformé la société en devenant un complément permanent aux documents écrits traditionnels d’ou leur l’importance car faisant aussi partie intégrante de l’identité nationale.
Sur la situation du quelle patrimoine audiovisuel malien, il dira que tout le monde se rappelle les derniers événements survenus dans notre pays qui ont constitué à la destruction très souvent volontaires d’archives de l’ORTM, suite au coup d’état de mars 2012 , la destruction des archives par les mouvements rebelles et jihadistes dans les régions nord du mali, toutefois des archivent ont survécu à la destruction tant au niveau de l’ORTM qu’à celui des radios et organes de presse écrite . Il convient de les identifier, les classer et de les sécuriser.
Pour un message pour une prise en conscience de l’importance du patrimoine audiovisuel, M. Djim souligne la nécessité de réfléchir à des méthodes et stratégies de sauvegarde du patrimoine audiovisuel à travers à la numérisation, la sauvegarde et la sécurisation.
Notons en outre que les documents audiovisuels, tels que les films, les émissions télévisées et radio, les enregistrements audio et vidéo, contiennent les archives principales des 20ème et 21ème siècles, et, c’est dans ce contexte que la Conférence générale de 2005 a approuvé la commémoration d’une Journée du patrimoine audiovisuel comme mécanisme de prise de conscience générale de l’urgence des mesures à prendre et pour reconnaître l’importance des documents audiovisuels comme faisant partie intégrante de l’identité nationale.
Cette évidence a amené l’UNESCO à réfléchir, dés 2007, à la création d’une Journée
La date retenue, le 27 octobre, est hautement symbolique, puisque c’est le 27 octobre 1980 que la conférence générale de l’UNESCO adoptait une recommandation portant sur la sauvegarde et la conservation des images en mouvement, marquant ainsi l’importance culturelle et historique des archives cinématographiques et télévisuelles.
Les objectifs de l’Unesco sont ambitieux puisqu’ils visent à constituer la mémoire du monde.
Un enjeu de civilisation
La célébration de la Journée mondiale du patrimoine audiovisuel est placée cette année sous le thème « Archives en danger : il reste encore beaucoup à faire ».
Les enregistrements sonores et les images en mouvement sont extrêmement vulnérables, on peut les détruire en un instant et délibérément. Le patrimoine audiovisuel peut disparaître à tout jamais par négligence ou en raison de la dégradation naturelle et de l’obsolescence technologique.
En conséquence, l’UNESCO en a fait sa mission et sensibilise le public à l’importance de la préservation de ces enregistrements par le biais de la Journée mondiale du patrimoine audiovisuel.
En adoptant le 27 octobre pour célébrer la Journée mondiale du patrimoine audiovisuel, l’UNESCO, en coopération avec le Conseil de coordination des associations d’archives audiovisuelles (CCAAA) et d’autres partenaires, contribue à attirer l’attention internationale sur les enjeux dans ce domaine et sur la fragilité de ce patrimoine
Des archives du monde entier sont chaque année plus nombreuses à participer à la célébration de cette journée en organisant des activités destinées à faire prendre conscience de la fragilité et de la vulnérabilité de ce patrimoine, tout en mettant à l’honneur le travail des institutions qui contribuent à le protéger.
L’ensemble du patrimoine audiovisuel mondial est menacé. Il n’est à l’abri nulle part, mais des initiatives telles que la Journée mondiale du patrimoine audiovisuel et le programme Mémoire du monde constituent deux actions clés pour l’UNESCO et le monde entier pour honorer l’extraordinaire travail fait par les professionnels pour conserver ce patrimoine pour les générations futures malgré les nombreux problèmes techniques, politiques, sociaux et financiers qui menacent cette sauvegarde.
Dieudonné Tembely
Encadré
La Convention européenne relative à la protection du patrimoine audiovisuel et son Protocole sont les premiers instruments internationaux contraignant en la matière. Ils instituent une systématisation de l’archivage des œuvres audiovisuelles, afin de les faire bénéficier d’une nouvelle technologie en matière de conservation et de restauration, et de lutter durablement contre leur dépérissement. Ces mesures doivent contribuer à la pérennité du patrimoine audiovisuel en créant un pont entre l’art et la technique, entre le passé et le futur.
La Convention s’inscrit dans la logique de coopération culturelle du Conseil de l’Europe, dont la promotion du cinéma en Europe a toujours été l’un des objectifs majeurs, comme en témoignent la Convention européenne sur la coproduction cinématographique du 2 octobre 1982, la Résolution relative à l’Année européenne du Cinéma (1987), la Recommandation relative à la distribution des films en Europe (1987) et la Résolution instituant le Fonds Eurimages (1988).
La Convention et le Protocole sont organisés autour du principe du dépôt légal obligatoire pour les images en mouvement, produites ou coproduites et mises à disposition auprès du public dans chaque Partie. Par dépôt légal, on entend non seulement l’obligation de déposer un exemplaire de référence dans un organisme d’archives désigné à cet effet par les Parties, mais aussi celle de la conservation, ce qui nécessite, le cas échéant, des travaux de restauration. A ces deux obligations s’ajoute celle de la mise à disposition pour des consultations à des fins scientifiques ou de recherches, tout en respectant les règlementations internationales et nationales en matière de droits d’auteurs.