Janjon pour Ousmane Sow du Koteba et tous les pionniers du Théâtre-Réalité

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Forme d’expression au message toujours sérieux même s’il recourt toujours à l’idiot du village pour les porter,  le Koteba, on le sait, n’est pas une invention d’Ousmane Sow et de la génération qu’à travers lui, cette rubrique salue ce matin, le chapeau bien bas. Il y eut  d’autres avant eux dont Mamadou Doucouré V Zéro et de la troupe de l’Ensup. Qu’on le reconnaisse cependant :  Ousmane Sow et ses complices ont fait de ce théâtre du cru, d’abord un art à part entière  et ensuite une tranchée. 
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rnUn art à part entière parce qu’il intègre les normes du théâtre universel, tant la classique unité de lieu, d’action, et de temps que les apports modernes, où sans mimer Henry Miller, nos dramaturges ont su mettre  en dialogue la scène et le public. Une tranchée enfin  contre la capitulation sociale et la morale un peu trop courte des courtisans. Pièce après pièce, Sow a su structurer et imposer le théâtre de la réalité. De nos réalités à nous du temps où le despotisme se nourrissait de nos peurs rentrées.
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rnL’apport décisif de la bande joyeuse de l’INA fut alors de faire reculer les frontières de la peur, en recréant, caméra à la bouche, la trame quotidienne de la résistance contre la mal-vie. De Fodé à Guimba, en passant par les autres Maiga et Niaré, toutes les scènes possibles de la détresse mais également de l’espoir. A travers le petit peuple des corrompus et corrupteurs, des députés proxénètes, des putes de brousse abusant du fond de teint et du rouge à lèvres,  du fast food faisandé où une brochette prise à crédit vient avec son pesant de mouches, ses mouchards amidonnés dans le bazin bleu turquoise, le « must « de l’époque.
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rnDe Wari à Ferekeniagami bougou, un art majeur et des scènes impérissables. D’où pour Ousmane Sow et son équipe cette petite couronne de mots. L’expression d’une reconnaissance et d’un rôle que ne peut démentir le Mali démocratique. Janjon pour eux.  Pour avoir osé miser sur le sursaut salvateur. Pour avoir peint les mœurs pourries, les oligarques retranchés dans les îlots de l’opulence arrogante,  le drame silencieux des pères de famille qui savent que le repas du soir était au prix du trottoir arpenté par leurs filles,  Nos petites misères et nos grands desseins.

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                                                AT

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