Le nouveau film en langue songhoy, «Ir Ganda Missay» ou «La conjoncture», produit à hauteur de 9 millions de Fcfa par le jeune Oumar Almahmoud Maïga, a été présenté aux journalistes à la faveur d’une conférence de presse. C’était le jeudi 3 mars 2016 à la Maison de la presse.
«Ir Ganda Missay» ou «La conjoncture», en langue songhoy, est un film produit par le jeune Oumar Almahmoud Maïga. Il a été réalisé en début d’année 2015 au village de Hamane Koïra, commune de Taboye (cercle de Bourem), dans la région de Gao. C’est l’histoire d’une famille pauvre en milieu songhoy, avec un père paysan et une mère ménagère. Les deux garçons adolescents aident leurs parents dans les travaux champêtres.
Mais la vie est dure et le père, encore pilier de la famille, tombe malade. Le fils aîné décide de quitter le village pour Gao, la grande ville, afin de tenter sa chance, c’est-à-dire gagner de quoi soigner son père et subvenir aux besoins de la famille. Après lui, le père meurt et un grand vide s’installe. Ce vide non prévu ou précoce crée une tension entre les deux autres garçons : l’un vertueux, l’autre irresponsable…
Tourné avec de très modestes moyens, avec une équipe technique de deux personnes contactées au Ghana et des acteurs recrutés la veille du premier coup de clap au sein des villageois, le film «Ir Ganda Missay» est un rêve d’enfance d’Oumar Almahmoud Maïga. Un rêve d’un spectateur des cinémas ghanéens et nigérians en plein boom dans la région ouest-africaine ; un coup de jalousie, un sursaut d’orgueil. Ce jeune producteur, qui a grandi au Ghana à cause de ses parents immigrés, ne comprenait pas pourquoi dans son pays, le Mali, on ne fait pas de film comme dans ces deux pays où le cinéma est un produit de consommation de masse.
Né en 1987 à Koumassi au Ghana, Oumar Almahmoud Maïga est issu d’une famille songhoy modeste, originaire de Hamane Koïra (cercle de Bourem), région de Gao. Ramené au Mali pour être scolarisé, il s’arrête au niveau du Diplôme d’études fondamentales pour retourner en terre ghanéenne. À force d’apprendre les métiers auprès de grandes personnes, il finira par choisir son chemin professionnel : le commerce de vêtements à Koumassi, la deuxième grande ville de ce pays, dominée par les Ashanti. Très lié à son pays d’origine, le Mali, il garde la fierté qui caractérise son peuple et son terroir.
C’est cette fierté qui l’a piqué lorsqu’il décide en 2015, avec ses maigres moyens, de venir tourner un film pour que l’on parle de son terroir, de sa langue maternelle, des coutumes traditionnelles du Mali. Ainsi, est tourné «Ir Ganda Missay» ! Même avec une griffe amateur, Oumar, appelé affectueusement «Sapato» par les intimes, entend apporter sa contribution à l’éclosion d’un cinéma malien jeune, moderne et engagé pour le Mali dans sa diversité culturelle.
Gabriel TIENOU/Stagiaire
