L’alcool, la drogue, la prostitution, les crimes sont, entre autres vices, dénoncés dans ses chansons.
Lauréat du concours Maxi-vacances de l’ORTM, Badra Ali Issadia a bâti sa réputation à travers les échanges bluetooth de ses morceaux entre téléphones portables dès 2006. Les radios FM de Bamako et d’autres villes du Mali s’emparent de ce succès en commençant à diffuser ses morceaux. Son titre « Djembé ta yèrè fo », signifie littéralement « le djembé résonne toujours sous l’action d’une personne, » Il est sans doute le plus échangé et le plus écouté. « Personne ne connaît le nombre de téléphones portables qui a reçus cette création » indique-t-il. Né il y a 23 ans à Niamakoro, d’une mère chanteuse et d’un père joueur de djembé, Badra Ali Issadia a la musique dans les gènes. Il a abandonné l’école très tôt en 6è année de l’enseignement fondamental pour se consacrer à la musique. Au milieu de plusieurs camarades musiciens en herbe, il a commencé en tapant sur les anciennes boîtes de conserve. Plus tard le groupe s’est doté de djembé de fortune pour animer les fêtes populaires des jeunes appelées « Balani ». Il fréquente pendant près d’une année le groupe « Garibou Kounkan ». Il revient ensuite dans son groupe d’origine composé de : Karim Koné dit Rimka, Papa Maïga et Moussa Tangara dit MC Dja Moussani et le Général Balody lui- même pour enregistrer un album en 2007. Il compose lui-même ses chansons : « Tounga » , « Sida » , « Mama Yafa Né ma » et Niamacoro ». Ses thèmes favoris sont l’émigration, la prudence et l’amour du prochain et surtout les difficultés quotidiennes de son quartier. Il préfère demander aux jeunes de se battre pour régler les problèmes de transport, d’insécurité que de soutenir les politiciens. Il soutient que les élus de leur commune défendent des intérêts personnels. Le rythme du maestro propose un mélange de reggae, rapp, raggamufin et des musiques traditionnelles. « Jamais de beat ou rythme existant, jamais d’interprétation de chansons d’autrui », professe-t-il. C’est en 2009 qu’il « a reçu l’appel de Dieu ». Pendant ses prières, il avait l’impression qu’une voix lui parlait. C’est pourquoi, il a décidé de se tourner vers le Soufisme. L’esthétique verbale du chanteur est poétique. Le Général Balody la met en avant. Dans ses chansons, il tend désormais à privilégier le sikh ou la remémoration, et le souvenir. Il s’agit d’une pratique consistant à évoquer Allah (Dieu) en répétant Son nom de manière rythmée. Une pratique purificatrice de l’âme, car le nom d’Allah possède la vertu de purifier l’âme. Il pratique aussi régulièrement la récitation de poèmes à caractère spirituel, notamment la louange du prophète Mohamed (PS L) Désormais, Badra Ali Issadia, évoque dans ses chansons les préceptes du Coran. Il ne se limite pas à chanter les louanges d’Allah et de son prophète Mohamed (PSL), mais il met l’accent sur les mauvais comportements des hommes et des femmes. L’alcool, la drogue, la prostitution, les crimes sont dénoncés dans ses chansons. Il lui arrive d’animer les night- clubs. Il en profite pour faire passé ses messages.
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Patrimoine : La ville commerciale de Gao Sanèye
Située à 6 km à l’est de la ville actuelle, elle est constituée de deux parties : une immense butte correspondant à la cité et une grande nécropole appelée le cimetière royal
L’ancien site de la ville de Gao, plus connue sous le nom de Gao-Sanèye continue a suscité la curiosité des chercheurs. Le dernier en date est Mamadou Cissé auteur d’une thèse de PhD en archéologie sur « Les investigations archéologiques du commerce précoce et de l’urbanisme à Gao Sanèye » soutenue en 2010 de Rice de l’Etat du Texas. Selon Cissé, les sources historiques précoces mentionnent l’existence des villes jumelles de Kaw Kaw (l’ancienne appellation de l’actuelle Gao par les chroniqueurs arabes), et la ville royale et la ville marchande de Sarnah. Gao Sanèye ar été la ville commerciale de Sarnah selon le chroniqueur al-Muhallabi au Xe siècle. Vers le 9ème siècle, Kaw Kaw a déjà été le siège d’une organisation politique décrite par le géographe arabe, Yakubi, comme « le plus grand des royaumes du Soudan ».
Au 10ème siècle, Sarnah, et ses maisons de commerce, sur la rive Est du fleuve, était la contrepartie du marché de la ville royale, avec son palais et sa maison de trésor sur la rive Ouest du fleuve. L’importance du commerce du sel entre Kaw Kaw et les Berbères a été soulignée au 11ème siècle par AL-Bakri. Située à 6 km à l’est de la ville de Gao, Gao Sanèye est constituée de deux parties : une immense butte correspondant à la cité et une grande nécropole appelée le cimetière royal contenant des stèles gravées d’inscriptions en arabe. En plus de ses activités commerciales, Gao Sanèye fut pendant un temps très court la résidence des Dia, la première dynastie du royaume de Kaw Kaw. La butte de Gao Sanèye a été, pendant un certain nombre d’années, soumise à des activités intenses de pillage dans le but de récupérer des anciennes perles en verre.
La conséquence de ces activités de pillage a été la perte de beaucoup de données vitales nécessaires pour la reconstruction du passé de cette cité urbaine et commerciale précoce, se désole le chercheur. La nécessité de sauver en tirant des documents de ce qui reste devenait très cruciale. Heureusement le pillage sur le site de Gao Sanèye a été arrêté grâce aux efforts conjugués du ministère de la Culture et la municipalité de Gao. Ils ont engagé un gardien pour la surveillance du site au début des années 2000. Entre 2001 et 2009, des fouilles archéologiques de sauvetage ont été réalisées sur la grande butte de Gao Sanèye par la Direction nationale du patrimoine culturel en collaboration avec le Musée national d’ethnologie d’Osaka (Japon), note notre interlocuteur dans le cadre de ses travaux de thèse. Les résultats de ces fouilles ont permis de dresser une chronologie d’occupation du site se situant entre le 8ème et le 12ème siècles après J.C. Ils ont aussi fourni la preuve que la période principale d’occupation (700-1000 AD) sur la grande butte de Gao Sanèye est antérieure au cimetière de Sanèye situé à 500m au nord de la butte.
Les stèles gravées avec des écritures en arabe sur le cimetière portent des dates se situant de la fin du 11ème siècle jusqu’au XIIIe siècle. Avant les travaux de thèse du Dr Cissé, il a été supposé que ces dates tardives étaient aussi la période principale d’occupation de la grande butte de Gao Sanèye. Ces fouilles ont aussi révélé plus de six mètres de dépôts domestiques que sont les poteries, ossements divers, fusaïoles, objets en fer et autres objets divers et des produits issus du commerce régional ou à longue distance (perles en verre et en terre cuite, objets en fer et en cuivre). La plupart des produits comme les perles en verre et le cuivre issus du commerce à longue distance (ou commerce transsaharien) ont été trouvées dans des dépôts archéologiques datant du VIIIe au XIIe siècles âpres J.C. C’est 200 – 300 ans plus tôt que prévu et démontre le début précoce du développement des réseaux commerciaux à longue distance. La vision traditionnelle selon laquelle un commerce significatif à longue distance s’était développé principalement après le 9ème siècle a été contestée par la chronologie des dépôts dans lesquels les différentes marchandises commerciales comme le cuivre, le verre entre autre, ont été trouvés sur le site de Gao Sanèye.
L’analyse chimique des isotopes de plomb des échantillons de cuivre et de verre provenant des fouilles de Gao Sanèye montre que les compositions chimiques de ces produits commerciaux sont très similaires à celles trouvées dans les grands ateliers de minerais de cuivre en Tunisie et les zones de production de verre du Moyen-Orient. Ces différentes analyses montrent que les matières premières pour la confection des objets en cuivre et des perles en verre et aussi certains de ces produits finis proviennent de l’Afrique du Nord et du Moyen Orient (Egypte et proche Orient en particulier). Beaucoup de ces produits issus du commerce à longues distance ont également été trouvés dans les dépôts datant du milieu du premier millénaire sur certains sites maliens comme : le site de la Mosquée de Kankou Moussa à Gao, Djenné-Djeno à Djenné, Es-Souk à Kidal par exemple), et ouest africains (Kissi au Burkina Faso et Marande, Niger). La durabilité de ce commerce précoce aurait été difficile sans l’intervention de chameaux. Ces animaux étaient capables de transporter efficacement la marchandise, la nourriture et l’eau nécessaires durant la traversée du désert ; les commerçants en général marchaient tout le long du chemin. Ainsi, les résultats des fouilles de 2001 et 2009 sur le site de Gao Sanèye soutiennent l’identification de Gao Sanèye avec la ville commerçante de Sarnah. De sa fondation au 8ème siècle, Gao Sanèye a été activement impliquée dans la transformation secondaire du cuivre importé et du verre, sans doute pour le commerce et la consommation locale.
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9è rencontres africaines de la photographie : GROS PLAN SUR LES PROBLEMES DE LA CITE
C’est à l’issue d’un concours national que la Maison Africaine de la photo (MAP) vient d’effectuer une véritable moisson d’images qui reflètent la vie dans les villes du Mali. Au total 52 photographes de Bamako, mais aussi de Kayes, Ségou, Mopti et Gao ont présenté des œuvres. Parmi elles, 45 images ont été retenues, suite à l’appel à proposition lancé il y a quelques mois. Chacun devait envoyer au maximum cinq tirages. Parmi les photos, 45 images ont été sélectionnées pour l’exposition. Le comité choisira les photographies sur la base des critères de l’originalité, de la créativité artistique et de la valeur esthétique. La seconde partie de leur travail consistera à désigner les trois meilleurs pour cet important concours. Ce sera au cours de l’exposition qui aura lieu à la Bibliothèque nationale à l’ACI 2000 à partir du 1er novembre prochain, date d’ouverture des 9è Rencontres africaines de la photographie de Bamako. Pour les prix, le candidat qui arrivera premier aura droit à la somme de 500.000 Francs CFA ; le deuxième empochera 300.000 Francs CFA. Quant au troisième, il obtiendra 200. 000 Francs CFA. Le concours national de photographie vise à contribuer à la diffusion des œuvres des photographes au grand public, à encourager la production photographique. Les photographes ont proposé des images qui décrivent leur perception, leurs regards sur la ville et les relations qu’ils entretiennent avec leur environnement urbain. Il s’agit des questions de pollution, de nuisance, de paysage urbain, d’architecture, des monuments, des espaces publics… Il y a aussi les petits métiers et les petites entreprises, le transport et d’autres liés aux bandes, sectes, et à la mendicité. Un texte explicatif de cent (100) mots au maximum accompagne chacune des photographies proposées.