Les députés ont voté la loi sur le Fonds d’appui à l’industrie cinématographique à 96 voix pour, zéro contre et zéro abstention, le 30 novembre 2017, dans la salle Modibo Keïta de l’Assemblée nationale. Elle vise à promouvoir et développer la production cinématographique et audio visuelle dans notre pays. En effet, le Fonds d’appui à l’industrie cinématographique reçoit en dotation initiale la somme de 6 milliards de FCFA et les biens meubles et immeubles affectés par l’Etat.
Insuffisance de salles de cinéma, absence de politique nationale cinématographique, insuffisance de source de financement pour soutenir la production cinématographique, inexistence de législation, de circuit de formation et de code de l’industrie cinématographique et audio visuelle. Tels sont entre autres les problèmes saillants du cinéma malien.
Pourtant, l’importance de la culture cinématographique et audio visuelle a été reconnue par l’Union africaine (UA), les Nations unies l’UNESCO l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) et les organisations régionales du continent comme facteur de développement humain durable.
Ainsi, le cinéma malien a atteint son âge d’or dans les décennies 1970 1980 et 1990 par la production de films qui ont porté haut les couleurs nationales : Trois (03) Etalons du Yennenga et un Tanit d’or respectivement au FESPACO de Ouagadougou et aux Journées cinématographiques de Carthage à Tunis, avec un Bayer d’or à Namur. Les artisans de cette période épique du cinéma malien sont entre autres les réalisateurs Souleymane Cissé, Cheick Oumar Sissoko, et Issa Falaba Traoré.
En effet, le cinéma est un enjeu de premier ordre. Par la puissance de l’image à la portée de tous, il constitue un moyen d’information, d’éducation populaire, de divertissement et contribue à forger une véritable conscience citoyenne. Véritable secteur pourvoyeur d’emploi, de lutte contre la pauvreté, et de promotion de la croissance économique, le cinéma malien par la diversité des thèmes qu’ils abordent (politique, éducation, économie, société) a contribué à mieux faire connaitre nos valeurs culturelles et notre mode de vie.
Cependant, notre cinéma après les années de gloire se trouve actuellement dans une situation léthargique.
Fort de ce constat amer et regrettable pour le 7ème art malien, le gouvernement de la République du Mali sur présentation du ministre de la Culture, Mme N’Diaye Ramatoulaye Diallo, a proposé un projet de loi portant création du Fonds d’appui à l’industrie Cinématographique (FAIC). Ce projet de loi a été examiné par l’Assemblée nationale au cours de la séance plénière du 30 novembre 201 7. Ce projet de loi vise à promouvoir et développer la production cinématographique et audio visuelle.
En effet, le Fonds d’appui à l’industrie cinématographique reçoit en dotation initiale la somme de 6 milliards de F CFA et les biens meubles et immeubles affectés par l’Etat.
Le Fonds d’appui à l’industrie cinématographique a pour mission d’appuyer au développement de l’industrie cinématographique et de l’audio visuelle au Mali. Il est chargé d’apporter et de gérer le concours financiers de l’Etat à la production et à la coproduction de films.
En outre, ce fonds vise aussi à appuyer les initiatives et projet de développement du cinéma et de l’audio visuel, de soutenir la formation et le perfectionnement dans les métiers du cinéma par la formation, les stages, les coproductions ainsi que la réalisation de films de court métrage, d’appuyer la réalisation, la distribution, la promotion commerciale, l’exploitation, la diffusion cinématographique et audio visuelle.
Ainsi, le FAIC est un établissement public à caractère administratif, doté de la personnalité morale et de l’autonomie financière dénommé Fonds d’appui à l’industrie cinématographique. Il servira à soutenir les projets des cinéastes et des professionnels des métiers du cinéma, à créer des infrastructures adaptées, dotées d’équipements modernes, à renforcer les capacités des acteurs et a professionnaliser les différentes filières du cinéma et de l’audio visuel.
En somme, le projet vise l’émergence d’une véritable industrie cinématographique, moderne et compétitive. Avec cette loi, les acteurs du cinéma pourront produire d’au moins deux longs métrages (fiction ou documentaire), de deux (02) séries de 26 à 52 épisodes la première année. Cette production pourra être doublée chaque année et à moyen terme atteindre le rythme de six longs métrages et six séries télévisées, à l’horizon 2020.
Ainsi, avec cette loi, le cinéma malien pourrait sans nul doute faire face aux invasions des séries étrangères contraires à nos réalités socioculturelles (séries latino américaines) relayées en grande pompe par la télévision publique et privée afin de préserver notre identité nationale et nos mœurs.
Rappelons que cette loi est le fruit d’un long combat mené par les acteurs du cinéma qui ont vivement décrié la contradiction entre la volonté politique du gouvernement à promouvoir le cinéma et l’absence de fonds destiné à la production cinématographique et audio visuelle.
A l’issue d’un débat très riche, les honorables députés ont félicité et remercié le gouvernement du Mali pour avoir initié cette loi qui permettra de faire revivre le cinéma malien. Ainsi, les députés ont voté le projet de loi à 96 voix pour zéro contre et zéro abstention.
Dans leurs interventions, les députés ont demandé la tendance du gouvernement par rapport aux salles de cinémas qui étaient jadis soumises à une privatisation effrénée. Egalement, l’honorable Dédéou Traoré a proposé au ministre de la Culture un partenariat public privé pour donner un coup de fouet à l’industrie cinématographique et à la production audio visuelle.
Aussi l’honorable Doula Thiam a adressé son vif remerciement au gouvernement pour l’initiation de cette loi très attendue par le monde du cinéma. Pour mieux vendre le cinéma malien, l’honorable Doula Thiam a proposé l’institutionnalisation de la journée ou de la semaine nationale du cinéma malien.
En outre, les députés ont également demandé le coût de production moyen d’un court ou long métrage.
Pour sa part, l’Honorable Zoumana N’Tji Doumbia trouve insignifiant, dérisoire le montant attribué à la nouvelle structure pour faire renaître l’industrie cinématographique et compétir avec d’autres pays.
Pour étayer ses propos, il a cité l’exemple des pays voisins comme la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso qui injectent plus de 16 et 20 milliards pour le développement du cinéma.
Dans sa réponse, le ministre de la Culture a fait savoir aux députés que ce projet de loi est l’expression manifeste de la volonté politique affichée du Gouvernement de promouvoir l’industrie cinématographique.
Pour Mme le ministre de la Culture, Ramatoulaye Diallo, la tendance actuelle du gouvernement n’est plus à la privatisation mais plutôt à la rénovation des salles de cinéma existantes (dont 6 Salles sont inscrites dans le patrimoine de l’Etat) et à la construction d’une nouvelle chaîne de salles de cinéma avec des équipements exclusivement numériques dans chaque région administrative et ville importante sur le territoire national.
Répondant la question de l’Honorable Doula Thiam relative au coût moyen de production d’un court ou long métrage, le ministre a martelé que le coût de production d’un film dépend des ambitions du réalisateur avant de soutenir que le gouvernement soutient a hauteur de plusieurs millions de F CFA la réalisation de long ou court métrage.
Enfin, le ministre de la Culture a balayé d’un revers de main les arguments avancés par l’honorable Zoumana N’Tji Doumbia en soutenant que le gouvernement du Mali est très ambitieux car le Fonds d’appui à l’industrie cinématographique du Mali dépasse de loin celui de beaucoup de pays de la sous notamment le Niger, de la Côte d’Ivoire, le Bénin et la Mauritanie.
En attendant les retombées de cette loi, les cinéphiles continueront à regretter les films épiques de notre cinémathèque nationale tels que (Baara et Denw et Mousso Gounko de Souleymane Cissé, Une mère de sable de ASCOFARE, La leçon des ordures et Guimba, le tyran de Cheick Oumar Sissoko) Tafe Fanga de Adama Dramé, etc.
Alpha SIDIKI SANGARE
Comme en Seine Saint Denis …
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