Foire de l’artisanat en France : Montreuil et la Courneuve, naturellement

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Les deux communes ont en commun d’abriter une forte communauté malienne. Ce facteur n’est sans doute pas étranger aux succès des expositions.

La foire de l’artisanat malien à Paris et dans les agglomérations environnantes suscite davantage d’intérêt d’édition en édition auprès du public français et de nos ressortissants installés dans l’Hexagone. Après Cergy Pontoise et Sarcelles (voir l’Essor du 18 novembre), nos artisans ont pris leurs quartiers à Montreuil et à la Courneuve la semaine dernière. Ils ont reçu la visite du ministre de l’Artisanat et du Tourisme, Mohamed El Moctar, accompagné du président l’Assemblée permanente des chambres de métiers du Mali (APCMM) qui était l’organisatrice de la foire. L’artisanat malien a exposé sa richesse à travers plusieurs corps de métiers : l’habillement avec la teinture, le bogolan, la couture, la décoration ; l’artisanat d’art constitué de la bijouterie touarègue et traditionnelle, la décoration, les instruments de musique ; la parfumerie avec l’encens, les parures et « les secrets des femmes » ; la sculpture, le tissage et la maroquinerie. Une grande partie des visiteurs était constituée de nos compatriotes. Certaines artisanes assurent avoir vendu presque tous leurs stocks en l’espace de quelques jours. C’est le cas notamment des tissus de bazin teintés. Pour les vêtements en bogolan et les sculptures, le marché s’est révélé plus lent. Ces produits sont surtout achetés par les grossistes et les galeristes. Or ceux-ci attendent généralement les derniers jours des expositions pour faire leurs achats. Montreuil est sans doute la commune la plus malienne de France avec plus de 10. 000 ressortissants maliens. C’est sans doute pour cette raison que l’agglomération est appelée par certains avec humour « Bamako-sur-seine ». Cette 8è exposition de l’artisanat malien à Montreuil a duré 3 jours, du 18 au 20 novembre. Elle est désormais inclue dans la Semaine de la solidarité que la nouvelle équipe municipale a initiée. En plus des 46 artisans maliens, des associations et ONG françaises ont aussi exposé des produits d’autres pays comme l’Ethiopie, les Comores, le Guatemala. Mais qu’à cela ne tienne. Nos compatriotes ont pris d’assaut la salle des fêtes de la mairie réservée pour l’évènement pendant les trois jours. Le maire, Mme Dominique Voynet, a relevé que Montreuil demeure un haut-lieu de la promotion de l’artisanat malien. Dans la commune, les Maliens font partie des communautés les plus anciennes et les plus importantes. Ce qui explique les liens exemplaires, voire affectifs, noués entre Montreuil et notre pays, précisément avec Yélimané dans la Région de Kayes. Les deux villes sont d’ailleurs jumelées depuis 1985. Le maire de Montreuil a d’ailleurs saisi l’opportunité de l’ouverture de l’exposition pour annoncer la décision du conseil municipal de baptiser dans les mois à venir une rue de Montreuil du nom de Yélimané. Cette annonce surprise a déclenché une salve d’applaudissements. L’exposition de la Courneuve a démarré dimanche avec 41 artisans à la Maison de l’enfance de cette commune dans la banlieue parisienne. Elle durera une semaine et prendra fin le dimanche 27 novembre.

Le député-maire Gilles Poux, élu du Parti communiste français, s’est réjoui du choix de sa commune pour abriter cette manifestation culturelle malienne. « Notre commune est ouverte à toutes les expressions des communautés étrangères. C’est dans cela que nous nous enrichissons mutuellement. Ma commune est fière de sa diversité. Elle compte plus de 104 nationalités », a-t-il indiqué. Ici aussi nos compatriotes font partie des communautés étrangères les plus nombreuses. Ils sont estimés à plus de 3000 habitants et sont essentiellement regroupés au sein de l’Association des ressortissants de la boucle du Niger pour l’intégration et le développement en France (ARBFID) dirigée par Arboncana Maïga. Celle-ci coopère étroitement avec la mairie depuis 1986. C’est grâce à elle d’ailleurs que l’exposition-vente de l’artisanat s’est transportée à la Courneuve. Lors de la précédente exposition, les ventes totales réalisées par nos artisans étaient estimées à près de 50 000 euros (environ 33 millions de Fcfa). Une bonne affaire qui a convaincu le conseil municipal de continuer à appuyer la manifestation. La participation de la mairie à l’organisation de la foire est de l’ordre de 15 000 euros (environ 10 millions de Fcfa). Le ministre de l’Artisanat et du Tourisme, Mohamed El Moctar, et le président de l’APCMM, ont salué le bon accueil fait à l’artisanat malien dans toutes ces villes. Une évaluation et un constat seront faits de manière rigoureuse au retour à Bamako. Pour le ministre, la Fête de l’artisanat malien à Paris marche bien sous sa forme actuelle qui consiste à exposer dans diverses communes. Mais il faut l’améliorer. Sur le plan organisationnel, il faut l’étoffer. Il ne faut pas attendre le dernier moment pour commencer le travail d’organisation. « L’exposition de l’an prochain commence dès la fin de la présente », a préconisé le ministre. Il faut dire que le travail sera plus important car d’autres communes comme Sevran en région parisienne sont candidates pour accueillir la manifestation. « Les maires de toutes les communes que j’ai rencontrés sont disposés à continuer à travailler avec nous », a assuré Mohamed El Moctar.

Envoyé spécial

Y. DOUMBIA

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