Festival Sur le Niger : Entre traditions et modernité, le forum montre la voie aux jeunes

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Cinquante années après les indépendances, nombreux sont les Africains ballotés entre traditions et modernité. Au moment où certains s’accrochent à leurs traditions, d’autres se débattent comme des beaux diables pour paraître modernes. Face à ces deux catégories, un groupe minoritaire s’efforce à allier la tradition à la modernité. C’est conscient de cela et partant de la vérité que l’avenir appartient à la jeunesse que les initiateurs du festival sur le Niger ont choisi cette année pour leur traditionnel forum le thème : « Traditions et modernité : quelles repères pour la jeunesse africaine ».

Adama Samassékou, ancien ministre de l’éducation et ancien secrétaire exécutif de l’Académie africaine des langues (ACALAN), Mme Koumanthio Zeinab Diallo, poétesse et directrice du musée du Fouta Djallon et Mohamed Salia Touré, consultant éducation ont été mis à contribution pour introduire le débat sur le thème. Le 3 février 2011, dans le cadre de la 7ème édition du Festival sur le Niger, la salle de conférence du nouveau Centre culturel « Kôrè » a failli refuser du monde, tant aucun festivalier ne voulait se faire conter le débat. Mamou Daffé, directeur du festival, a indiqué que le thème est d’actualité. Selon lui, s’il est vrai que l’avenir appartient à la jeunesse, il est aussi vrai qu’elle soit formée.

Pour cela, il dira qu’elle a besoin de repères solides, tant sur le plan moral qu’intellectuel. Pour sa part, Hamane Niang, ministre de la jeunesse et des sports, parrain du forum, dira qu’il est nécessaire pour la jeunesse d’avoir des repères solides dans le domaine de la tradition, avant d’aller s’abreuver à la source de la modernité. Pour Adama Samassékou la tradition est un ensemble d’établis, de valeurs partagées, institués de longue date et qui touchent au savoir-être, au savoir-vivre et au savoir-faire d’une population donnée, englobant les us et coutumes, les statuts et rôles dans la structure et les fonctions sociales. « Le traditionnel se fait un héritage de choses à conserver », a-t-il déclaré. Selon Adama Samassékou, la modernité se rapporte aux valeurs promues dans nos sociétés contemporaines qui s’inscrivent comme des évolutions apportant des changements à l’ordre ancien, avec un goût de nouveauté, de raffinement et de progrès. « Le moderne s’annonce comme un abandon de choses surannées », a-t-il déclaré.

Interrelation entre tradition et modernité

Pour autant, il dira que la tradition n’est pas antonyme de modernité. Selon lui, ce serait un tort de voir en cette juxtaposition des termes une quelconque opposition d’énoncés. « Même s’il est vrai que le traditionnel évoque surtout l’antériorité, et que le moderne a trait à l’actualité, la tradition est une réalité qui s’affirme au présent, tout comme la modernité s’inspire et puise dans les granges du passés », a-t-il indiqué. Pour sa part, Mme Koumanthio Zeinab Diallo dira que le thème nous amène à nous questionner : « qui sommes-nous, d’où venons-nous et où allons-nous ? ». Elle a ajouté que toutes les crises dont les sociétés africaines sont aujourd’hui le théâtre, il en est une dont la prise en compte semble être reléguée au second plan, alors qu’elle mérite d’être au centre des préoccupations de l’élite africaine : la crise culturelle.

« Si bon nombre de changements peuvent être qualifiés de positifs, il en est d’autres cependant qui représentent, à nos yeux, un danger, car susceptibles de compromettre, à terme, le développement harmonieux ambitionné par tous », a-t-elle déclaré. Elle a pointé du doigt l’adoption mimétique de modèles non africains de pensée et de comportements qui s’enracinent de plus en plus dans nos sociétés. Elle dira que le phénomène déjà présent dans nos villes, gagne les profondeurs de nos campagnes. « Aucun domaine ou secteur de la vie n’est épargné.

 Depuis les modes vestimentaires, jusqu’aux loisirs et divertissements, en passant par l’alimentation, l’habitat, l’éducation, ou la communication, tout s’inspire des mœurs étrangères et tend à piétiner, voire rejeter la tradition africaine », a-t-elle déclaré. Mohamed Salia Touré, représentant de la jeunesse au panel, s’est inspiré des œuvres d’Amadou Hampaté Bâ pour démontrer que notre tradition est riche de valeurs positives pouvant constituer des repères pour la jeunesse. Cependant, il a admis que dans ce monde moderne personne ne peut se réfugier dans sa tour d’ivoire. « Tout le monde est désormais interdépendant, riche ou pauvre », a-t-il conclu.

Assane Koné

 

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