La 9ème édition du Festival sur le Niger s’est déroulée à Ségou du 12 au 16 février dernier avec pour thème principal ” culture et gouvernance “. C’est dans un contexte de double crise, à la fois sécuritaire et politique que le fondateur du festival sur le Niger, Mamou Daffé, a pu réunir plus d’une quinzaine de professionnels de la culture, afin de créer un cadre opportun pour engager une réflexion d’ensemble sur la question de la gouvernance aussi bien au Mali qu’en Afrique. Les recommandations dénommées ” Appel de Ségou ” issues de ce colloque ont été remises samedi 16 février dernier aux élus.
Mamou Daffé, fondateur du festival sur le Niger expliquera que le thème du colloque a été choisi sur la base du fait qu’il est d’actualité, dans un pays comme le Mali qui est confronté aux crises de toute sorte. ” Il appartient à l’art et à la culture de concilier tous les maliens autour du projet de préservation et de sauvegarde de l’intégrité du patrimoine culturel du Mali “, a-t-il indiqué. Avant d’exprimer le vœu que ce colloque contribue à un changement de la gouvernance de notre pays, qu’une gouvernance ancrée dans la culture du pays, reconnue et respectée par tous, pourrait être un avantage.
Pendant des jours, des experts venus de plusieurs pays d’Afrique, notamment du Sénégal, du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire, du Congo, de l’Afrique du Sud et de l’Ouganda, ont planché sur plusieurs thèmes, à savoir : ” Quelle gouvernance politique, économique et sociale pour l’Afrique ? Défis, périls et perspectives “, ” Culture et gouvernance : l’art face à l’idéologie du développement “, “ Oralité et nouveaux espaces littéraires “, ” L’art face à l’idéologie du développement “, ” Démocratie libérale occidentale comme mode de Gouvernance politique pour l’Afrique “, ” Culture et résolution des conflits “, “ La Responsabilité sociale de l’entreprise à Orange Mali “, etc.
C’est donc au terme des di scussions nourries, durant ces rencontres, qu’est né ” l’Appel de Ségou “, avec un certain nombre de constats majeurs qui ont été soumis dans des recommandations aux élus du Mali. On peut citer entre autres: au titre de la résolution de la crise malienne et de la reconstruction nationale : l’institution d’une justice transitionnelle et la mise en œuvre d’un mécanisme inclusif de manifestation de la vérité et de la réconciliation nationale; l’établissement d’un diagnostic sans complaisance de la situation sécuritaire, politique, économique et sociale, assortie d’un bilan sur les impacts sociaux, sociologiques et culturels à court, moyen et long termes sur la société et les communautés, etc
Au titre de la Gouvernance, les participants au colloque de la 9ème édition du festival sur le Niger proposent la réalisation d’un inventaire des diverses valeurs et ressources culturelles fondamentales du pays qui sont menacées de disparition, ou tout au moins de dilution ; Des ajustements et adaptations institutionnels (Constitution, Code électoral, charte des partis) fondés sur les leçons tirées de la présente crise, s’inspirant de nos valeurs et ressources culturelles pour enrichir les modes et mécanismes de gouvernance politique, économique et sociale ; la promotion d’un partenariat public-privé et d’une véritable société civile, gage d’un bon équilibre et d’une meilleure gouvernance, etc
Et enfin au titre du développement la proposition de l’initiation d’une politique de sauvegarde, de développement et de promotion du riche patrimoine culturel national, et la mise en œuvre de véritables chaînes de valeur pour l’industrie culturelle ; la mise en œuvre d’actions diligentes pour la prise en main du système éducatif comme priorité nationale fondée sur la mise en valeur de nos patrimoines culturels, afin de relever les défis de l’émergence d’une ressource humaine consciente et qualifiée face aux défis d’un monde de plus en plus globalisé, etc
Ce sont entre autres ces recommandations issues du colloque international de Ségou, que le fondateur du festival sur le Niger, Mamou Daffé a remis aux élus du Mali pour exploitation, le samedi 16 février dernier. Il a été reçu par le 3ème vice président de l’Assemblée Nationale, Ousmane Ba.
Clarisse NJIKAM