D’édition en édition, le rendez-vous biennal s’est imposé comme un espace unique d’affirmation du grand rôle que ce média joue en Afrique.
C’est parti pour la huitième édition du Festival Ondes de liberté. Le rendez-vous biennal a pris ses quartiers au Centre international des conférences de Bamako (CICB). Le thème générique de cette huitième édition est : « Radio et processus électoral ». La cérémonie d’ouverture de cette grande fête panafricaine des radios a été présidée hier en début de soirée par le président de la République, Amadou Toumani Touré. C’était en présence de plusieurs membres du gouvernement, dont le ministre de la Communication, Sidiki N’Fa Konaté, Porte-parole du gouvernement. Le festival Ondes de liberté s’est positionné aujourd’hui comme un panel, sinon une foire des radios africaines. Plus d’une centaine de participants venus d’Afrique et d’Europe participent à cette rencontre. Durant trois jours, la rencontre traitera du rôle et de la place des radios dans la réussite des processus électoraux à travers des sujets aussi divers que variés inscrits dans quatre panels. Et cela à travers plusieurs sous-thèmes : « Rôle et responsabilités des fédérations des radios dans la tenue des élections libres et apaisées » ; « Code de couverture des élections : cas du Burkina Faso » ; « Radio et gestion des conflits postélectoraux : cas de la Guinée » ; « Radio et processus électoral en Afrique : la mise en œuvre de la liste électorale permanente informatisée » ; « Analyse du rôle des radios et des nouvelles technologies dans la proclamation des résultats » ; « le rôle des observateurs dans le processus électoral » ; « Femmes et élections ». Le ton de la cérémonie d’ouverture a été donné par les contes de Djéli Souleymane Sissoko, le fils héritier de Djéli Baba Sissoko dont les récits et légendes hebdomadaires sur les ondes de la radio nationale traduisent le rôle éducateur de la radio auprès des populations. Suivra l’intervention du président de l’Urtel (l’Union des radios et télévisions libres), Daouda Mariko. Celui-ci a souligné la pertinence du thème général qui est plus que d’actualité. En effet, dans quelques mois, plusieurs pays de la sous-région et d’Afrique dont le Mali organisent des consultations électorales. La réussite de ces échéances électorales dépendra en grande partie des radios. « Les radios ont un rôle central à jouer dans les élections. Elles constituent, à n’en pas douter, les instruments d’éveil, mais aussi et surtout de mobilisation des électeurs. Cependant la radio constitue un danger si elle n’est pas utilisée à bon escient. Cette prééminence des ondes sur les autres médias est due à l’analphabétisme dans nos pays où le nombre de lecteurs de la presse écrite reste largement en dessous du nombre d’auditeurs de radios aussi bien dans les villes que dans les campagnes », a constaté Daouda Mariko. Le président de l’Urtel souligné la régularité avec laquelle le festival se tient. Selon lui, cette régularité est à mettre à l’actif des autorités du pays dont l’engagement et la détermination en faveur de l’amélioration des radios sont constats. C’est dans cette dynamique que Daouda Mariko rendra hommage au président de la République, Amadou Toumani Touré qui est selon lui le précurseur de la liberté des radios au Mali. « Ce Festival est à votre honneur, car c’est vous qui avez signé sous la Transition l’ordonnance de libéralisation du secteur des radios dans notre pays », a-t-il rappelé. Le représentant de l’Institut Panos, Libass Ann, notera que le festival Ondes de liberté, constitue une tribune idéale qui doit faire la fierté des radios africaines en général et celles du Mali en particulier. La thématique générique traduit, selon lui, la volonté de nos différents pays de faire des radios un outil au service de la consolidation de la démocratie et de la promotion de paix sur le continent.
ENVIRON 350 RADIOS. Pour lui, le festival constitue un exemple à suivre, car il démontre toute la maturité du secteur radiophonique africain. « Cette Afrique plurielle que le Festival nous fait revisiter ici peut donner une leçon au monde entier en matière de gestion de crises postélectorales », dira-t-il, tout en rappelant cependant le rôle négatif joué par certaines radios dans des pays de la sous-région, notamment en Guinée, en Côte d’Ivoire, au Liberia et un peu partout sur le continent. Dans son discours d’ouverture, le ministre de la Communication, Sidiki N’Fa Konaté a remercié l’ensemble des participants pour leur présence. « C’est là le témoignage de l’excellente relation de coopération et d’amitié entre nos différents pays. Et c’est aussi là le témoignage de la nouvelle dynamique que le gouvernement veut imprimer au festival Ondes de liberté à travers la coopération sous-régionale », dira le ministre. Sidiki N’Fa Konaté s’est félicité la dynamique du secteur radiophonique national riche d’environ 350 radios, avec plus de 100 demandes de fréquences en cours de traitement. « Cette dynamique, nous vous la devons, puisse que c’est grâce à vous qu’à la suite des événements de Mars 1991 et dans le cadre des libertés individuelles et collectives acquises à cette occasion, que les premières radios ont fait leur apparition », a rappelé le ministre de la communication s’adressant au chef de l’Etat. Engagée donc sous la Transition la libéralisation des ondes s’est poursuivie sous la III République et s’est soldée par un boom radiophonique qualifié à l’époque d’atypique parce qu’il échappait à la typologie classique de création et de développement des radios privées jusqu’ici répertoriées, se souvient le ministre Konaté. « C’est là où notre pays a compris que la chance est dans le risque et que la chance s’accroît avec le risque. Là où croît le péril, croît aussi ce qui sauve. Et en toute stratégie, il faut savoir allier ce principe de risque et de précaution », soulignera-t-il, ajoutant que cette croissance exponentielle du nombre de radios en si peu de temps a démontré l’existence encore plus nette du paradigme globalisation-revendication identitaire ; mondialisation-affirmation identitaire. Sidiki N’Fa Konaté a, par ailleurs, souhaité que cette huitième édition serve d’un nouvel envol pour le festival. La cérémonie d’ouverture été suivie par une communication du président de la République sur le thème « Gestion des conflits postélectoraux ». Nous y reviendrons dans notre édition de demain.