La 1ère édition du Festival international des arts et de la culture de Kurukanfuga qui s’est tenue du 8 au 12 mars 2012 dans le Cercle de Kangaba, a été couronnée d’un succès éclatant. C’était un véritable espace de retrouvailles des originaire du vieux Mandé. Trois jours durant, les festivaliers venus d’horizons divers, ont fait réveiller les vieux souvenirs.
Pour rappel, le Mandé primitif était visible à travers ses représentants, c’est-à-dire, des ressortissants de la Guinée Conakry, du Niger, du Sénégal, de la Gambie et du Burkina Faso. Tous ont tenu à montrer leur savoir-faire. Les spectateurs étaient tellement émerveillés par leurs brillantes prestations folkloriques à tel point que personne ne voulait la fin du festival. Côté festif, il y avait les visites touristiques pour faire découvrir aux festivaliers des lieux mystérieux inconnus du grand public. Des conférences débats ont été également organisées et animées par des éminents chercheurs pour éclairer les uns et les autres ce qu’est Kurukanfuga. La cérémonie d’ouverture était placée sous la houlette du Ministre de la Culture, Hamane Niang accompagné pour la circonstance de son homologue de la Jeunesse et des Sport, Djiguiba Kéïta et d’une forte délégation.
On notait également la présence des autorités politiques, administratives et des notabilités de Kangaba, du député Lassina Berthé, du président du festival N’Tié Diakité, et d’une foule nombreuse venue de tous les quatre coins et des pays voisins.
Dans sons discours de bienvenue, le chef de village par intérim Bandjougou Keïta, a mis un accent particulier sur cet évènement culturel d’une grande importance historique pour la communauté manding. Il a ensuite salué et remercié le chef de l’Etat pour sa clairvoyance et son attachement à la valorisation de la culture malienne. Il dira que c’est grâce à ATT que Kurukanfuga la légendaire clairière est sortie de l’obscurité. Il a saisi cette tribune pour rappeler aux uns et aux autres que Kurukanfuga appartient à tous ceux qui portent nom venant du Mandé.
Pour sa part, le Maire de la Commune de Minidian, Mamadou Kéïta, a précisé qu’il n’y a pas deux Kurukanfuga dans le monde. «C’est ici que se trouve le fameux site Kurukanfuga qui fait notre fierté», a-t-il précisé.
A sa suite, le président du festival N’Tié Diakité a remercié et salué toutes les délégations venues partager ce moment particulier.
Dans son discours d’ouverture, le Ministre de la Culture Hamane Niang, conscient des douloureux événements que notre pays traverse à l’heure actuelle dans son septentrion, a tenu à faire observer une minute de silence en mémoire de nos soldats tombés sur le champs d’honneur. Parlant de Kurukanfuga, le Ministre a dit ceci : «C’est cette terre qui a vu naître les précurseurs de l’Etat-Nation, les initiateurs et acteurs de la gestion décentralisée des affaires publiques impliquant des droits et des devoirs du citoyen à travers un pacte scellé solennellement ici et qui s’est avéré au fil du temps comme l’une des première Constitution du monde : la charte de kurukanfuka. Le Mandé nous a légué un riche héritage culturel matériel et immatériel classé dans le patrimoine national et reconnu par la Communauté internationale. En témoigne l’inscription de la charte de Kurukanfuga et la réfection septennale du toit de Kababulon sur la liste représentative du patrimoine immatériel mondial de l’UNESCO depuis le 26 au 29 septembre 2009, lors d’une de ses conférences tenues à Abu-Dhabi aux Emirat arabes unis».
Il a aussi invité les populations de Kangaba à prendre soin de ce site culturel qui constitue une véritable source de richesse. «Certes aujourd’hui, Kangaba n’a pas d’industrie sur son sol, ce qu’il a aujourd’hui vaut plus que de l’or, car une industrie peut toujours tomber en faillite , mais les richesses culturelles ne périclitent point, elles ont besoin seulement d’entretien approprié», a-t-il clarifié. Et d’ajouter qu’on peut tout exproprier à une société, sauf son savoir-faire, son savoir-être, en un mot, sa culture.
Précisons que ce festival a été réalisé grâce à la Fondation orange-Mali (sponsor officiel) et d’autres partenaires techniques et financiers dont, entre autres, la BDM S.A, de la BIM S.A, le Station BEN&CO, l’APCAM, les candidats à la présidentielles IBK et Soumaïla Cissé.
Les activités du Festival
Pendant 72 heures, la ville de Kangaba a vibré au rythme des sonorités manding. Après le discours d’ouverture, cet événement a débuté par le défilé des festivaliers. Parmi ces défilants, on peut citer, entre autres : l’Association des ressortissants de Kangaba, les marionnettes de l’équipe de N’Tié Diakité, les Mandiani de Kangaba, les griots du Mandé, la délégation de Dèguela, les troupes artistiques des (7) pays voisins, les Bwanzans du Mali.
L’originalité de ce Festival a été que tout était folklorique. Toute chose qui faisait rappeler comment était le Mandé d’antan. La 1ère soirée du Festival a été marquée par les brillantes prestations des troupes artistiques et culturelles des pays voisins à savoir : la Guinée Conakry, la Gambie, le Sénégal, le Burkina Faso, le Niger, le Ghana. Quand à la délégation ivoirienne, elle n’a pas pu rallier Kangaba pour des empêchements, dit-on, de dernière minute. Toutes ces troupes ont tenu en haleine les spectateurs par leurs chants et leurs pas de danses merveilleusement exécutés selon les règles de l’art.
La 2ème journée a été mise à profit pour faire visiter aux festivaliers certains sites touristiques. Au cours de cette journée, à 12 h plus exactement, une conférence s’est tenue dans l’enceinte de l’I.F.M Djimé Diallo, avec comme thème: «Kurukanfuga, une Charte, son contenu et ses enseignements». Elle était animée par Seydou Dabère Camara, Chercheur de son état. Dans l’après-midi, le festival a repris son cours par la prestation des griots de la Guinée Conakry avec leur «kokoba» c’est-à-dire le komo des griots qui ne sort que lors des grands événements. Après leur passage, les Mandiani de Kangaba ont aussi apporté leur touche à l’évènement. Toute la soirée était agrémentée par les troupes artistiques venues d’ailleurs et du Mali.
Quant à la 3ème journée, elle a été marquée le matin par une conférence-débat en bambara sur Kurukanfuga. Une occasion pour faire la lumière sur les événements qui se sont passés de 1235 sous l’ère Soundiata Kéïta (fondateur de l’empire Manding) à nos jours. Dans la soirée, tout le monde s’est dirigé vers le haut-lieu du festival, c’est -à dire la légendaire clairière pour assister à la clôture du Festival. Ce faisant, les djélis (griots) du Mande étaient à l’honneur pour relater, à leur tour, Kurukanfuga. A noter qu’ils sont les dépositaires des secrets du Mandé. Avant l’écriture, ce sont eux qui conservaient et transmettaient oralement l’histoire du Mandé de génération en génération. Ils représentaient le pilier du royaume, les grands médiateurs qui cimentaient les rapports sociaux et qui pouvaient mettre fin à tout conflit. En dépit de l’évolution de nos pays dans le cadre de la globalisation et de la mondialisation, ils continuent toujours à remplir leurs fonctions dans les relations humaines. Sans eux, les noms de nos rois auraient pu tomber dans l’oubli.
Après les griots, ce fut le tour des chasseurs du Mandé de faire ressortir leur savoir-faire. Autrefois, ce sont eux qui assuraient et maintenaient la paix et la sécurité dans nos contrées.
Cette première édition du Festival international des arts et de la culture de Kurukanfuga a été sanctionnée par la remise des diplômes aux participants. Clôturant ces retrouvailles, le préfet du Cercle de Kangaba, Sékou Diabaté, tout en remerciant nos plus hautes autorités qui ne ménagent aucun effort pour la promotion nos cultures, a souhaité bon retour dans leurs familles respectives à tous les festivaliers. Disons tout simplement que pour un coup d’essai, ce Festival a été un véritable coup de maître. Vivement donc la seconde édition.
Boubacar SIDIBE (Stagiaire)
Envoyé spécial à Kangaba
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