Et de un, et de deux, et de trois…et de cinq, ce sera la nouvelle édition du Festival international des arts de la culture Songhoy que Gao, la cité des Askia, abritera en février 2007. Une assemblée générale d’information sur le sujet a réuni les protagonistes de l’événement samedi dernier, au Centre international de conférence de Bamako, autour du comité de pilotage dirigé par Ario Issoufa MAIGA.
L’année 1999 marque le démarrage effectif des activités de l’Association pour la réhabilitation et la promotion de la culture Songhoy (ARPCS) à travers l’organisation du Festival international des arts et de la culture Songhoy (FIACS) dont la cinquième édition, prévue en février prochain, sera célébrée à Gao. L’ARPCS étant une association à vocation essentiellement culturelle, elle a été officiellement créée par récépissé n°046 MATCL/DNI du 19 janvier 2001. A l’exception de la première édition qui s’est déroulée à Bamako, c’est la capitale des Askia qui a abrité le clou des événements précédents comme ce sera le cas pour l’année 2007. Ce choix est sans doute motivé par le fait que Gao était la capitale des Askia qui sont considérés comme les souverains ayant porté l’empire Songhoy à son apogée plusieurs siècles durant ; mais aussi, selon les données archéologiques et autres témoignages concordants, parce que Gao en est le berceau historique et le foyer centrifuge.
La métisse culturelle Songhoy
En prélude audit événement de février prochain, une assemblée générale d’information s’est tenue, samedi dernier, au Centre international de conférence de Bamako. Y étaient conviés les représentants de toutes les aires culturelles Songhoy vivant à Bamako, Gao, Mopti, Tombouctou et Kidal. Ladite assemblée était présidée par Ario Issoufa MAIGA, président actif de l’ARPCS, qui avait à ses côtés le doyen Anansar MAIGA et les membres d’autres communautés voisines et cousines des Songhoy dont les Kel Tamasheq, les Arabes, les Armas et les Peulhs.
Dans son exposé introductif, M. Ario Issoufa MAIGA a brossé la genèse de l’ARPCS en insistant sur les raisons qui ont prévalu à sa création et les objectifs qu’elle vise: la participation, dans une optique de paix et de développement durable, à la mobilisation sociale en faveur de la sauvegarde et de la promotion du patrimoine artistique et culturel national en général et de l’espace songhay en particulier. Cela, en étroite collaboration avec toutes les populations de l’espace Songhoy, aussi bien au Mali que dans les pays voisins d’Afrique (Burkina Faso, Niger, Ghana, Nigeria, Bénin, Soudan, etc.) comme lointains (aux USA et en Europe) où vivent les communautés de la diaspora Songhoy. Les bénéficiaires directs, au niveau national, étant : les artistes (musiciens, chanteurs, danseurs, artisans, sculpteurs, conteurs, etc.) ; les populations des régions de Gao, Mopti, Tombouctou et Kidal, venant principalement de Arham, Djenné, Hombori, Sofara, Tindirma, Diré, Goundam, Niafunké, etc. ; les communautés qui cohabitent avec les Songhoy dans la région de Gao. Les bénéficiaires indirects, aux plans national, sous-régional et international, étant : les chercheurs, hommes de culture, universitaires, étudiants et populations de toutes les régions du Mali ; les populations Songhoy du Bénin, Burkina Faso, Ghana, Nigeria et Soudan ; les populations Songhoy de la diaspora.
Symphonie culturelle nationale
En parlant du contexte de l’événement, M. MAIGA a fait savoir que la réhabilitation et la promotion de la culture Songhoy se comprenaient comme une contribution des aires culturelles Songhoy à la grande symphonie nationale exécutée par les aires culturelles mandingue, peulh, tamasheq, dogon, sénoufo et bobo. Elles s’opèrent, selon lui, avec un souci constant de son ancrage dans le Mali actuel, à l’édification duquel oeuvrent tous ses fils. Des actions contribuant, est-il convaincu, à la sauvegarde du patrimoine matériel et immatériel Songhoy tout en consolidant la cohésion sociale et la paix dans notre pays et la sous-région. Car, au-delà des vicissitudes de son histoire faite de moments de gloire et de difficultés, a argumenté Ario Issoufa MAIGA, un fonds cultuel Songhoy est demeuré. Ce fonds, a-t-il noté, a résulté de la symbiose réussie d’une culture Songhoy originelle qui a été enrichie de l’apport des groupements humains comme les Touaregs, les Arabes et les Peulhs avec lesquels le peuple Songhoy a partagé et continue de partager des expériences communes de vie. Les recherches archéologiques mais aussi historiques et sociologiques, a-t-il révélé, attestant depuis longtemps de la diversité des populations qui ont occupé l’aire culturelle Songhoy : Zarma, Dendi, Haoussa, Gourmantié, etc. Cette aire, poursuit-il, a ainsi été le théâtre d’une longue histoire entremêlant des entités politiques d’ampleur et de stabilité variée ayant connu une même communauté de destin, une même organisation sociale et culturelle faisant intervenir de nombreux flux et multipliant les échanges de tous ordres avec les populations avoisinantes. Ces dynamiques pluriethniques et pluriculturelles, a développé le président de l’ARPCS, ont façonné une civilisation originale de part et d’autre des rives du fleuve Niger, depuis le Nigeria jusqu’à Ségou, en diversifiant les relations sociales qui caractérisent aujourd’hui ces sociétés.
Au-delà du folklore
«Si les valeurs culturelles et les langues ne sont pas écrites, elles disparaissent », a prévenu Ario Issoufa MAIGA. «Ce que nous faisons, ce n’est pas le folklore seulement », a-t-il précisé. C’est la raison pour laquelle, il sera organisé, au cours du FIACS 2007, des conférences/débats dont les thèmes porteront sur : les migrations Songhoy, des origines à nos jours, dans l’espace CEDEAO ; l’intégration culturelle et ses avantages ; l’apport de l’ethnologue Jean ROUCH à la culture Songhoy ; mosquée des Askia comme patrimoine cultuel avec ses avantages et ses inconvénients ; les origines de la magie Songhoy ; l’apport de la parenté à plaisanterie dans le développement social, économique et culturel d’un pays avec le cas du Niger, du Bénin et du Burkina Faso ; la diversité de la culture Songhoy comme source de paix et de développement. En ce qui concerne la méthodologie de mise en œuvre du FIACS 2007, elle reproduira le même schéma que les années précédentes avec les améliorations nécessaires dont le comité de pilotage sera la cheville ouvrière sous la présidence de M. Ario Issoufa MAIGA pour installer les commissions de travail au nombre de quatre.
Mais auparavant, le rêve deviendra réalité avec l’inauguration, le 22 septembre prochain, du pont de Gao. Aussi, un double appel est-il lancé par anticipation pour le FIACS 2007 et cet événement jugé «historique » tant la construction de cet ouvrage était attendue avec beaucoup d’impatience par toutes les populations du Nord. L’événement sera célébré en présence du chef de l’Etat, Amadou Toumani TOURE, et du Premier ministre, chef du gouvernement, Ousmane Issoufi MAIGA. Il sera baptisé «nuit de la paix et de la concorde entre les populations maliennes » Cela tombe sans doute à pic avec les douloureux événements du 23 mai à Kidal et à Ménaka.
Par Seydina Oumar DIARRA-SOD “