Pour la 3ème fois consécutive le Burkina Faso s’est taillé la part du lion aux compétitions du Festival « Triangle balafon », en enlevant le « Grand Prix Lamissa Bengaly ». Le pays inscrit désormais à son compteur le grand nombre de trophées remportés depuis son avènement.
Réussir l’intégration à travers le balafon, c’est le défi que se sont assignés la Côted’Ivoire, le Burkina Faso et le Mali en initiant le Festival international « Triangle du Balafon ». Pour sa 7ème édition, il a eu lieu du 10 au 12 février derniers à Sikasso. Organisée par le ministère de la culture, à traversla Direction nationale de l’Action culturelle, en collaboration avec ses homologues du Burkina Faso et dela Côte d’Ivoire, le festival du balafon est aussi le fruit du partenariat avec l’Organisation Internationale de Francophonie (OIF) et de l’Union Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA). Activité majeure du ministère de la culture et de la région de Sikasso, cette manifestation vise à promouvoir le balafon en tant que moyen d’expression culturelle, matériel de civilisation et d’intégrateur. Elle permet d’établir entre les pays voisins des relations culturelles fondées sur les échanges d’expériences, la connaissance mutuelle et le respect réciproque. Facteur de consolidation de l’intégration et de la paix entre les populations frontalières des trois pays, ce festival est un moyen de valorisation du patrimoine culturel de la sous région.
4ème trophée
Pour cette 7ème édition, sept troupes étaient en compétition pour le « balafon d’or », appelé « Grand prix Lamissa Bengaly ». Le Burkina Faso,la Côte d’Ivoire et le Mali, étaient respectivement représentés par deux troupes, tandis que dela Guinée Conakry avait une seule en compétition.
Le concours de la meilleure troupe de balafon est une compétition musicale de haut niveau, qui se déroule autour des critères de notation comme l’orchestration (5 points), la virtuosité (4 points), l’effort de recherche et de créativité (4 points), l’accoutrement traditionnel utilisé (4 points), la chorégraphie (2 points) et l’occupation scénique aussi notée sur 2 points. Au terme de trois nuits de compétitions, le jury présidé par Massambou Ouélé Diallo a attribué le trophée de cette 7ème édition du « Triangle balafon » à la troupe Mamadou Diabaté du Burkina Faso. Ce prix est doté d’une valeur de 1,5 million de francs CFA. La troupe du Faso a été suivie de la troupe « Buanzan » (enfants bobos) du Mali avec le « Prix de l’intégration », et « Kébaphone » dela Côte d’Ivoire qui enlève le « Prix de la ville de Sikasso ». La valeur de ces prix s’élève respectivement à 1 million et 750.000 francs CFA. Avec quatre titres, le Burkina Faso devance la Côte d’Ivoire avec deux et un seulement pour le Mali depuis la première édition avec Niéba Solo.
« Il faut préserver l’héritage »
La 7ème édition du festival international « Triangle du balafon » intervient quelques mois après l’inscription du balafon au « Patrimoine mondial immatériel de l’UNESCO ». Pour le ministre dela Culture, c’est tout un symbole. Et plus jamais, explique Hamane Niang, la nécessite s’impose de préserver cet instrument aux vertus multiples.
Instrument de musique traditionnel, le balafon des communautés Sénoufo du Mali, du Burkina Faso et de la Côted’Ivoire est un xylophone pentatonique, connu localement sous le nom de « ncegele ». Il est composé de onze à vingt-et-une lamelle d’inégales longueurs, taillées dans du bois et rangées sur un support de forme trapézoïdale, également en bois ou en bambou. Joué en solo ou en ensemble instrumental, le discours musical se fonde sur une offre de multiples mélodies rythmées. Les spécialistes nous apprennent que le « ncegele » anime les fêtes, accompagne des prières dans des paroisses et dans les bois sacrés, stimule l’ardeur au travail, ponctue la musique funéraire et soutient l’enseignement des systèmes de valeurs, traditions, des croyances, du droit coutumier, des règles d’éthique régissant la société, l’individu dans les actes quotidiens. La transmission, nous expliquent les anthropologues, se fait par apprentissage, et le joueur apprend d’abord sur les balafons pour enfant, puis se perfectionne sur les balafons pour adulte, sous la direction d’un maître. Comme pour dire que le balafon est un instrument mythique, facteur de paix, de stabilité et de cohésion sociale.
Issa Fakaba Sissoko
Rentrée culturelle
Sikasso ouvre le bal des manifestations
La 7ème édition du Festival international « Triangle du balafon » a offert l’occasion au ministre de la Culture, Hamane Niang, de procéder au lancement officiel des manifestations artistiques et culturelles 2012-2013. Une rentrée culturelle qui vient clore une année de nombreux prix et trophées pour les artistes maliens.
Riche de sa diversité artistique et culturelle, Sikasso était la capitale du royaume du « Kénédougou ». Fondée par le chasseur-forgeron, Ziboua Diamouténé, elle s’est rendue célèbre par ses résistants à la pénétration française, Tiéba et Babemba Traoré. Le lieu était donc symbolique pour le ministère de Culture qui y a donné vendredi dernier le coup d’envoi officiel des activités culturelles. Instituée en 2003 par le l’ancien ministre, Cheick Oumar Sissoko, la rentrée culturelle marque le lancement symbolique du début des activités culturelles initiées par le ministère et ses partenaires pour l’année en cours. Elle offre également l’occasion d’honorer des hommes de culture, des artistes, des opérateurs culturels, agents, etc. pour leur « dévouement au service du pays » ou leur « marque à la promotion et à la valorisation des initiatives et expressions culturelles ».
Après donc Bamako en 2003, Kayes en 2004, Ségou en 2005, Gao (2006) Mopti (2007), Koulikoro (2008), Kidal pour l’année 2008-2009 (avec le couplage au lancement de la Saisontouristique), Sikasso a abrité pour la 2ème fois cette cérémonie.
L’année 2011 qui vient de s’achever, a été marquée par un grand succès de la culture malienne à travers le monde, s’est félicité le ministre Hamane Niang. Pour qui, « le défi est de consolider ses acquis et permettre au Mali de relever le défi de la promotion des expressions et initiatives culturelles dans notre pays ».
La saison culturelle écoulée a été sanctionnée, entre autres, par le lancement de l’inventaire général du patrimoine culturel de notre pays, la participation du film « Da Monzon » (en remportant deux prix) à la 22ème édition du Festival panafricain du film et de la télévision (FESPACO), la réalisation du long métrage « Toile d’Araignée », etc.
Cependant, deux faits majeurs ont couronné ces efforts, constate le ministre dela Culture. Ils’agit de l’élaboration dela Politique CulturelleCadre du Mali, qui renforce le dispositif juridique culturel et ouvre la voie à l’éclosion des industries culturelles, gage d’un développement durable. En 2011, le Mali a aussi bénéficié de l’inscription sur la prestigieuse liste représentative du Patrimoine culturel matériel et immatériel de l’UNESCO de deux ses patrimoines comme « le Yaaral » et le « Deegal » ou la traversée des eaux du fleuve par des troupeaux dans le delta du Niger. Aussi, le rite de la société secrète des « Korègudaw », a été valorisé par l’UNESCO. A ce mérite de la culture malienne, il faut également ajouter le « Grammy Award » de l’UNESCO (qui consacre le meilleur artiste pour la paix) attribué à la chanteuse Fantani Touré.
Pour le ministre dela Culture, il s’agit d’un bilan élogieux qui témoigne de la vivacité de notre culture et du dynamisme des créateurs maliens. « Le Mali est un pays riche de sa culture. Et nous devons préserver cet héritage » a recommandé le ministre Hamane Niang.
- I. F. Sissoko